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Etats-Unis

La cohabitation commence

Au Congrès où la majorité est désormais démocrate, la politique en Irak du président George Bush ne convainc pas non plus tous les républicains. 

		(Photo : AFP)
Au Congrès où la majorité est désormais démocrate, la politique en Irak du président George Bush ne convainc pas non plus tous les républicains.
(Photo : AFP)

Le Congrès américain, majoritairement démocrate pour la première fois depuis douze ans, suite aux élections du 7 novembre dernier, prend ses fonctions ce jeudi. Confronté à la cohabitation, le président George Bush s'apprête à prononcer un discours très attendu sur sa politique controversée en Irak où il pourrait limoger le commandant des forces américaines, le général George Casey. Alors que le seuil symbolique des 3 000 militaires américains morts en Irak vient d’être atteint et que la grogne monte dans les rangs, la presse américaine évoque la possibilité d’une «progression soutenue» des effectifs militaires américains en Irak.


(Graphique : Nicolas Catonné / RFI)
(Graphique : Nicolas Catonné / RFI)

La rentrée politique s’annonce difficile, en ce début d’année, pour le président George Bush à l'heure de la cohabitation. Dans les deux dernières années de son mandat, il devra composer avec son opposition démocrate qui, aux elections de mi-mandat du 7 novembre dernier, a emporté une confortable majorité à la Chambre des représentants et une marge de manoeuvre très étroite au Sénat, où le renoncement voire la disparition du sénateur démocrate Tim Johnson, en soins intensifs à l'hôpital George Washington, ramènerait le balancier du côté des républicains.

(Carte : Nicolas Catonné / RFI)
(Carte : Nicolas Catonné / RFI)

L’impopularité de la guerre en Irak a permis à l’opposition démocrate de gagner les élections. Ce dossier brûlant est donc en tête des priorités du nouveau Congrès et, ces derniers jours, le président George Bush a multiplié les messages à l’adresse des opposants à la guerre en Irak. Mercredi, dans une tribune publiée par le quotidien économique américain Wall Street Journal, le président américain a prévenu qu’une attitude «partisane» du Congrès «pourrait conduire à une impasse».  

Pour George Bush, les Etats-Unis peuvent «aider l’Irak à vaincre les extrémistes», car, dit-il : si «les extrémistes l’emportaient, les ennemis de l’Amérique sortiraient renforcés et encouragés de notre défaite». Pour «gagner la guerre», le président américain appelle démocrates et républicains à dépasser les clivages politiques, et à «construire un consensus» qui, selon lui, permettrait à l’Amérique de «devenir une société plus sûre, plus prospère et pleine d’espoir». Le président américain insiste sur les avantages d’une coopération entre les deux camps. Ce message, il l’a répété lors d'une soirée organisée mercredi soir à la Maison blanche et à laquelle étaient conviés les leaders politiques des deux partis.

Pour leur part, sur ce dossier épineux, les élus du Congrès cherchent aussi à œuvrer à un «consensus». Mais cela plutôt pour «faire pression» sur le président américain. C'est d'ailleurs dans cette perspective que le Congrès a prévu d'entendre à partir du 9 janvier une dizaine de responsables gouvernementaux, de militaires et d’experts sur l’Irak. Selon un sondage réalisé par le très influent Military Times Media, 42% des militaires américains d’active désapprouvent la stratégie irakienne de leur commandant en chef. Nul n'a oublié qu'en novembre dernier, une campagne de ce même média spécialisé avait obtenu la démission de l’ex-secrétaire d’Etat à la Défense, Donald Rumsfeld.

George Bush s'apprèterait à limoger le général George Casey, le commandant des forces américaines en Irak

En réponse à une opinion publique pressée de voir ses soldats rentrer, le président Bush s’apprêterait à sacrifier le général George Casey, le commandant des forces américaines en Irak. Ce dernier payerait le prix de l’échec de l’actuelle politique, définie en novembre 2005 comme une «stratégie nationale pour la victoire en Irak». En octobre dernier, alors qu'aux Etats-Unis la campagne électorale battait son plein, en Irak, Casey avait promis de «nettoyer» Bagdad dans une conférence de presse abondamment relayée. Cette semaine, dans une interview au New York Times, le même commandant en chef des forces américaines en Irak explique que «Plus nous restons et plus les forces américaines supportent le principal fardeau de la sécurité, plus cela permet au gouvernement irakien de ne pas prendre les décisions difficiles sur la réconciliation et la gestion des milices».

La presse américaine donne Casey sortant d'ici février-mars, George Bush s'apprétant pour sa part à envoyer quinze à vingt-mille soldats américains en renfort des 140 000 déjà déployés en Irak. Alors que les Etats-Unis ont déjà perdu 3 000 soldats en Irak, Bush entend donc poursuivre «l’offensive contre les ennemis de la liberté». Saluant l’exécution de l’ancien président irakien, Saddam Hussein, le président américain a prévenu que «des choix difficiles et des sacrifices restent à faire».

Au Congrès, le budget semble être, pour l’heure, la seule arme véritable permettant aux démocrates de contrecarrer les plans du président Bush. Il serait bien évidemment délicat de s'en servir à propos des fonds alloués aux troupes en Irak. Reste que sur la question de l'Irak, certains républicains risquent de faire défaut eux aussi au président Bush.



par Elisa  Drago

Article publié le 04/01/2007 Dernière mise à jour le 04/01/2007 à 12:35 TU