Dossier Asie
Garçon ou fille ? Les Japonais attendent avec impatience la naissance du troisième enfant de la princesse Kiko, l’épouse du prince Akishino, en priant pour qu’il soit du sexe masculin. Une loi de 1947 limite la succession impériale aux mâles descendant d’un empereur par la ligne paternelle. Comme aucun garçon n’est né au sein de la famille impériale depuis 40 ans, les Japonais s’interrogent sur la pérennité de la plus ancienne dynastie du monde. Si Kiko accouchait d’un garçon, il deviendrait le troisième prétendant au trône derrière son oncle, le prince héritier Naruhito et son père Akishino.
Mais si l’enfant attendu fin septembre était une fille ? On reviendrait à la case départ, c’est à dire, au projet d’installer une impératrice sur le trône du Japon proposé en janvier par le Premier ministre Junichiro Koizumi. Il envisageait alors de soumettre une réforme du Code impérial à la Diète, pendant la session du parlement qui s’achève en juin. Il était encouragé par le soutien de l’opinion publique : en effet, 82% des Japonais approuvaient sa démarche.
Le Premier ministre n’avait pas pris en compte l’opposition des hommes politiques et des traditionalistes, adversaires d’une succession matrilinéaire. Ils sont légion au Japon, y compris au sein du Parti libéral démocrate de Koizumi. Une fronde politique a été menée par les ministres Taro Aso, des Relations extérieures, et Sadakazu Tanigaki, des finances. L’ancien ministre du Commerce Takeo Hiranuma a résumé ainsi les craintes des conservateurs : « Si la princesse Aiko devenait impératrice, si elle épousait un étranger blond aux yeux bleus, leur enfant métis pourrait monter sur le trône du Chrysanthème. Quelle hérésie ! »
Certains ont même proposé la réintroduction du concubinage pour donner naissance à un héritier mâle, un camouflet pour la princesse Masako, l’épouse du prince héritier Naruhito, qui est la cible des critiques parce qu’elle n’a pu avoir d’enfant mâle.
Cette affaire signifie-t-elle que les élites nippones sont sexistes ? Au Japon le mâle est dominant et l’égalité des sexes est loin d’être acquise. Le stéréotype de la geisha, femme soumise et disponible, est toujours d’actualité dans les campagnes, où l’influence du shintoïsme, une religion misogyne, reste forte. Pour le Shinto, une femme qui a ses règles ou qui est enceinte est une pestiférée qui ne doit pas s’approcher des lieux sacrés. Dans ces conditions, la lutte pour les droits des femmes au Japon a de beaux jours devant elle.
[08/03/2006]
Les précédent(e)s Dossier Asie
[23/03/2007]
[22/03/2007]
[21/03/2007]
[20/03/2007]
[16/03/2007]
[14/03/2007]
[13/03/2007]
[12/03/2007]
[09/03/2007]
Les derniers éditos et chroniques (texte)
[19/01/2009]
[15/11/2008]
[21/12/2008]