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France-Afrique

Soutien français au Tchad et en Centrafrique

L’armée centrafricaine épaulée par des militaires français a poursuivi mardi sa contre-offensive pour reprendre aux rebelles deux localités, Ouadda-Djallé et Sam Ouandja, situées sur les quelque 200 kilomètres qui séparent Birao, à 800 kilomètres au nord-est de Bangui, non loin de la confluence des frontières tchadienne et soudanaise, et Bria, plus au sud. Birao était tombée le 30 octobre dernier aux mains de la rébellion de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR). Lundi soir, Bangui a revendiqué sa reprise avec «le soutien de militaires français de l’opération Boali en matière de logistique et de renseignement». Paris annonce par ailleurs avoir renforcé son dispositif militaire «Epervier» au Tchad où les rebelles au régime Déby sont de plus en plus offensifs depuis avril dernier.

Officiellement lancée le 16 mars 2003, le lendemain de la victoire militaire du général François Bozizé (15 mars 2003) contre le président déchu Ange-Félix Patassé, l’opération Boali comptait alors quelque 200 soldats chargés notamment d’«assurer un soutien à la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale [la CEMAC dotée d’un total de 310 militaires] qui assure la sécurité du président, sécurise l'aéroport de Mpoko et prend en charge l'organisation de la circulation en ville». Mission à vocation essentiellement aérienne, l’opération Boali est également chargée de l’éventuelle évacuation de ressortissants français ou étrangers. Mais ce n’est pas ce qui lui a valu récemment des renforts.

Mi-novembre, alors que la situation militaire se dégradait en Centrafrique, la France a indiqué avoir doté le détachement Boali d’une centaine d’hommes supplémentaires. Paris vient également d’annoncer que le dispositif militaire «Epervier», au Tchad, avait reçu lui aussi des renforts ce week-end. L’état-major français indique que le dispositif Epervier compte désormais «plus de 1 200 militaires français» parmi lesquels une centaine de nouveaux venus, arrivés avec «un avion ravitailleur et un avion de reconnaissance» supplémentaires, le tout «à titre de précaution pour faire face à tout type d’évolution de la situation sur le terrain». Un terrain militaire sur lequel le retour de la saison sèche a vu les rebelles prendre puis déserter des villes stratégiques comme Abéché, dans l’Est, où sont stationnés quelque 150 soldats français.

Légitime défense et appui logistique

Concernant la Centrafrique, l’état-major français préfère s’en tenir à l’argument de la «légitime défense» pour expliquer son implication dans la reprise de l’aéroport de Birao, lundi. «Des éléments de renseignement» français auraient été pris dans «des échanges de tirs entre tous les militaires qui participaient à l'opération et les rebelles», alors qu’ils étaient en train de s’assurer que «la piste de l'aéroport était praticable» pour l’atterrissage d’un Transall français transportant une unité de soldats centrafricains, explique le porte-parole de l’état-major français, qui, comme au Tchad, s’efforce sans vraiment convaincre de minimiser l’implication militaire française en admettant seulement un «appui logistique aux forces gouvernementales», ce qui s’est quand même avéré déterminant jusqu’à présent.

On savait, en effet, l’armée centrafricaine plutôt inopérante, faite d’un bric-à-brac de factions largement entamé par la dissidence des alliés de circonstances qui (avec le Tchad du président Deby) avaient aidé le général Bozizé à renverser Ange-Félix Patassé, lui-même soutenu par le Congolais Jean-Pierre Bemba et quelques autres, parmi lesquels, par exemple, un ennemi du président tchadien, Abdoulaye Miskine. Pris d’assaut ces dernières semaines, au Nord et à l’Ouest, par des ex-«libérateurs» de Bangui et autres rebelles, le carré resté fidèle au général Bozizé a bien des raisons de s’inquiéter. Au mieux, rebelles et gouvernementaux risquent de faire jeu plus ou moins égal pendant des lustres. Pour Bangui, restait le parapluie français.

Visiblement, Paris n’a pas encore décidé de laisser le Tchadien Idriss Déby en pâture à sa parentèle zaghawa en dissidence et moins encore de laisser l’avenir du Tchad tomber dans le giron du Soudan. Or le maillon faible centrafricain pourrait permettre à Khartoum de prendre le Tchad à revers. Idriss Deby s’est trouvé un nouvel allié contre nature : Muammar Kadhafi. Il vient de perdre dans l’est du pays un petit avion de reconnaissance récemment livré par la Libye. Mais face à la guerre de mouvement pratiquée par ses rebelles, le président Déby peut toujours compter, comme l’explique l’état-major français, sur «la mission du dispositif Epervier qui reste le soutien logistique de l'armée nationale tchadienne».



par Monique  Mas

Article publié le 28/11/2006 Dernière mise à jour le 28/11/2006 à 17:38 TU