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Côte d'Ivoire

Pollution : inquiétudes, rumeurs et arrestations

Deux membres de l'équipe française spécialisée dans le traitement des produits toxiques examinent la nature des déchets déversés dans la décharge d'Akouédo, à Abidjan. 

		(Photo : AFP)
Deux membres de l'équipe française spécialisée dans le traitement des produits toxiques examinent la nature des déchets déversés dans la décharge d'Akouédo, à Abidjan.
(Photo : AFP)
Pendant qu’une commission d’enquête poursuit ses investigations pour déterminer les responsabilités dans le scandale des déchets toxiques déversés à Abidjan, le gouvernement ivoirien met en place un plan d’urgence pour parer au plus pressé. Des milliers de cas d’intoxication ont été enregistrés dans les différentes structures sanitaires mises en place. Il y aurait déjà plus de 7 000 cas d’intoxication signalés dont 5 décès.

Alors que la polémique se poursuit sur les responsabilités dans le déchargement des déchets toxiques à Abidjan, la justice ivoirienne travaille. On apprend ce lundi que sept personnes ont été arrêtées, dont trois dirigeants de société travaillant au Port autonome d’Abidjan. Par ailleurs, malgré le limogeage de tout son gouvernement, le Premier ministre Charles Konan Banny a maintenu en place un comité d’une dizaine de ministres chargés d’apporter des solutions d’urgence aux populations sinistrées. Ce comité interministériel a prévu un «plan d’urgence» qui a réquisitionné 36 centres de santé, dont trois centres hospitaliers et universitaires et 4 hôpitaux militaires. Ce dispositif d’accueil est censé prodiguer les premiers soins, mais des collectifs d’habitants des communes abritant les décharges incriminées ont noté des «dysfonctionnements» qu’ils ont rapportés au Premier ministre. «La prise en charge des malades doit être totale jusqu’à l’hospitalisation», insistent les délégués des communes qui demandent également la mise à disposition d’unités médicales mobiles et des ambulances. Par ailleurs, ils exigent l’enlèvement immédiat des produits toxiques encore visibles sur de nombreux sites.

«Ce produit sera enlevé et transporté dans des sites sécurisés qui seront bientôt construits», a déclaré le ministre ivoirien du Plan, Paul Bohoun Bouabré, qui n’a pas donné non plus de détails sur les délais. Pour l’instant, les autorités ivoiriennes parlent de «périmètre de sécurité» autour des sites. Elles rassurent également les populations sur les nappes phréatiques qui ne seraient pas touchées. L’approvisionnement en eau potable de la capitale ne serait donc pas compris. Toutefois une équipe d’experts français, spécialisée en traitement de produits toxiques, est déjà à pied d’œuvre, appuyée par un chimiste, un pharmacien et un ingénieur qui vont travailler à l’évaluation du degré de pollution et envisager les mesures adéquates à prendre. La neutralisation de la solution toxique promise par le gouvernement est un objectif du plan d’urgence qui n’est pas encore effective. 

Une affaire de gros sous

Le bilan des victimes s’alourdit de jour en jour et les Abidjanais craignent par ailleurs une pénurie de médicaments. Ils se plaignent que les ordonnances prescrites ne sont pas respectées à la lettre. Mais les équipes médicales rassurent les populations à travers des communiqués sur le remplacement de certaines médications qui n’altère pas l’efficacité des traitements. Les autorités ivoiriennes ont également démenti les rumeurs selon lesquelles les tonnes de boues déversées seraient radioactives.

Parallèlement à la mise en place du «plan d’urgence» du gouvernement, le volet politique du scandale des déchets toxiques prend de l’ampleur. Le Premier ministre, près d’une semaine après le limogeage de tout son gouvernement, n’a toujours pas proposé de nouvelle équipe au président de la République. Les ministres continuent donc à «expédier les affaires courantes». Pendant que Charles Konan Banny s’entretient avec les autorités onusiennes afin d’obtenir de la prochaine réunion du Conseil de sécurité sur la Côte d’Ivoire (20 septembre) un renforcement de son pouvoir face au président de la République, la polémique enfle à Abidjan sur les responsabilités politiques dans cette affaire de déchets toxiques. Une affaire de «gros sous» et de pots-de-vin dans les sphères du pouvoir serait à l’origine du scandale, selon la presse ivoirienne. Mais pour l’instant la commission d’enquête installée par le Premier ministre reste absolument muette sur ses investigations.



par Didier  Samson

Article publié le 11/09/2006 Dernière mise à jour le 11/09/2006 à 17:51 TU