L’Asie au cœur

Any Bourrier
(Photo: RFI)

Dernière édition ce 23 mars de votre chronique Asie. Any Bourrier poursuivra ses analyses sur cette région du monde sur son site personnel actuellement en construction.

Depuis que Marco Polo a fait un long voyage en Chine vers l’an 1260, l’Asie fait rêver. Le plus célèbre des voyageurs a décrit à son retour une civilisation, un gouvernement et des richesses merveilleuses. Ses écrits sont devenus de véritables best-sellers dès le début du 14^ème siècle. D’autres voyageurs ont suivi son exemple et ont rapporté de cet Orient inconnu des histoires pleines de mystère et des mots mythiques comme Shangrila, la vallée où tous les hommes sont heureux.

L’Asie a été et reste toujours pour l’observateur occidental un continent contradictoire et passionnant. Contradictoire par ce mélange de compassion et de violence, de développement économique et de régimes autoritaires, de modernité et d’exotisme, de discipline et d’absence d’hédonisme. Passionnant par la formidable transformation politique et sociale dont elle est le théâtre depuis la révolution chinoise, qui a permis à Mao Zedong de prendre le pouvoir le 1^er octobre 1949 et qui a influencé ensuite l’évolution politique de toute la région.

Plus récemment, grâce à la montée en puissance économique de la Chine et des dragons du Sud-Est asiatique, ce continent a pris l’allure d’un monstre dévoreur de marchés, capable d’inonder l’Occident avec ses exportations. Un monstre destructeur d’emplois par la concurrence de ses bas salaires. En France, par exemple, même les souvenirs du Mont-Saint-Michel ou de la Tour Eiffel sont fabriqués en Chine.

Malgré les catastrophes climatiques, comme le terrible tsunami de 2004, la menace nucléaire nord-coréenne, la crise financière de 1998 ou la rivalité entre la Chine et le Japon, l’Asie poursuit depuis une dizaine d’années sa révolution silencieuse. En quelques années, le pays le plus peuplé du monde a basculé dans l’économie de marché suivant l’exemple du Japon et des dix de l’ASEAN. L’Asie d’aujourd’hui est devenue riche et flamboyante, fière et sûre d’elle même.

Mais tout en imitant l’exemple de l’Occident capitaliste, les Asiatiques continuent à penser autrement. Ils manifestent leur altérité dans leurs rapports avec le politique, la société, la nature, l’argent et surtout, avec le pouvoir, qui demeure autoritaire et hiérarchique dans la plupart des pays. Pour eux, les trois grandes priorités de la vie restent la famille, suivie du travail comme moyen du succès, donc du statut social et de la richesse et, enfin, la qualité des relations humaines. Depuis le début du siècle, on assiste à une évolution dans tous les domaines qui prouve la maturité de ce continent. Il s’est ouvert comme jamais au cours de l’histoire sans pour autant perdre son âme.

par Any  Bourrier

[23/03/2007]