Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

République démocratique du Congo

Accalmie dans les affrontements à Kinshasa

Vue générale de Kinshasa. De la fumée s'échappe de la résidence de Jean-Pierre Bemba après des combats de rue, le 21 août 2006. 

		(Photo: AFP)
Vue générale de Kinshasa. De la fumée s'échappe de la résidence de Jean-Pierre Bemba après des combats de rue, le 21 août 2006.
(Photo: AFP)

Après deux jours d'affrontements sporadiques, la situation semble se normaliser à Kinshasa où de violents incidents armés ont opposé les partisans des deux candidats au second tour de la présidentielle après la proclamation dimanche des résultats du premier tour. Les affrontements ont éclaté devant la résidence de Jean-Pierre Bemba, vice-président sortant, arrivé en deuxième position (avec 20% des voix) derrière le président Joseph Kabila (qui a obtenu 44,8% des suffrages).


Les dernières informations en provenance de la capitale congolaise font état d'une accalmie suite aux violents incidents armés de ces derniers jours. Ces dernières 48h avaient été marquées par des affrontements entre partisans du président sortant, Joseph Kabila, et de son vice-président, Jean-Pierre Bemba, suite à l'annonce du résultat du premier tour de l'élection présidentielle. Selon l'Onu, aucun tir à l'arme lourde n'a été entendu à Kinshasa depuis la mi-journée de mardi. Et «il y a eu un début de retrait des troupes des deux camps», indique la Mission des Nations unies au Congo. Dans la journée, le président sortant s'était prononce pour le cantonnement immédiat des éléments armés des deux camps. «Tout ce qui importe pour l'instant, c'est que la situation redevienne normale à Kinshasa», a notamment déclaré le directeur de cabinet de M. Kabila.

Léonard She Okitundu

Directeur de cabinet de Joseph Kabila

«Le chef de l'Etat a ordonné un retour à la normale.»

Des tirs à l’arme lourde avaient pourtant repris dès mardi matin à Kinshasa, près de la résidence privée de Jean-Pierre Bemba, vice-président et candidat à l’élection présidentielle du 30 juillet. Cette résidence, située dans le quartier de la Gombe au bord du fleuve Congo, avait déjà été attaquée lundi après-midi au moment où des ambassadeurs étaient réunis avec ce candidat. L’hélicoptère de Bemba a été détruit par des tirs. La force européenne (Eufor) est intervenue pour exfiltrer les diplomates qui font partie du Comité international d’accompagnement de la transition (Ciat).

Une habitante de Kinshasa témoigne

«Ce sont les militaires qui se combattent.»

17 000 Casques bleus et un millier de soldats de l’Eufor sont déployés en RDC pour éviter la violence pendant les élections. Un détachement espagnol a été envoyé mardi vers la zone de la capitale congolaise où les tirs ont été entendus.

Lieutenant-colonel Thierry Fusalba

Porte-parole de la Force européenne en RDC

«La compagnie d'intervention rapide espagnole s'est déployée en ville.»

On ignore le nombre des victimes des affrontements. Les informations sont contradictoires quant à la responsabilité du déclenchement des violences. Des militants du Mouvement de libération do Congo (MLC), le parti de Jean-Pierre Bemba, avaient crée dimanche des zones inaccessibles aux forces de l’ordre et ont séquestré des éléments de la Garde républicaine, selon des proches du président sortant Joseph Kabila.

Kudura Kasongo

Porte-parole du président Kabila

«Le président de la République est un homme de paix.»

Le MLC du vice-président Jean-Pierre Bemba a un point de vue totalement différent au sujet des incidents et a lancé des appels au calme.

François Mwamba

Secrétaire général du MLC

«Le MLC a le respect du peuple congolais.»

À Bruxelles, la Commission européenne a «condamné fermement les graves incidents» qui se sont produits à Kinshasa, demandant «l’arrêt de toute provocation militaire de part et d’autre. Elle condamne le recours à la force, notamment les tirs d’armes lourdes qui ont entraîné plusieurs décès».

Le Commissaire européen au Développement, Louis Michel, a lancé un appel au sens des responsabilités de Kabila et de Bemba qui ont recueilli le plus grand nombre de suffrages lors du premier tour de l’élection et qui devront donc disputer un deuxième tour le 29 octobre.

Louis Michel

Commissaire européen au Développement

«Les deux candidats doivent tenir leurs supporters.»

Le représentant spécial du secrétaire général de l'Onu en République démocratique du Congo, William Lacy Swing, a appelé mardi les deux parties responsables de tirs à Kinshasa à dialoguer pour ramener la tranquillité dans la ville : «Il est impératif que les affrontements cessent immédiatement et que les deux candidats se rencontrent de toute urgence pour le bien du processus démocratique et surtout pour la population congolaise qui a déjà trop souffert des conflits armés», a déclaré M. Swing dans un communiqué de la Mission des Nations unies en RDC (Monuc). Le représentant du secrétaire général de l'ONU a rencontré mardi avec le président Kabila en compagnie des ambassadeurs des pays membres du Ciat.

Selon la Monuc, les violents affrontements entre les partisans des deux candidats qualifiés pour le deuxième tour de l’élection présidentielle sont le fait des milices qui n’ont pas été désarmées et n’ont jamais cessé leurs activités.  

Toby Okala

Porte-parole adjoint de la Monuc

«Nous regrettons que les milices des différents candidats n'aient pas été désarmées.»

La garde présidentielle a pris un rôle très actif dans la reprise des affrontements. L’organisation humanitaire américaine Human Rights Watch considère que cette unité d’élite de l’armée congolaise est une milice au service du président sortant, Joseph Kabila.

Anneke Van Woudenberg

Spécialiste de la RDC à Human Rights Watch

«La garde présidentielle doit être une partie de l'armée nationale.»

L’église catholique de RDC a aussi appelé au dialogue et à la concertation. Le président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) Mgr Laurent Monsegwo Pasinya a déclaré que «Kinshasa connaît depuis quelques jours une situation d’antagonisme qui peut conduire à une guerre civile lourde en pertes civiles et aux conséquences politiques, économiques et sociales incalculables».



par Antonio  Garcia

Article publié le 22/08/2006 Dernière mise à jour le 22/08/2006 à 11:14 TU

Articles

émissions


[06/08/2006]