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Santé

Combattre la tuberculose ultra-résistante

De gauche à droite : le directeur du département VIH-Sida de l'OMS, Kevin M. de Cock, le Dr Mario Raviglione, directeur du département tuberculose de l'OMS, Nils E. Billo, directeur de l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires et Jérôme Pasquier, directeur de la Coopération internationale au ministère français des Affaires étrangères.  

		(Photo : Elisa Drago / RFI)
De gauche à droite : le directeur du département VIH-Sida de l'OMS, Kevin M. de Cock, le Dr Mario Raviglione, directeur du département tuberculose de l'OMS, Nils E. Billo, directeur de l'Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires et Jérôme Pasquier, directeur de la Coopération internationale au ministère français des Affaires étrangères. 
(Photo : Elisa Drago / RFI)
95 millions de dollars sont nécessaires pour combattre la tuberculose ultra-résistante en 2007, selon la 37ème Conférence mondiale sur la santé respiratoire qui donne l'alerte sur ce nouveau fléau. Chaque année, deux millions de personnes meurent de tuberculose, souvent parce que l’infection n’a pas été diagnostiquée, ou l'a été trop tard pour être traitée. La situation est d’autant plus préoccupante que la tuberculose progresse dans le monde. Et cela dans ses formes ultra-résistantes aux médicaments.

Un tiers de la population mondiale est porteuse de tuberculose latente, souvent même sans le savoir. C'est-à-dire qu’une personne sur trois dans le monde est infectée par des germes dormants, mais ce n’est que lorsque les bactéries deviennent actives que le patient développe la maladie. Et c’est ce qui peut se passer dès que les défenses immunitaires se réduisent. Les séropositifs et les malades du sida sont donc particulièrement vulnérables.

Les médicaments existants devraient pouvoir soigner la tuberculose, sauf que, dans des cas de plus en plus nombreux, le bacille résiste et donne lieu à une tuberculose multi-résistante. Le bacille apprend à résister aux médicaments lorsque ceux-ci sont mal utilisés ou prodigués de manière intermittente. Pour guérir, le malade doit alors prendre des médicaments dits de «deuxième ligne» qui sont plus chers et susceptibles de provoquer des effets secondaires. Mais si ces traitements se révèlent inefficaces, le malade est alors atteint de la tuberculose ultra-résistante. Dans ce cas, les chances de survie sont très limitées.

Une menace en expansion

Pour alerter sur la gravité de cette forme de tuberculose, le Dr Mario Raviglione, directeur du département tuberculose de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s'appuie sur l'étude d'une épidémie détectée au Kwazulu Natal, en Afrique du Sud, où, sur 53 patients atteints par une tuberculose à bacilles ultra-résistants, 52 sont morts dans les deux à trois semaines suivant le diagnostic de la maladie, même ceux qui étaient  traités avec des anti-rétroviraux. «La tuberculose à bacilles ultra-résistants constitue une grave menace pour la santé publique, notamment dans les populations à forte prévalence du VIH/sida et là où il y a peu de ressources pour les soins de santé», explique le docteur Raviglione, soulignant dans le cas de l’Afrique du Sud «la nécessité d’empêcher la propagation à d’autres pays voisins». Ce qui peut être le cas des migrants, en l'occurrence, les mineurs originaires du Lesotho, du Swaziland et du Mozambique.

«En Afrique du Sud, il y a eu transmission en milieu soignant, entre malades séropositifs et personnel soignant. Certains sont même décédés» note, pour sa part, le Dr Kevin De Cock, directeur du département VIH/sida de l’OMS. Cette question de la transmission est délicate à aborder car les responsables craignent la stigmatisation des malades aussi bien que la réaction des personnels soignants alors que les besoins dans le secteur sont énormes. En effet, l’OMS estime à quatre millions le manque de professionnels de santé dans le monde, notamment en médecins, infirmières et sages femmes. Bien sûr, la situation est particulièrement critique dans les pays pauvres.

Il y a encore quelques décennies, les pays occidentaux  croyaient avoir éradiqué la tuberculose. Aujourd’hui, chaque année, neuf millions de nouveaux cas sont recensés. C’est pour lui donner la priorité que le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a nommé, au mois de mai dernier, son premier envoyé spécial pour l’initiative «Halte à la tuberculose», en la personne de l’ancien président portugais Jorge Sampaio

Un marché très prometteur

Pour  prévenir la forme la plus grave de la maladie et éviter sa propagation, les leaders mondiaux de la lutte contre la tuberculose estiment à 95 millions de dollars les besoins financiers immédiats pour l’année 2007. Tout reste à faire, selon les spécialistes qui rappellent que le seul moyen préventif aujourd’hui disponible contre la tuberculose est le BCG (Bacille de Calmette et Guérin), le vaccin mis au point à l'Institut Pasteur en 1921. Et en matière de diagnostic, s’il existe un test rapide qui permet un diagnostic fiable du VIH/sida en un quart d’heure, dans le cas de la tuberculose, il faut attendre jusqu’à trois mois pour diagnostiquer la maladie avec les tests standards.

Selon l'OMS, un vaste marché mondial existe pour les tests de dépistage. Il représente deux fois en valeur celui des traitements existants. Le marché de la prévention est très prometteur puisque un milliard de dollars est dépensé chaque année dans le monde pour dépister la tuberculose alors que des millions de cas continuent de passer inaperçus.



par Elisa  Drago

Article publié le 01/11/2006 Dernière mise à jour le 01/11/2006 à 11:35 TU