France-Afrique
Villepin au Tchad et en Afrique du Sud
(Photo : AFP)
Le Premier ministre français, Dominique de Villepin, a fait jeudi une escale de quelques heures dans la capitale tchadienne, N'Djamena, où il était venu assurer le président Idriss Deby du soutien de la France et de son souci de voir garantie la stabilité de la sous-région, agitée par la crise du Darfour soudanais ainsi que par des mouvements rebelles qui frappent notamment au Tchad et en Centrafrique. «La France a une responsabilité spécifique vis-à-vis du Tchad et de la région», a-t-il déclaré avant de s’envoler pour l’Afrique du Sud où il est prévu de discuter également de questions de développement et de partenariat économique dans la perspective du prochain sommet France-Afrique, programmé à Paris début 2007.
Initialement, cette mini-tournée africaine devait également conduire Dominique de Villepin au Congo-Brazzaville, une étape annulée «en raison de la prolongation de la convalescence en France du président Denis Sassou Nguesso». Le chef de l’Etat congolais, également président en exercice de l'Union africaine, a été opéré le 16 novembre à l'hôpital de la Pitié-Salpetrière, à Paris, d'une «hernie discale lombaire sans problème particulier», selon son entourage. A N’Djamena en compagnie de la ministre de la Coopération, Brigitte Girardin, le Premier ministre français était attendu à déjeuner par le président Deby. Il venait apporter au nom de la France «un appui au régime légitime» face à la guerre contre laquelle N’Djamena s’efforce de se barricader, comme en témoigne l’arsenal militaire déployé aux abords de la ville.
Dissuasion musclée
Nul n’a en effet oublié l’offensive rebelle qui avait conduit, en avril, les adversaires du régime jusque dans les rues de la capitale, Idriss Deby devant sa survie au soutien militaire du dispositif français Epervier. Ce dernier vient, du reste, d’être renforcé.«La France joue son rôle à la satisfaction totale du Tchad», s’est félicité le président Deby, dans sa conférence de presse commune avec son visiteur français. Le président assure toutefois qu’il peut encore «faire face». Pour sa part, Dominique de Villepin a évoqué la politique française «de dissuasion vis-à-vis de tous ceux qui seraient tentés par une quelconque agression contre l’intégrité territoriale» du Tchad, indiquant que cet engagement de Paris valait pour l’ensemble de la région. «C’est dans ce sens que nous avons été amenés à réagir très vigoureusement à Birao», a-t-il expliqué, confirmant l’appui aérien fourni lundi par les Mirage F1 français à l’armée centrafricaine du président Bozizé.
Comme l’explique Dominique de Villepin, aux frontières du Darfour soudanais qui sert de vivier rebelle, de Tchad en Centrafrique, «c'est toute une région où la France est militairement présente et où nous avons une responsabilité historique, et donc nous souhaitons apporter toute notre contribution à la stabilité de ces pays». Une politique réaffirmée également jeudi sur le front centrafricain par le président français Jacques Chirac : dans un message adressé à son homologue, François Bozizé, il a assuré ce dernier que «la France reste plus que jamais aux côtés de la République centrafricaine et prend également à coeur de s'associer aux efforts régionaux visant à préserver sa stabilité et son intégrité territoriale».
Préparer le sommet France-Afrique
A trois mois du dernier sommet France-Afrique du quinquennat de Jacques Chirac, la crise régionale liée au Darfour a pris un «tour particulièrement aigu» souligne Dominique de Villepin. Paris voit le salut régional dans le déploiement d’une force hybride Nations unies/Union africaine, à la frontière du Soudan avec le Tchad et la République centrafricaine. Une perspective à laquelle Idriss Deby adhère sans réserve.
Au cours de son bref séjour africain, le Premier ministre français compte aussi aborder «des sujets d’immigration, des sujets de sécurité, puisque, dit-il, la sécurité, la lutte contre le terrorisme passent par de nouveaux liens avec le continent». Il espère aussi jeter les bases d’un «nouveau partenariat» entre l’Europe et l’Afrique, face à la mondialisation. Ce sera le thème de son discours à Johannesburg.
Article publié le 30/11/2006 Dernière mise à jour le 30/11/2006 à 18:40 TU