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Palestine

L’union pour la survie

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas (à droite) et le Premier ministre Ismaël Haniyeh (à droite) à Gaza, lundi 11 septembre. Un accord a été conclu entre le Fatah et le Hamas en vue de former un gouvernement d'union nationale.  

		(Photo : AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas (à droite) et le Premier ministre Ismaël Haniyeh (à droite) à Gaza, lundi 11 septembre. Un accord a été conclu entre le Fatah et le Hamas en vue de former un gouvernement d'union nationale.
(Photo : AFP)
L’accord intervenu lundi, pour former un gouvernement palestinien d’union nationale, a pour premier objectif de mettre un terme à son isolement international. L’actuel Premier ministre issu du Hamas, Ismaël Haniyeh, a été chargé mercredi par le président Mahmoud Abbas de former le prochain gouvernement alors que les discussions se poursuivent entre les 13 factions palestiniennes pour la répartition des 24 ministères. Depuis l’entrée en fonction du gouvernement du Hamas en mars dernier, les aides internationales notamment de l’Europe et des Etats-Unis, avaient été suspendues, le Hamas étant considéré par les Occidentaux comme une organisation terroriste.

Il aura fallu plus de deux mois de négociations pour que Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne et Ismaël Haniyeh, Premier ministre et dirigeant du Hamas, parviennent à s’entendre pour mettre sur pied un nouveau cabinet d’union. Selon des sources proches des négociateurs, le futur gouvernement devrait comporter 24 ministères comme l’actuel. Les ministères dits «sociaux», l’Education, la Santé et les Affaires religieuses, seraient attribués au Hamas alors que le Fatah occuperait celui des Affaires étrangères ainsi qu’un poste de vice-Premier ministre. Toujours dans l’idée de sortir la Palestine de son isolement, le portefeuille des Finances serait dévolu à Salam Fayyad, ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, dont le passage à la tête de ce même ministère entre 2002 et 2005, avait été salué par la communauté internationale.

Une population affamée

Depuis le blocus imposé par Israël après l’enlèvement du caporal Gilad Shalit le 25 juin, la situation déjà difficile dans la bande Gaza depuis l’arrivée du gouvernement Hamas ne cesse de se dégrader. En l’espace de trois mois, 100 000 personnes supplémentaires sont devenues dépendantes de l’aide des ONG pour se nourrir. L’agence des Nations unies pour le secours aux réfugiés de Palestine (Unrwa) vient d’augmenter pour la première fois depuis cinq ans les quantités d’aide distribuées aux réfugiés de la bande de Gaza. Actuellement, l’Unwra fournit les moyens élémentaires de subsistance à 830 000 réfugiés alors que le Programme alimentaire mondial (PAM) soutient pour sa part 280 000 résidents originaires aussi de la bande de Gaza, mais qui ne relèvent pas de l’aide de l’Unwra. Au total, les Nations unies nourrissent plus de 1,1 million de Palestiniens à Gaza sur une population de 1,3 million.

Dès l’annonce de l’accord d’union nationale, les premiers mots du président Mahmoud Abbas ont été pour annoncer que les salaires des fonctionnaires non versés depuis six mois, le seraient avant la fin septembre. Une situation intenable pour ces 170 000 commis de l’Etat directement victimes des sanctions internationales décidées contre le Hamas. Depuis le 2 septembre, les fonctionnaires, les étudiants, le personnel hospitalier ont lancé un mouvement de grève pour enfin «être payés et retrouver leurs droits et leur dignité».

Devant la situation d’urgence à Gaza, fin juillet, l’Union européenne avait versé notamment 40 millions d’euros aux 13 000 infirmiers, médecins et agents de santé travaillant dans le secteur hospitalier. Les sommes ainsi allouées avaient pu l’être grâce à un mécanisme qui permettait de contourner le gouvernement du Hamas. Pour cette opération, l’argent a été en effet versé directement, sur les comptes des 13 000 salariés concernés. La Commission européenne avait aussi, via le même mécanisme, débloqué 105 millions d’euros pour notamment approvisionner les hôpitaux palestiniens en carburant, car faute d’électricité ils utilisent des générateurs.

Le «plan des détenus»

Pour le moment, l’accord palestinien est accueilli prudemment à l’étranger. La ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, a souligné que l’important était que le futur gouvernement palestinien d’unité remplisse les conditions fixées par le Quartette. Celui-ci composé des Etats-Unis, de l’Europe, de la Russie et de l’Onu, demande au Hamas de reconnaître à d’Israël le droit d’existence ainsi que les accords passés entre Israël et les Palestiniens et le renoncement à la violence.

Mais selon le Hamas, le programme du gouvernement d’unité nationale sera plutôt fondé sur le plan de paix élaboré par des détenus palestiniens de toutes tendances, incarcérés en Israël. Endossé en juin par Mahmoud Abbas et Ismaël Haniyeh, ce «plan des détenus» prévoit la création d’un Etat palestinien à Gaza et en Cisjordanie avec Jérusalem-Est comme capitale, reconnaissant ainsi implicitement Israël dans ses frontières d’avant la guerre de 1967. Mais mardi, le Hamas publiait un communiqué pour préciser qu’il continuerait «à appliquer son programme politique» et ajouter que le programme de gouvernement d’union «ne contenait aucune reconnaissance explicite ou implicite de l’entité sioniste».

L’accueil est tout aussi réservé de la part des Américains, pour qui le gouvernement d’union «ne semble pas répondre à l’appel du quartette vers la reprise de l’aide aux territoires palestiniens». Pour leur part, les Européens ont salué comme un premier pas l’accord interpalestinien pour un gouvernement d’union, mais ils attendent aussi des gestes supplémentaires avant une reprise de leur aide.



par Claire  Arsenault

Article publié le 13/09/2006 Dernière mise à jour le 13/09/2006 à 15:32 TU

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		(Photo : AFP)