Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Union européenne

Extrême droite : la renaissance

Bruno Gollnisch, président du groupe «Identité, tradition, souveraineté» (ITS) au Parlement européen. 

		(Photo : AFP)
Bruno Gollnisch, président du groupe «Identité, tradition, souveraineté» (ITS) au Parlement européen.
(Photo : AFP)
L’extrême droite, qui échouait depuis 1994 à se fédérer au Parlement européen, vient d’y parvenir, à la faveur de l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie. Le nouveau groupe baptisé «Identité, tradition, souveraineté» (ITS), se compose de 20 élus, dont 7 du Front national, parti d’extrême droite français, qui en constitue la part la plus importante. Cette extrême droite réconciliée sera présidée par le Français Bruno Gollnisch, numéro deux du Front national de Jean-Marie Le Pen.

L’entrée des Bulgares et des Roumains au sein de l'Union européenne aura donc eu cet effet inattendu, celui de permettre la renaissance de l’extrême droite, au Parlement européen. Depuis 1994, en raison de leurs divergences, les élus d’extrême droite siégeaient la plupart du temps parmi les députés non inscrits. Avec l’apport des Bulgares et des Roumains, le groupe «Identité, tradition, souveraineté» (ITS) atteint tout juste les 20 membres venant de 6 Etats membres, nombre minimum requis pour la constitution d’un groupe au Parlement européen.

Pour la famille traditionnelle et contre l’immigration massive

La constitution du nouveau groupe a eu lieu lors de la première session de l’année du Parlement, lundi à Strasbourg. Session plénière pendant laquelle a été renouvelé une grande partie de l’encadrement du Parlement européen, notamment son président. La loi de l'alternance entraîne le départ du socialiste Josep Borrell. Le démocrate-chrétien Hans-Gert Pöttering lui succède. «ITS» a pour vocation, selon son président Bruno Gollnisch, «la reconnaissance des intérêts nationaux, des souverainetés, des identités et des différences». Par ailleurs, le groupe s’engage à défendre «les valeurs chrétiennes et celles de la famille traditionnelle et s’oppose à une Europe unitaire, bureaucratique et à un super Etat européen ainsi qu’à une politique massive d’immigration». Rien pour surprendre donc. Le fond de commerce de l’extrême droite y est tout entier.

Le groupe «ITS» sera composé de 7 eurodéputés du Front national français parmi lesquels Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine, de 5 élus du parti de la «Grande Roumanie» de Corneliu Vadim Tudor, 3 élus belges du parti indépendantiste flamand «Vlaams Belang», de l’Autrichien du FPÖ Andreas Mölzer, 2 nationalistes italiens dont la petite-fille du Duce, Alessandra Mussolini, le Britannique Ashley Mote, et enfin, le Bulgare Dimitar Stoyanov du parti ultranationaliste «Ataka».

De belles tzsiganes à 5 000 euros !

Plusieurs responsables de ces partis se sont illustrés pour leurs propos racistes ou xénophobes. Hasard du calendrier, le Français Bruno Gollnisch connaîtra jeudi le jugement rendu à son encontre par le tribunal correctionnel de Lyon. Il était poursuivi pour «contestation de l’existence de crimes contre l’humanité», des faits qui remontent au 11 octobre 2004. Le procureur de la République a requis une peine de 10 000 euros d’amende contre l’élu frontiste. Le Bulgare Dimitar Stoyanov d’Ataka, s’est lui aussi fait remarquer en protestant contre l’attribution à une Hongroise d’origine Rom, de la distinction «meilleure parlementaire 2006».

L’eurodéputé Stoyanov avait alors finement observé que dans son pays il y avait des dizaines de milliers de filles tziganes «plus belles que cette parlementaire-là. Les meilleures d’entre elles sont chères -5000 euros-…Wow !»  On peut aussi relever que l’Autrichien Andreas Mölzer, un ancien proche de Jörg Haider avant qu’ils ne se brouillent, avait été un temps écarté du parti d’extrême droite autrichien FPÖ, pour ses positions trop à droite… Détail qui ne manque pas de piquant, le mouvement d’Andreas Mölzer a milité et voté contre l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne avec laquelle aujourd’hui il compose volontiers.  

Idées anti-européennes

«ITS» devient aujourd’hui le plus petit groupe du Parlement européen qui compte désormais 4 groupes souverainistes. Mais Bruno Gollnisch peut espérer légitimement voir son groupe s’agrandir avec les prochaines élections pour le Parlement européen prévues au printemps en Bulgarie et en Roumanie. D’autres eurodéputés d’extrême droite pourraient bien en effet être élus chez ces derniers arrivants.

Les élus qui constituent le groupe «ITS» auront donc surmonté leurs divergences pour pouvoir, entre autre, bénéficier d’avantages matériels. Le nouveau groupe aura en effet le droit de déposer des amendements et des résolutions. Il aura en outre un peu plus de temps de parole et surtout, il recevra davantage de subventions européennes. A l’annonce de la création d’«ITS», la semaine dernière, Israël s’est dit «profondément préoccupé par la formation d’un groupe parlementaire dont le dénominateur commun est la xénophobie et l’antisémitisme».

Bien que les partis traditionnels soient restés assez discrets face au nouveau groupe, le social-démocrate allemand Vural Öger, a néanmoins estimé que l’«ITS» était «un parti d’extrême droite avec des idées anti-européennes qui n’a pas sa place au Parlement européen». D’autres eurodéputés socialistes ont suggéré d’établir un «cordon sanitaire» autour de la nouvelle formation d’extrême droite.

par Claire  Arsenault

Article publié le 15/01/2007 Dernière mise à jour le 15/01/2007 à 16:37 TU

Audio

Bruno Gollnisch

Président du groupe d'extrême droite européen Identité, Tradition, Souveraineté (ITS)

«Nous ne sommes pas extrémistes, nous sommes le poil à gratter.»

[15/01/2007]

Quentin Dickinson

Correspondant de RFI à Bruxelles

«L'extrême droite s'est toujours opposée à l'élargissement de l'Union et paradoxalement c'est l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie qui lui permet de se constituer en groupe.»

[15/01/2007]

Articles