Tristes records

Any Bourrier
(Photo: RFI)

La Chine détenait le record mondial des exécutions. Elle risque de détenir bientôt le record mondial de la criminalité. En effet, la croissance exponentielle des crimes violents dans ce pays ne risque pas se ralentir dans les prochaines années ; notamment les meurtres, les viols, les enlèvements contre rançon et les attentats. Selon le rapport de la Cour suprême du peuple, un total de 340 715 criminels ont été emprisonnés en 2006. Les tribunaux chinois ont condamné pendant la même période 153 724 personnes à des peines supérieures à cinq ans de prison allant jusqu’à la peine de mort.

La criminalité en Chine ne se limite ni aux classes défavorisées ni aux laissés pour compte du formidable développement économique de ce pays. Elle touche également les classes dirigeantes coupables en général de crimes de corruption. Ainsi, l’an dernier, plusieurs hauts responsables, parmi lesquels le numéro un du Parti communiste à Shanghai, Chen Liangyu, ont été limogés et sont en attente de leur jugement pour crime de corruption.

Tout en considérant la peine capitale comme une sanction indispensable pour contrôler la criminalité, les autorités judiciaires et policières chinoises préconisent une réduction progressive de son application. Les tribunaux chinois continueront à punir sévèrement les crimes violents, la corruption et les fraudes, comme l’a affirmé le rapporteur de la Cour suprême du peuple Xiao Yang.

Pour faire face à la vague croissante de criminalité, le gouvernement chinois envisage de réformer le système judiciaire. Mais ces réformes visent surtout à renforcer le rôle de l’Etat, qui a toujours le dernier mot  lorsqu’on parle de «démocratie à la chinoise». Ce concept, dont l’auteur est le penseur officiel Yu Keping, prône une plus grande ouverture du Parti communiste mais fait l’impasse sur les libertés civiles et les élections au suffrage universel.

En fait, l’augmentation du nombre de crimes violents en Chine n’est que le reflet d’une situation chaotique créée par «l’économie socialiste de marché», inscrite aujourd’hui dans la constitution du pays. Grâce à ce modèle, la Chine a connu une grande croissance économique. Mais le fossé entre les riches et les pauvres ne cesse de grandir provoquant ainsi des frustrations et des souffrances qui sont à l’origine de la plupart des crimes violents.

par Any  Bourrier

[14/03/2007]