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Allemagne-UE

La feuille de route européenne d'Angela Merkel

Depuis le 1er janvier, la chancelière allemande Angela Merkel assure la présidence tournante de l'Union européenne. 

		(Photo : AFP)
Depuis le 1er janvier, la chancelière allemande Angela Merkel assure la présidence tournante de l'Union européenne.
(Photo : AFP)

Pour sa première visite en qualité de nouvelle présidente de l’Union européenne, la chancelière allemande, Angela Merkel, a choisi de se rendre à Washington pour rencontrer le président américain George Bush. Dans une interview au Financial Times, elle affirme son intention de reserrer la coopération économique entre l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis.


Angela Merkel souhaite placer son mandat semestriel sous le signe d'une double relance. Et cela, à l'intérieur de l'Union en incitant les Etats membres à reconsidérer la question de la Constitution comme au plan extérieur où elle entend «revitaliser» le rôle du Quartet impliqué dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Enfin, outre la politique énergétique européenne, Angela Merkel place aussi en tête de ses priorités la situation en Irak et le dossier nucléaire iranien, des sujets qui intéressent Washington tout autant .

Restaurer les relations transatlantiques

Mercredi, Angela Merkel déclarait au quotidien économique britannique, le Financial Times, que la restauration des relations transatlantiques était une des priorités de sa présidence de l’Union européenne. Elle marque ainsi une rupture avec son prédécesseur social-démocrate à la chancellerie, Gerhard Schröder qui s’était tourné vers Vladimir Poutine, pour cause de différend avec le président Bush dans la guerre en Irak. Angela Merkel renoue avec Washington. Elle envisage même la création d' une zone de libre-échange entre l’Union et les Etats-Unis.

Pour autant, la chancelière Merkel reconnaît à son homologue russe le droit de vouloir s’implanter sur le marché européen, comme il a d'ailleurs entrepris de le faire dans le domaine du gaz. Mais justement, sur ce point, Merkel entend jeter les bases d'une coordination européenne pour amener Moscou à davantage de relations multilatérales. De l'avis de la chancelière, mais pas seulement, l’Europe a besoin d’une véritable politique énergétique, mais aussi plus largement d'une coordination économique, fiscale et sociale et donc d’un budget à la hauteur.

«Redynamiser» la Constitution

Sans surprise, la chancelière allemande s’est immédiatement déclarée en faveur d'un traitement rapide de la question de la Constitution. C'est une priorité pour que «l’Union Européenne conserve sa capacité d’action», dit-elle. Angela Merkel propose donc aux 27 pays membres une feuille de route. Selon son ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, l'objectif «est de pouvoir présenter un plan concret où seront clarifiés le calendrier et les contours d’une solution» au terme de la présidence allemande du Conseil européen

 «Nous ne pouvons pas faire de miracles», prévient Frank-Walter Steinmeier. De son côté, Angela Merkel souligne que son pays ne pourra pas à lui seul résoudre la crise provoquée en 2005 par le double rejet, français puis néerlandais, du traité constitutionnel. Elle compte proposer un calendrier de travail sur 18 mois, jusqu’au 30 juin 2008, incluant la participation active du Portugal et de la Slovénie qui  lui succèderont à la présidence de l’Union.

Les dix-huit pays qui ont déjà ratifié le traité se réuniront à Madrid fin janvier pour rappeler les mérites d’un texte qui devait permettre à l’Union élargie de fonctionner à 27. Par ailleurs, Angela Merkel table sur la commémoration du cinquantenaire du traité de Rome prévue à Berlin en mars prochain pour relancer la dynamique européenne et lutter contre les eurosceptiques de tous bords.

Pour sa part, le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, est persuadé qu’Angela Merkel  «réussira à éliminer les mauvaises solutions, et à ne pas commettre l’erreur qui consisterait à penser qu’on peut reprendre à zéro les négociations.  Elle veillera à ce que soit préservée la substance du traité constitutionnel», a-t-il ajouté. Pour autant, rien de vraiment décisif ne pourra sans doute être accompli au cours de ce semestre, compte tenu des échéances électorales en France et de la transition au Royaume-Uni entre Tony Blair et Gordon Brown. Le futur président du Parlement européen, l’Allemand Hans Gert Pöttering (CDU) relève «qu’on ne pourra vraiment s’attaquer à la question de la Constitution qu’après l’élection présidentielle française du mois de mai prochain». L’Allemagne devra donc guider l’Europe sans idée claire sur les priorités des dirigeants français et britanniques au second semestre 2007.

Relancer les pourparlers de paix au Proche-Orient

En matière de politique extérieure, la chancelière allemande affiche la même détermination. Outre l’épineux dossier du nucléaire iranien, Angela Merkel se veut ambitieuse sur le Proche-Orient où elle compte se rendre, début février. Pour relancer le processus de paix israélo-palestinien, chaque jour plus fragilisé,  elle estime que le Quartet international (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU) doit être «revitalisé et, dans ce domaine, l’UE a un rôle actif à jouer». Frank-Walter Steinmeier s’est entretenu récemment avec la secrétaire d’Etat américaine Condoleeza Rice, le nouveau secrétaire des Nations unies Ban Ki-moon et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Le ministre allemand des Affaires étrangères souhaite que le Quartet se réunisse ce mois-ci. Il réfléchit à la possibilité de tenir cette réunion à Berlin.

Pendant six mois, l’Allemagne, pays le plus peuplé de l’Union où elle occupe le premier rang économique, devra faire face aux défis de la mondialisation, celle du commerce et des finances, mais aussi du terrorisme et de la guerre. En la matière, le ministre allemand de l’Intérieur, Wolfgang Schäuble(CDU), envisage de renforcer le rôle d’Europol et donc la collaboration entre les polices des Etats membres. «L’Europe ne pourra rester forte que si ses concitoyens sentent qu’ils ont un avenir. Nombreux sont ceux qui se demandent si l’Europe leur apporte sécurité et prospérité et s’il n’y a pas trop de bureaucratie», déclarait la chancelière Merkel dans ses vœux de fin d’année.

Elargissement oblige, l’Allemagne ne reviendra pas aux commandes de l’Europe avant 2020. Pour l'heure, hasard du calendrier, en 2007, en même temps que la présidence européenne, Berlin prend aussi, les rênes du G8, le groupement des huit pays les plus industrialisés.



par Françoise  Dentinger

Article publié le 03/01/2007 Dernière mise à jour le 03/01/2007 à 15:14 TU

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Hans Stark

Chercheur à l'Institut français des relations internationales

«Au Proche-Orient, on attend beaucoup de l'Union européenne.»

[02/01/2007]

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