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Japon

Procès du gourou déchu de la Net économie

Takafumi Horie, le 4 septembre devant le tribunal de Tokyo: «<i>Je déplore ma mise en accusation</i>». 

		(Photo: AFP)
Takafumi Horie, le 4 septembre devant le tribunal de Tokyo: «Je déplore ma mise en accusation».
(Photo: AFP)
Le procès de Takafumi Horie s’est ouvert lundi 4 septembre à Tokyo. L’ancien président du portail internet Livedoor comparait pour l’un des plus gros scandales financiers qui aient touché le Japon ces dernières années. Ce jeune entrepreneur de 33 ans est accusé de falsifications comptables et de manipulations de cours boursiers. Takafumi Horie qui risque cinq ans de prison, a plaidé non coupable dès le début de l’audience.

Au Japon, toute la presse ne parle que du procès de l'icône de la Net économie. L’ancien président d’un des portails internet les plus populaires du Japon Takafumi Horie comparait pour infractions aux règles du marché. Selon les chefs d’accusation retenus par le procureur de Tokyo, Takafumi Horie et quatre anciens dirigeants de Livedoor auraient propagé de fausses informations pour gonfler artificiellement les cours de leur entreprise en bourse, juste avant sa chute. Selon le parquet, ils auraient ainsi lancé une fausse OPA avec augmentation de capital sur une société que Livedoor contrôlait déjà et revendu les actions nouvellement émises sur le marché avec une plus-value conséquente.

Et ce n'est pas la seule opération qui va intéresser les juges pendant ces quelques semaines de procès. D’autres malversations comptables auraient ainsi permis de maquiller les comptes du groupe. Le ministère public accuse en outre Takafumi Horie d’avoir ordonné à son directeur financier de gonfler de deux milliards de yens (13 millions de dollars) les prévisions de résultats pour le deuxième trimestre 2004, qui auraient initialement dû être de trois milliards de yens.

Livedoor radié de la cote

Encadré par des policiers, Takafumie Horie est arrivé au tribunal, l’allure beaucoup moins triomphante qu’il y a quelques mois. A l’ouverture de la première audience, et devant une salle bondée, l’ancien président de Livedoor qui risque cinq ans de prison, a plaidé non coupable. «Je n’ai jamais commis de tels actes et ne les ai pas non plus ordonnés. Je déplore ma mise en accusation», a-t-il déclaré. Pour Takafumi Horie, tout est allé très vite. Patron à la réussite foudroyante, ce jeune entrepreneur décrit comme flambeur et provocateur a bâti à coups d’acquisitions un groupe du secteur de l’internet.

Jusqu’à ses déboires, les médias japonais se délectaient de l’ascension de ce jeune loup aux dents longues, depuis la société créée il y a dix ans avec un capital de 50 000 dollars à peine jusqu'au groupe Livedoor dont la capitalisation boursière a pesé plus de 6 milliards de dollars. Son style de vie, ses dépenses, ses déplacements en jet privé en faisaient le symbole d'une nouvelle génération d'entrepreneurs au Japon adeptes de stratégies de croissance plus agressives que leurs prédécesseurs. Horie qui s’est notamment rendu célèbre en lançant les premiers raids boursiers hostiles du pays, a marqué les esprits dans le monde des affaires japonais.

A l’arrivée, Livedoor dont la capitalisation boursière a fondu, a fini par être radié de la cote. L’affaire a provoqué un vent de panique à la Bourse de Tokyo, où des milliers de petits porteurs affolés ont soudainement bradé tout leur portefeuille, manquant de faire exploser le système informatique de cotations du marché. Elle a aussi provoqué un renforcement des règles encadrant les transactions et les informations boursières et déstabilisé le Premier ministre Junichiro Koizumi, qui avait convaincu Horie de se présenter sous ses couleurs aux élections législatives de l'année dernière et en avait fait l'un des symboles de ses ambitions réformatrices.

Depuis sa détention préventive, Horie dit avoir rompu avec son image de flambeur et de provocateur obsédé par l’idée de gagner de l’argent. Son entourage le présente désormais comme un adepte de la lecture et de la méditation. Le verdict du procès, qui doit durer trois mois, est attendu pour février 2007. Outre sa condamnation au pénal, il risque également des poursuites au civil d'anciens actionnaires de Livedoor, retiré de la bourse de Tokyo au printemps dernier. Sur le banc des prévenus également, quatre autres anciens dirigeants du groupe Livedoor qui ont choisi, eux, de plaider coupables.



par Myriam  Berber

Article publié le 04/09/2006 Dernière mise à jour le 04/09/2006 à 16:02 TU

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