Union européenne
La Slovénie fête l’euro
(Photo : AFP)
Le 1er janvier 2007 a été une date importante pour la Slovénie. Ce pays a été, à minuit, le premier des dix Etats entrés dans l’Union, en mai 2004, à adopter l’euro. Mais c’est aujourd’hui que les Slovènes disent adieu officiellement à leur monnaie nationale, le tolar (239,64 tolars pour un euro), qui avait été introduit dans l'économie slovène, en 1991 pour marquer l’indépendance de cette République de l’ancienne Yougoslavie. Pour son passage réussi à la monnaie unique, Ljubljana a accueilli en grandes pompes la chancelière allemande Angela Merkel, mais aussi le président de la Commission européenne José Manuel Durrao Barroso, celui de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, et celui de l’euro-groupe le Premier ministre du Luxembourg Jean-Claude Junker, ainsi qu’une demi-douzaine de chefs de gouvernements.
Pour les dirigeants de la jeune démocratie slovène, ces festivités marquent l’ancrage du pays dans le cercle des nations développées. Pour entrer dans la zone euro, ce petit pays de 2 millions d’habitants n’a pas ménagé sa peine. Les gouvernements successifs, de centre-gauche puis de centre-droit, en ont fait une priorité. Résultat, moins de trois ans après son adhésion à l’Union, cette ancienne République yougoslave est parvenue à satisfaire aux critères fixés par le Traité de Maastricht sur la stabilité des prix, des changes, des taux d’intérêt et la maitrise des comptes publics. «Non seulement la Slovénie a réalisé des performances exceptionnelles pendant le processus de convergence pour accéder à la zone euro, mais même le dernier bout du chemin, l'introduction des pièces et des billets, a également été exemplaire jusqu'ici», a commenté Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, au cours d'une conférence dans la capitale Ljubljana.
Un changement rapide et radical
234 millions de pièces d’euro slovène ont ainsi été mises en circulation dans l’UE, avec pour la première fois, dessinée sur la face standard des pièces, une carte de l’Europe entière. Le scénario choisi par la Slovénie a été celui du «big bang» : un changement rapide et radical. Les Slovènes ont disposé d’une quinzaine de jours de double circulation entre la monnaie nationale, le tolar, et l’euro, avant de définitivement basculer dans la monnaie unique. Tout au long de l’année 2006, les pouvoirs publics, les organismes professionnels et les banques ont informé les consommateurs pour que le basculement se déroule dans les meilleures conditions. Pour éviter les dérapages, le gouvernement de Ljubljana a encouragé les particuliers à surveiller l’évolution des prix.
L’Association slovène des consommateurs a noté plus de 600 cas de hausses des prix, essentiellement dans les restaurants et les débits de boissons. Selon Mitja Gaspari, le président de la Banque centrale slovène, «il y a en effet des signes montrant que dans certains services, comme les coiffeurs ou la gastronomie, les prix ont augmenté». Mais les craintes de voir les prix flamber ne devraient pas entamer, selon lui, l’image de l’euro auprès de ses compatriotes : «Les Slovènes voient l’euro de façon très positive, cela est confirmé par les sondages d’opinion». Cela est loin d’être le cas dans l’ensemble de la zone euro. Cinq ans après l’arrivée des nouveaux billets, l’enthousiasme s’est largement émoussé dans les opinions publiques qui associent la devise européenne à la hausse des prix.
Ce changement de monnaie est également observé dans d’autres pays européens concernés, eux aussi, par une future adhésion à la monnaie unique. En décembre dernier, la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne ont présenté leur rapport d’évaluation sur chacun des pays membres qui souhaitent adopter l’euro. Remplissent le critère sur l’inflation : la République tchèque, Chypre, la Pologne et la Suède. Remplissent le critère budgétaire : l’Estonie, la Lettonie, Chypre et la Suède. Seule l’Estonie entrait dans les critères liés au taux de change, et tous les pays, sauf la Hongrie, atteignaient l’objectif lié aux taux d’intérêt. A ce stade, Chypre et Malte devraient en principe rejoindre la zone euro le 1er janvier 2008, puis la Slovaquie en 2009. La Hongrie, en raison d’un déficit public proche de 10% de son PIB en 2006, a repoussé à 2013 son entrée dans la zone euro. Les trois pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie) vont devoir attendre le 1er janvier 2009, en raison d’un taux d’inflation trop élevé. La Pologne n’a toujours pas arrêté de date.
par Myriam Berber
Article publié le 15/01/2007 Dernière mise à jour le 15/01/2007 à 16:08 TU