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Pologne

Monseigneur Wielgus contraint à la démission

<p>Le nouvel archevêque de Varsovie, Mgr Stanislaw Wielgus, a démissionné dimanche.</p> 

		(Photo : AFP)

Le nouvel archevêque de Varsovie, Mgr Stanislaw Wielgus, a démissionné dimanche.


(Photo : AFP)
Le nouvel archevêque de Varsovie a été forcé de démissionner de sa charge. Après avoir nié toute collaboration avec la police secrète à l’époque de la Pologne communiste, il a fini par reconnaître les faits. Le pape Benoît XVI qui avait pourtant soutenu fermement le prélat, a cédé face à la pression de l’opinion polonaise en acceptant la démission de Monseigneur Stanislaw Wielgus. Cette affaire secoue le pays.

Le repentir tardif de Monseigneur Wielgus n’y aura rien changé. Il était devenu impossible pour le prélat de prendre en charge l’archevêché de Varsovie alors que son passé d’agent de la police secrète communiste avait été mis au jour. D’autant qu’il devait remplacer Monseigneur Jozef Glemp, une figure de la lutte contre le communisme, qui du coup reste en fonction «jusqu’à la prise d’une nouvelle décision».

Cette affaire met l’Eglise polonaise mais aussi le Vatican dans l’embarras. Le pape Benoît XVI avait, en effet, manifesté clairement qu’il avait choisi Stanislaw Wielgus «en conscience» et lui faisait «confiance». Le communiqué diffusé le 21 décembre, alors que les accusations contre le nouvel archevêque nommé officiellement le 6 s’amplifiaient, était de ce point de vue révélateur. Il affirmait que «le Saint Siège, en décidant la nomination du nouvel archevêque de Varsovie, [avait] pris en considération toutes les circonstances de sa vie, parmi lesquelles celles concernant son passé». Une manière d’opposer une fin de non recevoir aux critiques.

Nier d’abord, confesser ensuite

De son côté, Stanislaw Wielgus a d’abord choisi la stratégie de la négation. Il a, en effet, affirmé être accusé à tort d’avoir collaboré avec la police secrète à l’époque communiste. Le 5 janvier, soit deux jours seulement avant de démissionner, il a diffusé un communiqué dans lequel il déclarait : «Je n’ai effectué aucune mission de renseignement, je n’ai fait aucun mal ni dans les faits, ni par les paroles». Des propos pourtant démentis par une commission spéciale de l’Eglise polonaise issue de l’Institut de la mémoire nationale (IPN), qui a indiqué qu’«il existe de nombreux documents importants confirmant le fait que le père Stanislaw Wielgus s’était déclaré prêt à collaborer, de façon consciente et secrète, avec les organes de sécurité communiste».

Le prêtre a été recruté par la police secrète lorsqu’il était étudiant en philosophie à l’université catholique de Lublin, en 1967, et a coopéré avec elle pendant une vingtaine d’années. Les documents sur lesquels s’est appuyé la commission pour établir sa collaboration avec ces services de la sécurité communiste chargés de surveiller les Polonais, qui ont été rendus publics, indiquent qu’il a d’ailleurs suivi «une formation spéciale agent» et qu’il était désigné par plusieurs pseudonymes : «Grey», «Adam» ou encore «Adam Wysocki».

Face à la montée des protestations dans le pays -des sondages indiquaient qu’une majorité de Polonais estimaient qu’il ne pouvait devenir archevêque de Varsovie dans ces conditions-, Monseigneur Wielgus a dû faire son mea culpa et reconnaître qu’il avait menti. Sur le mode de l’acte de contrition, il a concédé : «Je confesse aujourd’hui devant vous cette erreur que j’ai commise autrefois, comme je l’avais confessée au Saint-Père. Par cette implication, j’ai nui à l’Eglise (…) Je respecterai la décision du pape, quelle qu’elle soit». Et d’ajouter : «J’ai nui une nouvelle fois à l’Eglise quand, ces derniers jours, au cœur d’une campagne médiatique intense, j’ai nié cette collaboration».

Une affaire aux allures de scandale

Dans un pays à 95% catholique, où l’Eglise a incarné l’un des piliers de la lutte contre le communisme, notamment avec celui qui allait devenir le pape Jean-Paul II, Karol Wojtyla, l’affaire a pris des allures de scandale. Le cas de Stanislaw Wielgus est particulièrement emblématique parce qu’il devait accéder à l’une des charges les plus importantes de l’Eglise polonaise. Ce qui est apparu insupportable dans le pays. Mais il a aussi participé à mettre en évidence la coopération de certains prélats avec la police secrète communiste. Un phénomène qui concernerait, selon les historiens, environ 10% des membres du clergé polonais mais qui n’avait pas été évoqué jusqu’à très récemment. Dans ce contexte, le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi, a estimé que la campagne contre Monseigneur Wielgus était «une vengeance» contre l’Eglise polonaise de la part des «persécuteurs du passé», plutôt «qu’une sincère recherche de transparence et de vérité».

par Valérie  Gas

Article publié le 07/01/2007 Dernière mise à jour le 07/01/2007 à 15:03 TU

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Henryk Wozniakowski

Président des éditions catholiques Znak

«Monseigneur Wielgus a vraisemblablement longtemps continué à coopérer avec les communistes polonais.»

[08/01/2007]

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