XIe Sommet de la Francophonie
Plus nombreux, plus présents
(Photo : Valérie Gas/RFI)
De notre envoyée spéciale à Bucarest
Et cinq de plus. Lors du Sommet de Bucarest, Chypre et le Ghana sont devenus membres associés de la Francophonie. Le Mozambique, la République de Serbie et l’Ukraine ont obtenu le statut d’observateurs. La Grèce, l’Albanie, la Macédoine, la Principauté d’Andorre, qui était déjà enregistrées dans le décompte francophone, ont, quant à elles, changé de statut et sont devenues membres de plein droit. Deux candidatures ont, en revanche, été rejetées par les chefs d’Etat et de gouvernement. Un «consensus» s’est dégagé au sein du groupe de travail contre l’adhésion du Soudan. Quant à la Thaïlande, l’examen de sa candidature a été repoussé à plus tard en raison du coup d’Etat qui vient d’avoir lieu dans le pays.
La validation des candidatures fait partie des tâches réservées aux chefs d’Etat et de gouvernement lors des Sommets. Tout comme l’élection du secrétaire général. Abdou Diouf, qui occupe ce poste depuis le Sommet de Beyrouth il y a quatre ans, a donc été réélu cette année. Sa reconduction ne faisait pas l’ombre d’un doute. Aucun candidat ne s’était manifesté pour venir le concurrencer. Et les chefs d’Etat lui ont manifesté leur soutien en le réélisant à l’unanimité. Lors de la conférence de presse finale, Jacques Chirac a employé des termes élogieux pour décrire son action à la tête de la Francophonie. Il a évoqué «l’intelligence, la sensibilité, la compétence» d’Abdou Diouf. Il lui a fait part de «son estime et de sa reconnaissance» et s’est réjoui de la capacité du secrétaire général à donner «une superbe image» de la Francophonie. Fort de ces encouragements, Abdou Diouf a réaffirmé sa volonté de mener toutes les missions de la Francophonie en faveur de la diversité culturelle, de la paix et de la démocratie, de l’éducation et du développement durable, avec détermination.
Constat de blocage en Côte d’Ivoire
Mais la fonction de secrétaire général de la Francophonie est en grande partie politique. Les chefs d’Etat et de gouvernement font appel à lui pour mener des médiations dans les pays en crise. Ils lui ont ainsi demandé dans la déclaration finale, adoptée à la fin du sommet de Bucarest, «de continuer à s’impliquer fortement dans la recherche d’une solution durable» en Côte d’Ivoire. La situation de ce pays a d’ailleurs fait l’objet d’un article spécifique de la déclaration. Les chefs d’Etat et de gouvernement y ont constaté le blocage actuel en déclarant que «le processus de sortie de crise n’a pas progressé suffisamment». Ils ont aussi regretté «le report des élections présidentielles» et «le manque de volonté réelle des acteurs politiques ivoiriens d’aller résolument vers la normalisation». Et ce malgré «les progrès enregistrés depuis la prise de fonctions, en décembre 2005, du Premier ministre Charles Konan Banny». Celui-ci était d’ailleurs à Bucarest, à la différence du président Laurent Gbagbo, auquel est destinée une partie des critiques émises.
En marge du Sommet de Bucarest, certains chefs d’Etat africains impliqués dans le suivi du dossier s’étaient aussi réunis, jeudi, pour faire un point de la situation en Côte d’Ivoire. Abdoulaye Wade du Sénégal, Joao Bernardo Vieira de Guinée Bissau, Amadou Toumani Touré du Mali, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Faure Gnassingbé du Togo, Boni Yayi du Bénin, tous membres de la Cedeao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) ont invité les présidents du Gabon, Omar Bongo, doyen des chefs d’Etat africains, et du Congo, Denis Sassou Nguesso, président en exercice de l’Union africaine, à venir évoquer ce dossier sensible avec eux. Le Premier ministre ivoirien Charles Konan Banny n’était, en revanche, pas présent.
D’autres dossiers africains sensibles ont été évoqués dans la déclaration finale de Bucarest. Parmi ceux-ci, celui du Darfour qui a certainement joué sur le rejet de la candidature du Soudan. Dans un article spécifique, les chefs d’Etat et de gouvernement francophones font part de leur préoccupation face à «la dégradation continue de la situation marquée par la poursuite des actes de violence et des violations de droits de l’homme». Mais surtout la Francophonie a manifesté son soutien à la poursuite «des pourparlers» avec le Soudan dans l’espoir de permettre l’application de la résolution 1706 du Conseil de sécurité des Nations unies et le déploiement d’une force de l’ONU dans cette région.
par Valérie Gas
Article publié le 30/09/2006 Dernière mise à jour le 30/09/2006 à 11:00 TU