Nations unies
Sept candidats pour succéder à Kofi Annan
(Photo : AFP)
Pour la première fois dans l’histoire de l’organisation internationale crée en 1945, une femme s’est portée candidate au poste de secrétaire général. Et il s’agit d’une chef d’Etat en exercice. La présidente de la république de Lettonie, Vaira Vike-Freiberga, 68 ans, a vécu longtemps au Canada, où ses parents s’étaient réfugiés dans les années 1950, fuyant la politique de Staline qui avait décidé de réincorporer les Etats baltes dans l’Union soviétique, après la deuxième guerre mondiale. Après avoir enseigné la psychologie à l’Université francophone de Montréal, de 1965 à 1998, Mme Vike-Freiberga est retournée dans son pays natal, pour être désignée présidente de la république par le parlement de Riga. Sa candidature au Secrétariat général de l’Onu est aussi soutenue par les autres Etats baltes, l’Estonie et la Lituanie. Mais la plupart des observateurs à New York doutent que la présidente lettone puisse succéder à Koffi Annan, car ni la Chine ni la Russie ne serait intéressée par l’élection de la Lettone, qui semble avoir des appuis auprès de département d’Etat américain.
Un candidat asiatique en toute logique
Une règle non-écrite en vigueur au siège des Nations unies impose une alternance entre les groupes géographiques, lors de la nomination du secrétaire général. Ainsi, après le Ghanéen Koffi Annan, qui a été le seul africain originaire du sud du Sahara à exercer cette magistrature, la place devrait aller à un Asiatique. Il n’y a pas moins de six candidats de cette vaste zone géographique qui inclut, notamment, le Proche-Orient, d’où provient d’ailleurs un des candidats au poste : le Jordanien Zeid Raa’ad Zeid Al-Hussein, cousin du roi Abdallah II, expert de justice internationale et ambassadeur de son pays aux Nations unies. Il a fait des études en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis et a joué un rôle important dans la création de la Cour pénale internationale. Al-Hussein, 42 ans, a été membre de la mission de l’Onu en ex-Yougoslavie qui a enquêté sur les massacres de Srebrenica. Il est également l’auteur d’un rapport sur les abus sexuels commis par des fonctionnaires des Nations unies, notamment en République démocratique du Congo.
La Thaïlande a choisi, comme candidat, son Premier ministre adjoint Surakiart Sathirathai, 48 ans, spécialiste de droit international. Il a participé au processus de privatisation de plusieurs entreprises thaïlandaises. Sa nomination à la tête du Secrétariat général semble être très peu probable, suite au putsch militaire qui a renversé le gouvernement thaïlandais le 19 septembre.
L’Inde a un candidat de poids en la personne de Shashi Tharoor, qui est le secrétaire général adjoint de l’Onu chargé de la Communication et de l’Information. Cet ancien membre du Haut commissariat pour les réfugiés a fait toute sa carrière au sein de l’organisation internationale. Shashi Tharoor, romancier de 50 ans, a travaillé sur les missions de maintien de la paix dans l’ex-Yougoslavie.
Le candidat du Sri Lanka est Jayantha Dhanapala, diplomate de carrière et qui a exercé des postes importants au sein de l’Organisation, notamment en 1998 en tant que secrétaire général adjoint pour les affaires de désarmement. Jayantha Dhanapala, 67 ans, a été conseiller du président sri lankais Mahinda Jayapakse et a participé, depuis 2003, aux négociations de paix avec les Tigres tamouls.
Le favori est sud-coréen
Les attention convergent, surtout, sur le sud-coréen Ban Ki-moon, ministre des Affaires étrangères et du Commerce. Il a participé notamment aux délicates négociations, avec la Chine, le Japon, la Russie et la Corée du Nord, pour tenter de mettre fin au programme d’armement nucléaire du régime de Pyongyang. Ban Ki-moon, 62 ans, s’est prononcé mercredi à New York pour une reforme en profondeur de l’Onu, pour la rendre plus efficace et crédible. Il a souligné la nécessité de «développer le professionnalisme, les critères d’intégrité et le sens des responsabilités» des fonctionnaires de l’Organisation. Il a déploré les «divisions et la méfiance» qui se manifestent entre plusieurs Etats membres. Il s’agit des rivalités qui ont surgi entre les Etats-Unis et d’autres gros contributeurs au budget de l’Onu et certains pays en développement qui craignent que les reformes ne diminuent le rôle de l’Assemblée générale. Ban Ki-moon a promis d’appliquer, s’il est élu, une gestion efficace des ressources de l’Organisation, ce qui est une exigence habituelle de Washington.
Un septième candidat s’est manifesté il y a une semaine. Il s’agit de l’universitaire afghan Ashraf Ghani, 57 ans, ministre des Finances du gouvernement de Kaboul, docteur en relations internationales qui a exercé des fonctions à la Banque mondiale. Il a participé, comme conseiller spécial des Nations unies dans le cadre de l’accord de Bonn qui a établi les bases de la reconstruction de l’Afghanistan, après la chute des talibans en 2001.
La parole est au Conseil de sécurité
Aux termes de la Charte des Nations unies, le secrétaire général est en effet élu par l’Assemblée générale, mais sur recommandation du Conseil de sécurité. Plusieurs votes «à blanc» ont été réalisés et le ministre sud-coréen des Affaires étrangères Ban Ki-moon est arrivé en tête, suivi de l’Indien Shashi Tharor et du thaïlandais Sathirathai. On prévoit d’autres votes pour qu’un consensus puisse être trouvé. Les observateurs signalent, néanmoins, que se sont les cinq membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne et France) avec leur droit de veto, qui auront vraiment le dernier mot concernant la désignation du successeur de Kofi Annan.
par Antonio Garcia
Article publié le 28/09/2006 Dernière mise à jour le 28/09/2006 à 18:38 TU