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Etats-Unis - Proche-Orient

Condoleezza Rice cherche à convaincre

Condoleezza Rice a rencontré le ministre de la Défense israélien, Amir Peretz, ce samedi 13 janvier en Israël, première étape de sa tournée au Proche-Orient. 

		(Photo : AFP)
Condoleezza Rice a rencontré le ministre de la Défense israélien, Amir Peretz, ce samedi 13 janvier en Israël, première étape de sa tournée au Proche-Orient.
(Photo : AFP)
Le chef de la diplomatie américaine a entamé, ce samedi, en Israël une tournée de six jours au Proche-Orient, qui l’amènera dans les territoires palestiniens, en Jordanie, en Egypte, en Arabie Saoudite et au Koweït. Au retour de courtes escales sont prévues en Allemagne et au Royaume-Uni. Condoleezza Rice arrive sans plan ni propositions pour la paix entre Israéliens et Palestiniens, mais s’oppose à un élargissement à des pays arabes du Quartette international, auteur de la Feuille de route. Elle va surtout promouvoir le nouveau plan Bush pour l’Irak, annoncé mercredi dernier et accueilli avec un profond scepticisme. Condoleezza Rice est à la recherche du soutien arabe à la nouvelle stratégie de l’administration Bush.

Pour ceux qui espéraient que Condoleezza Rice arrive au Proche-Orient avec un plan de paix israélo-palestinien dans sa valise, la déception risque d’être grande. Dans l’avion qui l’emmenait au Proche-Orient, la secrétaire d’Etat américaine l’a dit : «Je ne viens pas avec un plan», tout en ajoutant qu’il ne faut pas un plan «Made in America». Alors qu’elle fait état depuis plusieurs semaines d’«ouvertures» au Proche-Orient, Condoleeza Rice souhaite voir «comment on peut accélérer la Feuille de route», le plan de paix international proposé par Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et Nations unies), qui prévoit la création d’un Etat palestinien. Cependant, Washington est opposé à la proposition espagnole d’élargir le Quartette à des pays arabes.

Ce vendredi, lors d’une réunion internationale à Madrid, marquant l’anniversaire de la conférence de paix sur le Proche-Orient organisée il y a quinze ans dans la capitale espagnole, Miguel Angel Moratinos, le chef de la diplomatie espagnole, avait proposé d’associer les pays arabes au Quartette de négociation sur le conflit israélo-palestinien, tout en réitérant l’appel à l’organisation d’une nouvelle conférence de paix, sur le modèle de celle de 1991, qui avait ouvert la voie aux accords d’Oslo sur l’autonomie palestinienne en 1993. Pour sa part, le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana, s'est dit plutôt favorable à l'organisation «aussi souvent que possible» de réunions entre la Ligue Arabe et le Quartette.

Dans leur communiqué, les participants à cette réunion ont appelé à une «reprise immédiate des négociations», alors que vient d’être reportée une réunion du Quartette, prévue le 25 janvier prochain à Paris, en marge d’une conférence internationale sur le Liban.

Une aide financière pour la présidence palestinienne

Ce dimanche, Condoleezza Rice doit rencontrer à Ramallah le président palestinien Mahmoud Abbas, auquel l’administration Bush souhaite accorder une aide pour entraîner et équiper ses services de sécurité. A cet effet, le président américain vient de demander au Congrès une enveloppe de 86 millions de dollars. De son côté, avant de rencontrer la secrétaire d’Etat américaine, Mahmoud Abbas s’est rendu ce samedi à Amman, pour «coordonner» les positions avec le roi de Jordanie, Abdallah II.

Juste avant l’arrivée de Condoleezza Rice, alors qu’il est boycotté par Washington et l’Union européenne, le Premier ministre palestinien, issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a accusé les Etats-Unis et Israël de chercher «à pousser les Palestiniens à une guerre civile» et à «empêcher la formation d’un véritable gouvernement d’union» nationale. Pour contrer ces «objectifs», il a appelé à la reprise du dialogue entre Palestiniens.

Les tensions entre le Hamas, qui dirige le gouvernement depuis les élections de janvier 2006, et le Fatah du président palestinien, avaient dégénéré en violences après l’annonce faite, en décembre dernier, par Mahmoud Abbas, de sa décision d’organiser des élections anticipées.

Faire échec à l'influence de l’Iran et de la Syrie

Sans plan précis pour une relance du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, la mission de Condoleezza Rice dans la région vise surtout à promouvoir la nouvelle stratégie américaine pour l’Irak qui prévoit l’envoi de 21 000 soldats supplémentaires, une aide financière d’un milliard de dollars pour la reconstruction du pays et le déploiement de missiles antimissile Patriot dans la région pour, selon Washington, protéger les alliés arabes des Etats-Unis.

Dans ce sens, l’étape koweïtienne de Condoleezza Rice est particulièrement importante. En effet, elle s’y réunira avec ses homologues du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui regroupe les six monarchies pétrolières de la région (Arabie Saoudite, Koweït, Emirats arabes unis, Oman, Qatar et Bahreïn), auxquelles viendront se joindre l’Egypte et la Jordanie. L’administration Bush compte sur ce groupe de pays arabes modérés pour faire échec à l’influence de l’Iran et de la Syrie dans la région, accusés de soutenir l’insurrection en Irak.

Le président américain a averti qu'une défaite américaine en Irak reviendrait à créer un «nouveau refuge pour les extrémistes» et constituerait «un danger stratégique pour la survie» de l'Arabie Saoudite, de l'Egypte, de la Jordanie et des autres monarchies pétrolières du Golfe.

Allié de Washington, l’Arabie Saoudite, pays majoritairement sunnite, a déclaré par la voix de son ministre des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal «attendre des explications sur cette stratégie» américaine pour l’Irak. Explications que Ryad espère obtenir lundi prochain, lors de la visite de Condoleezza Rice. La semaine dernière, le prince héritier saoudien, le sultan Ben Abdel Aziz, avait demandé la semaine dernière aux Etats-Unis de «revoir les buts de leur présence» en Irak, et avait implicitement demandé à l'Iran d'arrêter de soutenir les chiites irakiens.

Scepticisme et impopularité

Alors que l’administration Bush ne ménage pas ses efforts diplomatiques auprès de ses alliés arabes pour les convaincre de la pertinence de son nouveau plan, le président américain doit faire face à un flot de critiques, aussi bien de la part du Congrès que de l'opinion publique. Les sondages révèlent l’impopularité de ce plan : plus de 60% des Américains se déclarent hostiles à un renforcement des troupes en Irak. Mais, le président Bush a déclaré à la chaîne de télévision américaine CBS qu’il enverrait des militaires supplémentaires en Irak même si le Congrès tente de s’y opposer.

Dans ce contexte, le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a évoqué la possibilité d’amorcer un retrait des troupes en 2007, mais encore faudra-t-il que les renforts envoyés à Bagdad réussissent à faire retomber les violences de «manière appréciable» et que le gouvernement irakien tienne ses promesses. Selon le président américain, celui-ci (dominé par des chiites) s’est engagé à prendre le contrôle de toutes les provinces irakiennes «d’ici novembre» et pourrait «perdre le soutien des Américains» s’il ne tenait pas ses promesses. Jeudi dernier, au Congrès, la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice avait également estimé que le gouvernement Maliki était «d’une certaine façon en sursis».

Ce samedi, dans sa première réaction officielle, le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki s’est limité à assurer que le nouveau plan américain pour son pays résultait d’une «vision commune», sans commenter les menaces éventuelles que le président Bush fait planer sur son gouvernement en cas d’échec.



par Elisa  Drago

Article publié le 13/01/2007 Dernière mise à jour le 13/01/2007 à 17:58 TU