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Banlieues : porter la parole des citoyens

Ces derniers mois, le bus du collectif AC le feu a fait le tour de France des quartiers pour recueillir les revendications des citoyens. Les membres de l'association remettront un cahier de doléances aux députés ce mercredi. <a href="http://aclefeu.blogspot.com/" target="_blank">(aclefeu.blogspot.com)</a> 

		(Photo : © AC-Lefeu)
Ces derniers mois, le bus du collectif AC le feu a fait le tour de France des quartiers pour recueillir les revendications des citoyens. Les membres de l'association remettront un cahier de doléances aux députés ce mercredi. (aclefeu.blogspot.com)
(Photo : © AC-Lefeu)
AC le feu dépose ses cahiers de doléances à l’Assemblée nationale, mercredi 25 octobre. Ce collectif, créé à la suite des émeutes de banlieues de novembre 2005, a recueilli la parole des citoyens dans 120 villes de France. Pendant plusieurs mois, les membres d’AC le feu se sont déplacés dans le pays à bord d’un minibus et ont demandé aux habitants des quartiers difficiles, mais aussi des centres villes, de leur faire part de leur opinion sur un phénomène qui a touché tout le monde et continue à inquiéter.

Présenter des doléances, cette idée n’est pas anodine. Elle sous-entend qu’une partie de la population n’a pas été écoutée et qu’à défaut d’une initiative des responsables politiques pour remédier à la situation, c’est aux citoyens eux-mêmes de faire remonter leur mécontentement. En tout cas, c’est dans cet état d’esprit que s’est créé AC le feu (Association collectif liberté égalité fraternité ensemble et unie) à la suite des émeutes de banlieues en novembre 2005. L’objectif affiché par les fondateurs du mouvement étant d’essayer «de remettre en phase la population et les politiques». Pour y parvenir les membres du collectif ont décidé de demander aux gens de s’exprimer. Mehdi Bigarderne, l’un des fondateurs d’AC le feu explique : «Nous avons récolté la parole des citoyens, ce que les politiques ne font pas assez».

Au bout du compte, ce sont quelque 20 000 doléances qui ont été recueillies au fil des haltes du bus de l’association dans un tour de France qui a duré environ quatre mois (mars à juin  2006). Les membres d’AC le feu sont allés à la rencontre des habitants, dans les rues, dans les centres commerciaux, sur les campus universitaires en région parisienne et en province. Ils ont essayé de faire parler des gens de tous les milieux, de tous les quartiers car, selon Samir Mihi, les «révoltes sociales» n’ont pas touché «que le 93 et l’Ile-de-France. C’est une crise sociale profonde qui a été un peu le terreau des événements qui ont eu lieu à l’automne». Ces «paroles» ont ensuite été analysées et triées afin d’être déposées à l’Assemblée nationale, le 25 octobre, à l’issue d’une grande marche organisée dans Paris.

Coups de gueule et requêtes

Entre coups de gueule et requêtes, les personnes interrogées évoquent leurs angoisses, leurs craintes, leurs constats, leurs propositions parfois. Il ne s’agit pas d’un travail scientifique. Ce sont simplement des témoignages qui mettent en valeur les sujets de préoccupations des gens. Quelques grands thèmes émergent. Parmi ceux-ci, on trouve l’emploi, l’accès au logement, les pratiques policières, autant de domaines dans lesquels les habitants des cités ressentent des discriminations. Mettre en place le curriculum vitae anonyme pour éviter que les employeurs ne sélectionnent les candidats sur leur origine ou leur adresse, taxer les logements vides, exiger le vouvoiement de la part des policiers... font partie des pistes évoquées pour améliorer la situation et éviter de créer un contexte favorable à une nouvelle explosion de violence. Rien de très inattendu mais il ne s’agissait pas d’innover, simplement de relayer la parole des citoyens. AC le feu jouerait en quelque sorte le rôle de «porte-voix» des Français d’en bas. Ceux qui se sentent victimes d’inégalités, ceux qui parfois ont envie de se révolter.

Il ne s’agit d’ailleurs que de l’une des initiatives prises dans la foulée des émeutes de novembre 2005 dans les quartiers dits sensibles. Un certain nombre de groupes de paroles, de collectifs, d’associations se sont ainsi créés pour essayer de donner une autre vision du phénomène mais aussi de renouer le lien entre citoyens et politiques. Beaucoup ont, par exemple, essayé de plaider pour l’inscription des jeunes sur les listes électorales. Une manière de tenter de leur faire comprendre qu’il y a des alternatives à la violence, et que le vote en est une.



par Valérie  Gas

Article publié le 24/10/2006 Dernière mise à jour le 24/10/2006 à 15:39 TU

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(Conception: RFI)