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Santé

La maladie d’Alzheimer n’est pas une fatalité !

La maladie d’Alzheimer détruit les cellules du cerveau et ce dernier rétrecit.
La maladie d’Alzheimer détruit les cellules du cerveau et ce dernier rétrecit.
On s’attend à ce que le nombre de malades soit multiplié par quatre en Chine et en Inde, par cinq en Amérique latine, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Pourtant, il existe d’ores et déjà assez d’évidences scientifiques montrant qu’il est possible de la prévenir.

L’homme moderne vit très dangereusement : s’il réchappe à une maladie cardio-vasculaire (18 millions de morts par an dans le monde) ou à un diabète naguère dit « de la maturité » (qui apparaît de plus en plus tôt), il peut être frappé par un cancer (première cause de mort chez les hommes en France avant 65 ans) ou alors sombrer dans l’Alzheimer. Au Nord comme au Sud de la planète. Mêmes causes, mêmes effets. Car dans la plupart des cas, ces maladies sont créées par un même mode de vie, les mêmes « choix » individuels et socio-économiques, c’est-à-dire les mêmes erreurs. «L’Alzheimer, souligne le Dr Bernard Aranda, neurologue, est bien une maladie de civilisation : elle est, par exemple, quatre fois plus fréquente aux Etats-Unis qu’en Inde. Son augmentation exponentielle concerne tous les pays qui ont adopté le mode de vie occidental (…) Il y a une identité des facteurs de risque entre les maladies cardiovasculaires et l’Alzheimer».

L’épidémiologie est éclairante : la prévalence des démences séniles est plus élevée chez les Nord-Américains d’origine japonaise qu’au Japon ; les études comparatives européennes montrent une plus faible prévalence au Sud qu’au Nord de l’Europe. Un article qui vient de paraître dans la revue spécialisée Annals of Neurology (« Régime méditerranéen et risque d’Alzheimer », juin 2006) indique que cette alimentation, testée sur des groupes de populations en Europe du Nord, en Inde et en Australie, s’est montrée préventive dans plusieurs troubles ou pathologies comme l’obésité, l’excès de cholestérol, le syndrome métabolique, la dépression ou le diabète ; or, les chercheurs pensent aujourd’hui que ces maladies sont intimement liées à l’Alzheimer ou ne font que le précéder. 

L’Alzheimer est-il « dû » au vieillissement ?

Non, il n’est pas « dû » à une dégénérescence supposée inévitable. De nombreux centenaires conservent l’essentiel de leurs fonctions cognitives et, inversement, on a vu des cas avant 40 ans, pour la plupart dits génétiques mais pas toujours. La maladie est-elle associée ou «liée» au vieillissement ? Seulement dans la mesure où, ainsi que le fait remarquer le Dr Aranda, «le vieillissement ne fait qu’augmenter le nombre d’individus chez lesquels les troubles associés ont suffisamment de temps pour se développer. Mais il n’en est pas la cause». «La maladie a longtemps été conçue comme un phénomène irrémédiable de fin de vie, peut-on lire sur le site du ministère français de la Santé. Mais, au cours de la dernière décennie, les progrès dans sa compréhension ont permis de voir qu’elle était bien une maladie comme les autres, certes très grave, mais sur laquelle il était possible d’agir».

Les scientifiques ont donc observé un ensemble de dysfonctions cérébrales spécifiques : déficit de la transmission entre les synapses ; accumulation de plaques amyloïdes entre les neurones ; enchevêtrement de neurofibrilles à l’intérieur ; mort neuronale ; insuffisance grave de l’irrigation du cerveau ; atrophie ; manque d’acétylcholine (mais aussi d’autres neuromédiateurs) ; résistance à l’insuline avec déficit en glucose… Le cerveau malade est le siège d’une inflammation permanente, productrice de radicaux libres.

Au-delà de ces observations, on recherche, encore en amont, des causes premières. Certains chercheurs s’interrogent sur l’implication d’infections virales, notamment l’herpès. Depuis longtemps, on a constaté aussi que le cerveau des malades contient des quantités anormales d’aluminium, métal toxique, et des études menées aux Etats-Unis, au Canada, en Italie, en France (Pr Jean-François Dartigues, université de Bordeaux) incluent l’aluminium parmi les facteurs de risque. Or, l’aluminium est devenu omniprésent : dans l’eau du robinet, l’alimentation moderne (certains aliments, ustensiles de cuisine, cannettes et boîtes de conserve, feuilles et barquettes jetables qu’on ne devrait jamais chauffer, additifs), on en trouve aussi dans la plupart des déodorants et certains dentifrices, de même que dans des médicaments (il est très concentré dans les antiacides pour l’estomac) et certains vaccins.

Toxiques et autres facteurs

La « piste iatrogène» mène aussi à l’exposition à des anesthésiques, et aux molécules anticholinergiques : une équipe de l’Inserm a mis en évidence cette année un trouble  «comparable à un début de maladie d’Alzheimer, provoqué par la consommation de ces médicaments, prescrits de manière courante chez les personnes âgées pour l’incontinence, le Parkinson ou certains troubles psychiatriques»…

D’autres chercheurs travaillent sur les taux de mercure, de plomb, de cuivre. D’autres encore sur l’implication des pesticides. Car on sait que les facteurs toxiques peuvent favoriser la précipitation des protéines, perturber la santé des cellules, et notamment le travail incessant des enzymes, ces micro-ouvriers sans lesquels aucune transformation chimique ou métabolique indispensable à la vie ne serait possible. L’exposition «professionnelle» aux champs électromagnétiques, ainsi que cela est relevé par le ministère de la Santé, a désormais sa place dans cette recherche : «Cette exposition interférerait avec l’homéostasie du calcium provoquant l’accumulation de peptide amyloïde»; des médecins ont par ailleurs écrit que l’utilisation prolongée du mobile rend le cerveau plus perméable à tous les toxiques.

Nutrition saine et mode de vie.

La nutrition, pourtant, et plus largement le mode de vie semblent jouer un rôle primordial. Les molécules chimiques, inhibiteurs d’enzymes ou candidats-vaccins testés et utilisés à ce jour n’ont qu’une action partielle et très modérée sur les symptômes de l’Alzheimer, et ils s’avèrent parfois très dangereux. La vraie solution réside donc dans la prévention primaire. Certes, des études ont montré que les statines (inhibant la production de cholestérol par le foie) et les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) pourraient peut-être influer en partie sur la progression de cette maladie qui s’aggrave à bas bruit pendant dix ou vingt ans avant le diagnostic. Mais cela, au prix d’effets secondaires parfois graves. Autant utiliser des plantes et des substances naturelles (ayant aussi fait l’objet d’études) comme le curcuma, la lécithine, la sauge, le cassis, l’huperzia, le resvératrol, les vitamines B, les oméga 3… L’excès de nourriture, de graisses saturées, d’huiles industrielles, d’hydrates de carbone, de sucre - tout comme pour les maladies circulatoires et le diabète - sont des facteurs de risque d’Alzheimer. A l’inverse, rappelle le Dr Aranda, «on a constaté dans cette maladie des carences en vitamines A, E, C, D, B1, B6, B9, B12, nécessaires aux neurotransmetteurs et antioxydantes…Les poissons et aliments riches en oméga 3, les légumes réduisent le risque de développer la maladie». De même que les jus frais de fruits et de légumes (étude scientifique de septembre 2006).

Le Dr Jean Seignalet, immunologue, notait que parmi ses patients, même âgés, suivant son «régime ancestral», aucun cas d’Alzheimer n’avait été signalé. Les auteurs de l’article scientifique cité plus haut concluent, suite à une étude de quatre années sur plus de 2 200 New-Yorkais, qu’une alimentation bien suivie de type méditerranéen est hautement protectrice. Ancestral, crétois, japonais, la plupart des régimes traditionnels risquent… de faire baisser les risques. Avec l’indispensable exercice physique, la réduction du stress chronique (et la part éventuelle de la psychologie : dépression, sentiment d’inutilité, implication sociale), ils font partie d’un mode de vie sain et protecteur. Et le Dr Aranda conseille: «A mettre en place dès la quarantaine!»



par Henriette  Sarraseca

Article publié le 30/09/2006 Dernière mise à jour le 30/09/2006 à 16:56 TU