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Centrafrique

Le Tchad envoie des renforts militaires

En visite à Bruxelles, le président François Bozizé a dénoncé une «agression caractérisée». 

		(Photo : AFP)
En visite à Bruxelles, le président François Bozizé a dénoncé une «agression caractérisée».
(Photo : AFP)
Le président tchadien Idris Deby Itno a décidé d’aider son collègue centrafricain François Bozizé. Il s’agit de combattre les rebelles qui ont pris le contrôle de plusieurs localités au nord-est de la République Centrafricaine et qui évoluent vers le centre du pays. Le gouvernement de Khartoum est soupçonné d’être à l’origine de ces opérations contre les autorités des deux Etats voisins, qui subiraient ainsi les effets de la crise dans la province soudanaise du Darfour. Les agences des Nations unies sont inquiètes au sujet de la situation des réfugiés centrafricains.

Les rebelles centrafricains de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) se sont emparés, le 30 octobre, de la ville de Birao, siège de la préfecture de Vakaga, située à près de 100 kilomètres de la frontière soudanaise. Ils poursuivaient leur avancée vers le sud en direction de la ville minière de Bria, capitale de la province de Haute-Kotto. Ils se sont aussi emparés de Ouanda-Djallé. En visite à Bruxelles, le président centrafricain François Bozizé à dénoncé vendredi «une agression caracterisée par la violation de son intégrité territoriale, par l’occupation de quelques villes dans le Nord-Est par un bande d’assaillants non identifiés qui veulent nous imposer une rébellion de l’extérieur».

Ces actions durent depuis 15 jours et le président Bozizé a demandé l’aide de l’Union européenne, en vue de l’application de la résolution 1706 du Conseil de sécurité. Celle-ci prévoit le déploiement d’une force des Nations unies dans la province soudanaise du Darfour, et plus particulièrement dans la zone qui fait frontière avec la RCA et le Tchad.

(Carte : Nicolas Catonné / RFI)
(Carte : Nicolas Catonné / RFI)

N’Djamena accuse formellement le Soudan

Face à cette offensive rebelle, le gouvernement tchadien a décidé d’appuyer militairement les autorités de la République centrafricaine (RCA). Lors d’un discours jeudi à N’Djamena, devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre tchadien Pascal Yoadimnadji a souligné que son gouvernement ne pouvait pas rester indifférent à la situation qui prévaut dans le pays voisin. Il a aussi accusé le Soudan d’être à l’origine des actions rebelles en Centrafrique : «Nous devons faire plus pour porter secours au gouvernement centrafricain et pour renforcer les forces déjà présentes et mettre ainsi en échec l’agression du gouvernement soudanais. Dans sa politique de déstabilisation programmée du Tchad et de la République centrafricaine (RCA), le gouvernement soudanais a adopté une stratégie de contournement pour contraindre le Tchad à combattre sur plusieurs fronts à la fois».

Pascal Yoadimnadji a présenté les rebelles centrafricains comme étant des «mercenaires à la solde du Soudan», dont deux colonnes progressaient en direction de Brisa et Ndélé. Il a ajouté que le Tchad était également victime de soldats soudanais le long de sa frontière orientale ; ces derniers ont provoqué des centaines de morts ces dernières semaines, notamment dans la zone de Goz-Beïda.

Les rebelles nient les appuis extérieurs

De son coté le président de l’UFDR, Amnondroko Djotodia, a déclaré ne pas comprendre la démarche du Tchad, affirmant qu’il s’agit tout simplement d’un problème interne à la RDC qui n’a rien à voir avec le Soudan. Le gouvernement de Kampala a démenti à plusieurs reprises les accusations des autorités tchadiennes concernant l’appui de son armée aux rebelles qui veulent renverser le président Idris Deby. Le chef de la diplomatie soudanaise, Lam Akol, a déclaré que les projets du Tchad en RCA ne concernaient en rien le gouvernement de Khartoum.

Le déploiement des soldats tchadiens dans le pays voisin est prévu par les traités de la Communauté économique et monétaire des Etats d’Afrique centrale (Cémac), dont font partie le Tchad et la RCA, ainsi que le Congo, la Guinée équatoriale, le Gabon et le Cameroun. Plus d’un centaine de militaires tchadiens sont déjà stationnés en RCA. Le premier ministre tchadien n’a pas indiqué combien de militaires vont être envoyés en renfort dans le pays voisin. Il faut noter que le président tchadien Idris Déby a soutenu François Bozizé en 2003 lors du renversement du président Ange-Félix Patassé. Le gouvernement tchadien a décrété depuis le début de la semaine l'état d'urgence sur l'essentiel du territoire national.

La France avait aussi annoncé lundi son intention d’apporter un soutien à l’armée centrafricaine dans les domaines de la logistique et du renseignement aérien. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères avait d’ailleurs souligné que le gouvernement français était préoccupé par l’évolution de la situation dans le nord-est de la RCA.

Problèmes alimentaires

Les organisations humanitaires se déclarent, elles aussi, inquiètes au sujet de la situation dans l’extrême nord-est de la RCA. Des sources citées par le réseau régional d’informations de l’Onu (Irin) affirment que Bria est confrontée à des problèmes de pénurie alimentaire. L’avancée des rebelles a fait fuir la plupart des éleveurs de bétail de la région. Le Comité international de la Croix rouge (CICR) est en train d’effectuer une enquête quant au nombre de personnes déplacées.

Les organisations humanitaires soulignent que le conflit dans la province occidentale soudanaise du Darfour s’est propagé aux Etats voisins. La crise au Darfour aurait provoqué près de 200 000 victimes depuis 2003, suite aux confrontations entre les rebelles africains de cette province et les milices arabes «djandjawids» soutenues par le gouvernement de Khartoum. Cette vague de violence a aussi provoqué le déplacement de plus de deux millions de personnes. Face aux risques de catastrophe humanitaire et de génocide, le Conseil de sécurité a adopté le 21 août la résolution 1706, prévoyant le déploiement d’une force de paix au Darfour en remplacement des forces de l’Union africaine (UA) mal équipées et sous-payées.

Le gouvernement soudanais s’oppose à la venue des Casques bleus, considérant qu’il s’agit d’une manœuvre néocoloniale. Mais le principe d’une force de paix «hybride» ONU-UA, dirigée pas des africains, a été accepté par Khartoum, jeudi. Les modalités des ces opérations non pas encore été définies.

  



par Antonio  Garcia

Article publié le 17/11/2006 Dernière mise à jour le 17/11/2006 à 19:56 TU