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Japon

Hisahito, héritier du Trône du Chrysanthème

Le nom du prince héritier est imprimé sur une banderole destinée à être affichée dans une gare de Tokyo.
«Hisahito» se compose de deux caractères chinois (kanji) : Hisa («éternité», «sérénité»), et Hito («homme vertueux»), qui est le suffixe accompagnant généralement les prénoms des garçons de la famille impériale. 

		(Photo : AFP)
Le nom du prince héritier est imprimé sur une banderole destinée à être affichée dans une gare de Tokyo. «Hisahito» se compose de deux caractères chinois (kanji) : Hisa («éternité», «sérénité»), et Hito («homme vertueux»), qui est le suffixe accompagnant généralement les prénoms des garçons de la famille impériale.
(Photo : AFP)
Né le 6 septembre 2006, le petit prince Hisahito est appelé à défendre un «prénom qui porte les espérances de ses parents», a expliqué un porte-parole du palais impérial. Il signifie étymologiquement «éternité et sérénité» (Hisa) et «vertueux» (Hito). Cela faisait 41 ans que le Japon attendait la naissance d’un héritier mâle pour pérenniser la tradition : d’après la légende, la plus ancienne dynastie du monde se transmet selon la filiation patrilinéaire depuis quelque 2 600 ans. Quarante ans d’attente, c’est long et les Japonais pensaient que la lignée impériale était compromise. Cette naissance est accueillie avec d’autant plus de joie et de soulagement par les conservateurs que l’idée même d’une réforme du code impérial a progressé. En novembre dernier, une commission de sages mandatée par le gouvernement s’est déclarée favorable à l’accès à la succession de l’enfant aîné d’un couple princier, quel que soit son sexe. Le projet de loi est momentanément mis de côté mais le débat autour d’une nécessaire réforme n’est pas éteint.

Le petit prince Hisahito est né le 6 septembre. C’est au cours d’une cérémonie rituelle accomplie mardi par ses parents, une semaine après sa naissance, qu’il vient d’être doté d’un prénom qui signifie, étymologiquement, «serein et vertueux». Cela faisait quarante et un ans que le Japon attendait, en vain, un nouvel héritier pour le Trône du Chrysanthème. Cette naissance a été accueillie dans la liesse et le soulagement. En effet, alors que début 2006 le Premier ministre Junichiro Koizumi était sur le point de présenter un projet de réforme du code impérial permettant l’accès des femmes au trône faute d’héritier mâle, voici que la princesse Kiko annonçait un heureux événement. Tous les espoirs devenaient à nouveau permis de voir naître un petit héritier. Hisohito a vu le jour. Le voici désormais placé au troisième rang dans l’ordre d’accession au trône après son oncle, le prince Naruhito, 46 ans -lequel n’a eu qu’un seul enfant, une fille- et après son père, le prince Akishino, 40 ans.

La naissance a été entourée de tous les rites traditionnels. Hisahito porte en son nom la marque distinctive de la lignée masculine impériale, le suffixe Hito («vertueux») –dans le cas d’une fille, c’est le suffixe ko. Le prénom a été écrit sur une épaisse feuille de papier japonais par le prince Akishino et remis à un haut fonctionnaire impérial, lequel a rangé le parchemin dans une boîte en paulownia, un arbre du Japon, qu’il a placée dans le berceau de l’enfant. Shingo Haketa, chef de la Maison impériale, a inscrit officiellement le nom du nouveau-né dans le registre de la famille impériale. Au cours de la même cérémonie, un symbole choisi par sa mère, la princesse Kiko, a été attribué au prince. Il sera associé à toutes les affaires appartenant à Hisahito. Il s’agit d’un pin parasol, un arbre familier au Japon dont la croissance est saine et rapide et qui orne les jardins du palais impérial à Tokyo.

«La réforme de la succession est inévitable

L’empereur ne gouverne pas. D’après la constitution nipponne, il est le «symbole de l’Etat et de l’unité du peuple» mais l’institution impériale est extrêmement respectée dans l’archipel. Et, même si globalement les jeunes générations se montent de plus en plus indifférentes à la famille impériale, l’absence de petit prince inquiétait un pays fortement attaché à des traditions qui perdurent depuis au moins 1 500 ans d’après les historiens (2 600 ans, selon la légende). Fallait-il envisager de rompre avec une tradition millénaire et déroger à la filiation patrilinéaire en acceptant l’accès des femmes au trône ? Une commission de Sages mandatée par le gouvernement pour réfléchir à la question s’y était montrée favorable, non sans déclencher de vifs débats. Désormais, la venue au monde du petit héritier apaise les tensions entre conservateurs et réformateurs.

A droite, le quotidien nationaliste Sankei voit en la naissance d’un garçon «le moyen d’aider le Japon à surmonter la morale décadente de la vie moderne». A gauche, on considère que même s’il n’y a plus urgence à étudier un projet de loi pour réformer le code impérial, une nouvelle crise de succession peut se représenter et qu’il est nécessaire de s’en prémunir. «Il n’est plus nécessaire de tirer des conclusions dans l’urgence, mais les discussions sur le sujet doivent se poursuivre», estime le premier quotidien nippon Yomiuri qui, au demeurant, se réjouit d’un «événement béni», un point de vue quasi relayé par l’ensemble de la presse. «La naissance du premier héritier mâle au sein de la famille impériale depuis 41 ans a pour le moment résolu la crise de succession. Mais à long terme, l’inquiétude subsiste (…). Nous devons discuter d’un amendement au code impérial», insiste le quotidien Mainichi. «La réforme de la succession est inévitable. Le Japon doit la mettre en œuvre sur la base de la Constitution définissant l’Empereur comme symbole de l’Etat et sur le principe constitutionnel de l’égalité des sexes qui devrait régir la société japonaise», selon le quotidien anglophone Japan Times.

En attendant, la Maison impériale est penchée sur le berceau et d’ici une quarantaine de jours (cinquante jours après sa naissance), comme la plupart des bébés japonais, l’héritier du Trône du Chrysanthème Hisohito sera présenté par ses parents à un sanctuaire shintoïste où sont honorés les esprits des souverains défunts.

par Dominique  Raizon

Article publié le 12/09/2006 Dernière mise à jour le 12/09/2006 à 17:56 TU