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Centrafrique

Les rebelles avancent

<p>Les rebelles centrafricains qui occupent depuis dix jours la ville Birao, dans l'extrême nord-est du pays, se sont emparés vendredi matin de celle d'Ouadda Djallé, à 130 km plus au sud.</p> 

		(Carte : RFI)

Les rebelles centrafricains qui occupent depuis dix jours la ville Birao, dans l'extrême nord-est du pays, se sont emparés vendredi matin de celle d'Ouadda Djallé, à 130 km plus au sud.


(Carte : RFI)
Depuis une dizaine de jours, les rebelles de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) font parler les armes dans l’extrême nord-est de la République centrafricaine. Ils occupent depuis vendredi matin une deuxième ville, Ouadda Djallé, à quelque 130 kilomètres au sud de Birao, la première localité conquise.

L’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), qui est une coalition d’irréductibles opposants au pouvoir de Bangui, revendiquent les attaques armées dans l’extrême nord-est du pays. «Nous avons attaqué Ouadda Djallé vers 4h ce matin. Les combats ont été violents, il y a une vingtaine de morts parmi les Faca (Forces armées centrafricaines)», a commenté un des dirigeants rebelles qui s’est présenté sous le nom de capitaine Yao. Les autoritaires militaires centrafricaines ont confirmé, auprès de l’AFP, la chute de Ouadda Djallé.

L’offensive des rebelles de l’UFDR a débuté le 30 octobre dans l’extrême nord-est du pays, a quelque mille kilomètres de Bangui. Après quelques heures de combats acharnés, les rebelles avaient pris le contrôle de la ville de Birao. La proximité avec le sud-est du Tchad et le sud-ouest du Soudan (Darfour), où des groupes armés sont très actifs, fait dire au chef de l’Etat centrafricain que les rebelles de l’UFDR «sont soutenus par le Soudan». Malgré le démenti de Khartoum, les responsables politiques de Bangui ont maintenu leurs accusations en exacerbant la fibre nationaliste des centrafricains. «Les agresseurs de Birao», comme ils désignent les rebelles, viendraient de l’étranger.

«Les militaires doivent défendre la patrie»

Au secours ! C’est le ton général du meeting organisé par le pouvoir à Bangui, le 8 novembre, pour condamner l’attaque menée par les rebelles de l’UFDR. Mais ce rassemblement s’était transformé en soutien au régime du président François Bozizé, qui a affirmé son farouche détermination d’en finir avec cette rébellion. Il avait promis une riposte, mais devant la débâcle des unités militaires dépêchées dans sur les lieux, le président de la République a eu la dent dure contre «les fuyards» des Forces armées centrafricaines. «Les militaires doivent défendre la patrie, mourir pour la patrie s’il le faut. Ils ne doivent pas avoir peur. Parce que quand ils fuient devant l’ennemi sans combattre, l’ennemi se moque d’eux et crie victoire», a déclaré François Bozizé qui n’a fait aucune allusion à l’avancée des rebelles. Par ailleurs, l’état-major des Faca a aussi enregistré plusieurs dizaines de désertion de soldats dans les contingents basés dans le nord du pays.     

Le président de la République s’en est pris aussi à la presse et la justice de son pays. Il a accusé les magistrats d’avoir mis en liberté des personnes aujourd’hui soupçonnées de collusion avec la rébellion. François Bozizé a aussi demandé l’appui de la France qui entretient un contingent de 200 soldats à Bangui. Le principal parti d’opposition, le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), de l’ancien Premier Martin Ziguélé, s’inquiète des déclarations belliqueuses du pouvoir et demande à «la communauté internationale de faire pression sur Bangui afin que soit évitée une guerre programmée». L’ancien Premier ministre pense que son pays traverse depuis plusieurs années une crise d’ordre politico-militaire et «exige» la tenue d’un «dialogue politique» au lieu de la solution militaire que semble privilégier le pouvoir.



par Didier  Samson

Article publié le 10/11/2006 Dernière mise à jour le 10/11/2006 à 18:58 TU