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Etats-Unis - Moyen-Orient

Une tournée peu convaincante

Condoleezza Rice a rencontré Saud al-Faisal, ministre saoudien des Affaires étrangères. Son pays est sceptique concernant le plan Bush pour l'Irak. 

		(Photo : AFP)
Condoleezza Rice a rencontré Saud al-Faisal, ministre saoudien des Affaires étrangères. Son pays est sceptique concernant le plan Bush pour l'Irak.
(Photo : AFP)
La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice a achevé ce mardi au Koweït sa tournée au Moyen-Orient destinée à promouvoir le plan Bush pour l'Irak. Sans grand succès. Les pays arabes, alliés de Washington n’ont pas manifesté d’enthousiasme. Sur le dossier israélo-palestinien, Condoleezza Rice a annoncé une rencontre entre Israël, les Palestiniens et les Etats-Unis - qui pourrait avoir lieu le mois prochain dans la région. Ces discussions, les plus sérieuses depuis six ans, représenteraient un succès diplomatique pour l’administration Bush, très critiquée sur sa nouvelle stratégie pour l’Irak.

Ce mardi au Koweït, sixième et dernière étape de sa tournée dans la région, Condoleezza Rice a demandé aux alliés arabes des Etats-Unis un appui politique et une aide financière pour l’Irak, en soulignant «nous partageons les risques et les responsabilités». Elle est allée à la rencontre des dirigeants du CCG+2, le groupe informel créé en 1981 et qui rassemble les six monarchies arabes du Conseil de Coopération du Golfe (Arabie Saoudite, sultanat d’Oman, Emirats arabes unis, Qatar, Bahreïn et Koweït) auxquels sont venus se joindre l’Egypte et la Jordanie. A l'issue de la réunion, tous ont appelé l'Iran à «s'abstenir d'ingérence dans les affaires internes de l'Irak».

La secrétaire d’Etat américaine a précedemment obtenu le soutien de l’Egypte au plan Bush pour l’Irak qui prévoit l’envoi de 20 000 soldats supplémentaires, une augmentation de l’aide à la reconstruction et le déploiement de missiles antimissile Patriot dans le Golfe pour, selon la secrétaire d'Etat, protéger ses alliés arabes. Par la voix de son chef de la diplomatie, Ahmed Aboul Gheit, l'Egypte dit espérer que le plan Bush «permettra le démantèlement des organisations terroristes et des milices armées» en Irak, sans toutefois préciser en quoi consisterait l’aide apportée par le Caire. Pour sa part, l’Arabie Saoudite s’est montrée sceptique, considérant que les moyens pour réussir sont entre les mains des Irakiens. Tandis que dimanche, à Amman, le roi Abdallah II a insisté sur la nécessité d’inclure les sunnites «dans les efforts visant à rétablir la stabilité et la sécurité» de l’Irak.

Ces dernières semaines, la presse américaine avait fait état d’une «solution des 80 pour cent», préparée par le cabinet du vice-président Dick Cheney et qui consistait à abandonner les efforts de réconciliation avec la minorité sunnite irakienne en donnant la priorité aux chiites modérés et aux kurdes, sortis vainqueurs des élections, qui représentent 80% des Irakiens et contrôlent les zones riches en pétrole.

Lier deux dossiers

Arrivée samedi au Proche-Orient «sans plan ni proposition» sur le dossier israélo-palestinien, la secrétaire d’Etat américaine avait minimisé les attentes sur ce dossier. L’effet d’une initiative américaine n’en est que plus retentissant. En effet, Condoleezza Rice a annoncé, ce lundi en Egypte, qu’elle allait rencontrer «bientôt» le Premier ministre israélien Ehu Olmert  et le président palestinien Mahmoud Abbas «pour discuter des grandes questions à l’horizon, afin de travailler sur la Feuille de route, et d'essayer de l’accélérer, et de nous diriger vers l’établissement d’un Etat palestinien», a-t-elle affirmé, tout en soulignant que ce sera une rencontre informelle, la volonté n’étant pas de se «précipiter sur des négociations formelles».

Cette réunion tripartite, qui devrait avoir lieu le mois prochain dans la région, serait précédée d’une réunion ministérielle du Quartet pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie, Onu) qui pourrait se tenir début février à Washington, selon des responsables américains.

Indépendamment de la portée réelle que cette réunion pourrait avoir sur le processus de paix israélo-palestinien, aujourd’hui dans l’impasse, la perspective d’une reprise du dialogue entre Israéliens et Palestiniens suscite d’autant plus d’intérêt que cette réunion serait la première depuis six ans. En 2001, Israël et les Palestiniens avaient entamé des négociations marathon à Taba, sur la mer Rouge, en Egypte, mais qui n’ont pas abouti. Seulement aujourd’hui le contexte est différent. 

Cette rencontre tripartite pourrait avoir un double objectif. Ainsi, en faisant ce «cadeau» aux dirigeants des monarchies du Golfe, Washington pourrait obtenir leur soutien à sa nouvelle stratégie pour l’Irak. Les Etats-Unis espèrent ainsi calmer l’effet pervers provoqué au sein des populations arabes par l’exécution de l’ancien président irakien, Saddam Hussein, dont la pendaison, le jour même où les sunnites célébraient la fête religieuse du sacrifice, l’Aïd el-Adha, a suscité un grand émoi et un profond ressentiment dans le monde arabe.

D’autre part, cette initiative américaine représenterait un succès diplomatique opportun au moment où le président Bush est confronté à une forte opposition sur le plan intérieur concernant sa nouvelle stratégie pour l’Irak. Très impopulaire, elle a suscité une levée de boucliers au Congrès, même de la part de certains républicains. Les démocrates, majoritaires dans les deux assemblées, menacent de bloquer les fonds nécessaires lors du vote du budget.



par Elisa  Drago

Article publié le 16/01/2007 Dernière mise à jour le 16/01/2007 à 19:13 TU