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Turquie

Le tourisme visé par des attentats

A Marmaris, c'est le choc après les trois explosions qui ont fait de nombreux blessés. 

		(Photo : AFP)
A Marmaris, c'est le choc après les trois explosions qui ont fait de nombreux blessés.
(Photo : AFP)

Marmaris, l’un des centres les plus touristiques de la riviera turque, a été secouée dans la nuit de dimanche à lundi par une série d’explosions visant expressément les touristes occidentaux. Une dizaine de Britanniques ont été blessés, leur vie ne serait pas en danger. Les soupçons se portent sur la rébellion kurde.


De notre correspondant à Istanbul

En frappant l’un des centres touristiques les plus prisés de Turquie, les terroristes cherchaient bien à tuer, et visaient particulièrement des touristes étrangers. Sur la côte méditerranéenne, Marmaris est en effet, avec Bodrum, Kusadasi, Fethiye et Didymes, une des destinations préférées des vacanciers anglo-saxons, adeptes de stations balnéaires à petit budget où la vie nocturne est animée. En plaçant un sac piégé sous le fauteuil d’un minibus faisant la navette entre la vieille ville, sur le port, où sont situés l’essentiel des restaurants et des bars, et les hôtels, ils étaient sûr de frapper bon nombre de ces visiteurs européens qui rapportent tant de devises à la Turquie. Sur les 13 blessés de cette première explosion survenue à minuit, l’heure où l’on commence à rentrer se coucher, 10 étaient des ressortissants britanniques.

Peu après, c’est sur la promenade du bord de mer, toujours au centre ville, qu’un engin explosif placé dans une poubelle fauchait des promeneurs, faisant 5 blessés. Une dernière explosion, dans un quartier résidentiel, ne faisait, elle, aucune victime. Selon le préfet de la province, Temel Koçaklar, «police et gendarmerie n’excluent aucune piste». «Nous attraperons au plus vite les responsables de ces explosions et les présenterons à l’opinion publique», ajoute-t-il. Les environs de la ville ont immédiatement été quadrillés par les forces de sécurité et les contrôles des voitures se sont généralisés dans la province.

Avertissement de la rébellion kurde

«Nous annonçons que les hôtels, les installations de loisirs et les firmes touristiques seront nos cibles», menaçait le 3 avril dernier l’aile terroriste de la rébellion kurde, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK). Même sans revendication explicite, cette série d’attentats porte très clairement leur signature. En juillet 2005 à Kusadasi, ils avaient de la même manière perpétré un attentat à la bombe dans un minibus, tuant une touriste britannique. Cette action avait été revendiquée, et le procès de ses auteurs présumés est en cours. Le 26 juin dernier, les TAK avaient également endossé la responsabilité d’un attentat à la bouteille de gaz sur le site des cascades de Manavgat, où trois touristes russe, norvégien et hongrois avaient trouvé la mort, en plus d’un serveur turc.

Plus récemment, les Faucons de la liberté du Kurdistan ont également affirmé avoir allumé des dizaines d’incendies criminels qui ont ravagé des milliers d’hectares de forêts dans une dizaine de provinces, essentiellement sur les côtes égéenne et méditerranéenne, où se concentre l’activité touristique. Une autre explosion, provoquée par un colis piégé lancé depuis un véhicule devant une école de la banlieue d’Istanbul, a par ailleurs fait 5 blessés parmi des passants qui se trouvaient sur le trottoir. De toute évidence, cette attaque ne répond pas à la même logique visant à faire fuir «les devises étrangères apportées par les touristes [qui] sont la plus grande ressource de l'Etat turc pour les attaques contre le peuple kurde», selon le communiqué des TAK daté d’avril dernier.

Une organisation dans l’organisation

Les Faucons de la liberté du Kurdistan étaient apparus au grand jour en juin 2004, simultanément à l’annonce par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) de la réouverture des hostilités avec l’Etat turc, après 5 ans de cessez-le-feu. Depuis, les accrochages avec l’Armée et les attaques de convois militaires sont quasi-quotidiens dans le sud-est de la Turquie, et les attentats, ciblés ou aveugles, se sont multipliés à Istanbul et dans l’ouest du pays. Ces derniers sont l’œuvre des Faucons de la liberté du Kurdistan, groupe autonome composé de militants kurdes agissant dans le même but – la défense des intérêts du peuple kurde, sans évoquer de sécession de la région à majorité kurde – mais avec des moyens propres, sans réel contrôle apparemment de la direction du PKK.



par Jérôme  Bastion

Article publié le 28/08/2006 Dernière mise à jour le 28/08/2006 à 15:22 TU

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Ali Bayramoglu

Universitaire, membre de la fédération d'Helsinki

«Le nouveau chef d'état major turc est le sujet de beaucoup de spéculations et il est vu comme quelqu'un d'assez dur par rapport à son prédécesseur.»

[28/08/2006]

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