Proche-Orient
Israël : du canon au diplo
(Photo: AFP)
Depuis Alexandrie en Egypte où il a achevé sa tournée au Proche-Orient, Kofi Annan a dit s’attendre à ce que le blocus qu’exerce Israël sur le Liban, soit levé d’ici 48 heures. A ce propos, le Liban a décidé de porter plainte contre Israël qu’il accuse de maintenir le blocus en violation de la résolution 1701. C’est dans cette optique que le Liban a demandé à la France de surveiller ses côtes pendant deux semaines, le temps que la marine allemande prenne le relais, afin de faire respecter l’embargo sur les armes prévu par la résolution 1701.
Des négociations tous azimuts
Le secrétaire général de l’Onu intervenait après sa rencontre avec le président égyptien, Hosni Moubarak, qui joue de toute son influence pour obtenir la libération de Gilad Shalit. Ce jeune soldat israélien avait été enlevé le 25 juin à la lisière de la bande de Gaza, déclenchant une riposte israélienne. Cette libération, que le Caire espère rapide, est la condition qu’exige Israël avant d’envisager une amnistie de prisonniers palestiniens. Selon des sources concordantes, Israël détiendrait quelque 8 700 Palestiniens : il serait question d’en relâcher 800, en majorité des femmes et des enfants, d’ici la fin de l’année.
Les négociations toujours en cours devront aussi aborder la question des membres du Hamas et des députés qui ont été interpellés par Israël, suite à la capture du soldat Shalit. Sur les 64 personnalités arrêtées, 28 d’entre elles et cinq ministres sont toujours emprisonnés. Ces points seront certainement à l’ordre du jour de la rencontre au sommet entre l’Israélien Ehud Olmert et le Palestinien Mahmoud Abbas, qui serait en train d’être organisée selon le vice-Premier ministre Simon Peres. Il a ensuite précisé qu’il fallait engager des pourparlers sur la base de la Feuille de route. Une référence au dernier plan de paix international pour une solution du conflit israélo-palestinien soutenu par les Etats-Unis, la Russie, l’Union européenne et l’Onu.
De son côté, le président palestinien a laissé entendre lundi dans une interview parue dans un journal de Bahreïn qu’un accord était déjà conclu sur l’échange de prisonniers. Il prévoit «que l’Egypte prenne le soldat Shalit en dépôt et qu’ensuite le nombre de prisonniers de guerre palestiniens relâchés soit annoncé». Mais Mahmoud Abbas est revenu mardi sur le contenu de cet accord, précisant qu’il n’avait pas encore abouti. Ce à quoi Shimon Peres a rétorqué que tout cela relevait de la spéculation. «Je recommande la patience, aucun accord n’a été conclu», a-t-il encore averti, confirmant ainsi que cela n’était qu’une question de temps.
Tous à la manoeuvre
Au Liban, la libération des deux soldats israéliens détenus cette fois par le Hezbollah, seront également un préalable indispensable. Kofi Annan a indiqué qu’Israël comme le Hezbollah avaient accepté que l’Onu désigne un médiateur «pour travailler avec les deux parties discrètement» en précisant toutefois qu’il ne s’agissait pas d’un accord. Le Hezbollah exige en échange des deux soldats israéliens qu’il détient, la libération de prisonniers libanais en Israël, alors que le gouvernement israélien a toujours refusé de négocier avec le mouvement chiite. Ce dernier rejette tout autant la perspective de négociations directes avec l’Etat juif.
Sur leur lancée, les grandes manœuvres diplomatiques proche-orientales s’intensifient jusqu’en direction de la Syrie. Pour la première fois, le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, s’est rendu ce mardi sur le plateau syrien du Golan. Occupé et annexé par Israël en 1981, ce territoire a été l’objet de négociations avec la Syrie jusqu’en janvier 2000. Partisan d’une reprise du dialogue avec la Syrie, Amir Peretz avait souligné dès le lendemain de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 15 août, la nécessité pour Israël de préparer les conditions favorables à ces discussions.
Une politique d’ouverture encore fragile : Ehud Olmert rappelait il y a quelques semaines encore qu'il n'était pas question de négocier avec la Syrie tant que Damas «continuera de soutenir le terrorisme». Amir Peretz n'a pas eu plus de succès avec le président syrien, Bachar al-Assad. Ce dernier a en effet répliqué ne pas s’attendre «à une paix prochaine» avec Israël, qu’il qualifie d’«ennemi». Mais désireux de montrer sa bonne foi, son ministre des Affaires étrangères a averti dimanche par téléphone Kofi Annan, que la Syrie s'apprêtait à disposer des troupes le long de sa frontière avec le Liban. Une façon de bien montrer que la Syrie est néanmoins disposée à contribuer à l'embargo sur les armes au Liban après avoir été accusée d'en être le principal fournisseur avec l'Iran. L'agitation diplomatique peut désormais donner toute sa mesure.
par Claire Arsenault
Article publié le 05/09/2006 Dernière mise à jour le 05/09/2006 à 16:37 TU