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Liban

Levée partielle du blocus israélien

La France et l’Italie, qui disposent d’unités navales au large du Liban, ont accepté de prendre en charge provisoirement la mission de surveillance des côtes en attendant l’arrivée de navires allemands à qui cette tâche a été confiée. 

		(Photo : AFP)
La France et l’Italie, qui disposent d’unités navales au large du Liban, ont accepté de prendre en charge provisoirement la mission de surveillance des côtes en attendant l’arrivée de navires allemands à qui cette tâche a été confiée.
(Photo : AFP)
Israël a levé jeudi le blocus aérien qu’il imposait au Liban mais a maintenu le siège maritime. Il attend la mise en place d’un dispositif naval international pour surveiller les côtes libanaises. La reprise de l’économie et le début de la reconstruction devront attendre.

De notre correspondant à Beyrouth

Coupés du reste du monde pendant 56 jours, les Libanais sont enfin libres de leurs mouvements. Ils peuvent désormais entrer et sortir à travers l’aéroport après la levée du blocus aérien imposé par Israël. Mais c’est avec des sentiments contradictoires qu’ils ont accueilli cette nouvelle. Soulagés par cette mesure, ils n’en sont pas moins inquiets après l’annonce par l’Etat hébreu du maintien du siège maritime jusqu’à la mise en place d’une force internationale chargée de surveiller les côtes libanaises.

Dès la levée du blocus, jeudi à 18 heures locales, un avion des lignes aériennes nationales (la Middle East Airlines) a survolé à Beyrouth le siège du gouvernement et celui du Parlement, où les députés observaient depuis samedi 2 septembre un sit-in de protestation contre les restrictions israéliennes. L’appareil qui venait de Paris a été suivi, quelques temps plus tard, par un avion koweitien. En soirée, un Airbus de la MEA en provenance de Londres a atterri. Le trafic aérien reprendra progressivement son rythme normal dans les jours qui viennent.

Mais la joie n’était pas totale. En fin d’après-midi, un porte-parole israélien a annoncé que le blocus maritime se poursuivra jusqu’à ce que la Finul soit en mesure de surveiller les côtes.

Répercussions désastreuses

Le maintien du blocus maritime a des répercussions désastreuses sur l’économie du pays, déjà meurtrie par 33 jours de guerre dévastatrice. Commerçants, agriculteurs et industriels crient à la faillite. La production libanaise ne peut plus être écoulée et le marché local n’est plus suffisamment approvisionné. Certes, des marchandises sont débarquées dans les ports syriens et acheminées au Liban. Mais les coûts du stockage, du transit et des transports sont trop élevés. Déjà, des produits de première nécessité, comme le lait pour enfant, commencent à se faire rares, d’autres sont carrément épuisés. Certaines secteurs sont menacés d’effondrement, telle l’industrie du vin. Les deux seules usines de bouteilles et de bouchons ont été détruites par des raids israéliens.

Le président de l’Association des industriels, Fadi Abboud, a estimé que les pertes quotidiennes dues au blocus s’élèvent à 50 millions de dollars. Soit plus d’un milliard de dollars (pour un PIB de 18,5 milliards) depuis la fin des combats, le 14 août dernier. Le transit des marchandises vers les pays du Golfe et l’Irak constituait une des principales recettes du Trésor. Le ministre des Finances Jihad Azour s’attend à une récession de 5 à 10% cette année, contre une croissance de 5% prévue par les experts avant la guerre et le blocus.

Le siège israélien a également des répercussions directes sur la reconstruction. Selon le Premier ministre Fouad Siniora, 130 000 logements ont été totalement détruits ou sérieusement endommagés pendant la guerre. Pour la reconstruction, le pays a besoin de quantités considérables de matériaux (fer, acier, aluminium, verre etc.…) qui ne sont pas disponibles sur le marché local et qui ne peuvent être importés à cause du blocus.

De faux prétextes

Israël affirme que le blocus est destiné à empêcher le Hezbollah de réapprovisionner son arsenal. Mais les Libanais savent parfaitement que le parti chiite n’utilise pas les ports pour acheminer son armement mais la frontière avec la Syrie. Quoi qu’il en soit, le gouvernement libanais a accepté d’associer la Finul à la surveillance des côtes. La France et l’Italie, qui disposent d’unités navales au large du Liban, ont accepté de prendre en charge cette mission provisoirement en attendant l’arrivée de navires allemands à qui cette tâche a été confiée.

Le maintien du blocus israélien est destiné à exercer des pressions sur le gouvernement Siniora afin qu’il accepte de faire des concessions sur la nature de la mission de la Finul navale. Le Liban souhaite que la force internationale n’intervienne qu’à la demande de l’armée libanaise qui sera seule dans une profondeur de 6 miles nautiques. Le ministre des Transports Mohammad Safadi, membre de la coalition anti-syrienne du14 mars, a déclaré jeudi que la Finul ne devra intervenir qu’à la demande des troupes régulières libanaises. Mais un ministre d’Etat allemand a indiqué que la marine de son pays doit être autorisée à fouiller tout navire qui lui paraît suspect sans autorisation préalable. Ce désaccord a prolongé le blocus.

Les enjeux qui retardent la levée du blocus

Ce détail est important car il concerne la souveraineté nationale libanaise. Israël souhaite une Finul dotée de pouvoirs et de prérogatives élargis, agissant indépendamment du gouvernement libanais, pour créer un précédent qui pourrait être appliqué, à l’avenir, à la frontière syro-libanaise. Or Beyrouth a catégoriquement refusé le déploiement de la Finul à sa frontière terrestre en raison de l’absence d’un consensus interne sur cette question. Le Hezbollah s’y est fermement opposé et le parti a également exprimé des réserves à l’égard de la mission navale de la Finul.

Les enjeux qui retardent la levée du blocus maritime sont donc importants. Mais Fouad Siniora a tenu à minimiser le problème en parlant d’un «malentendu qui sera réglé dans les prochaines heures». Le Hezbollah et ses alliés dénoncent, pour leur part, des «manœuvres de grignotages destinées à placer le Liban, à terme, sous mandat international».



par Paul  Khalifeh

Article publié le 08/09/2006 Dernière mise à jour le 08/09/2006 à 08:20 TU

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