Disparition
Jean-François Deniau, marin et passionné des hommes
(Photo : AFP)
Jean-François Deniau est né en 1928, à Paris. Mais la mer, le goût de l’aventure et l’exigence morale sont très tôt au rendez-vous. Orphelin de père à 8 ans, il est élevé à Granville, sur la côte normande, par une mère australienne et passionnée par l’écrivain britannique Rudyard Kipling, grand voyageur devant l’éternel, tandis que l’engagement du frère aîné dans la Résistance, dans les années quarante, lui montrera l’exemple. Un frère qui sera aussi à l’origine de sa carrière diplomatique en l’appelant près de lui à Saïgon. C’est dans ce qu’on appelle alors l’Indochine, que Jean-François Deniau prépare le concours d’entrée à l’ENA (l’Ecole nationale d’administration), où il rencontre Valéry Giscard d’Estaing. Une rencontre qui sera décisive. Celui qui se voyait explorateur, marin ou ingénieur hydrographe devient inspecteur des finances, ce qui ne l’empêche pas de publier, sous un pseudonyme, son premier roman, Le Bord des larmes. Il occupe diverses fonctions dans des cabinets ministériels de la IVe République avant de s’installer à Bruxelles. «Une voie de garage» qui permet à cet Européen convaincu de participer à l’élaboration du Traité de Rome, en 1957, avant de devenir commissaire européen.
En 1963, sous De Gaulle, il devient ambassadeur en Mauritanie. Revenu en France, trois ans plus tard, c’est Georges Pompidou qui lui donne son premier portefeuille, celui de la Coopération. Giscard d’Estaing, qui succède en 1974 à Georges Pompidou à la tête de l’Etat, confie à son ami Jean-François Deniau le secrétariat d’Etat à l’Agriculture, avant de le nommer ambassadeur en Espagne, où s’amorce la transition démocratique après le franquisme, et où il partage avec Juan Carlos la passion de la mer et de la voile. Avec l’échec de Giscard d’Estaing à l’élection présidentielle de 1981, il entame sa traversée du désert politique. Il prend alors le large, au sens propre et figuré.
Sur terre et sur mer
Jean-François Deniau multiplie les voyages, en Erythrée, au Cambodge, au Nicaragua, en Afghanistan, où il négocie la paix avec le commandant Massoud. Des missions de bons offices qui ne lui font pas abandonner ses mandats locaux : président du Conseil général, puis député du Cher. Homme de principe, il démissionne de l’UDF en 1998 après l’élection de quatre présidents de région avec les voix de l’extrême-droite de Jean-Marie Le Pen. Il continue à écrire, des romans, mais aussi ses Mémoires de sept vies. Il donne également libre cours à sa passion pour la mer, même atteint de la maladie qui finira par l’emporter. En 1995, au lendemain d’une opération du cœur, il traverse l’Atlantique avec le champion olympique Nicolas Hénard, vingt ans après une première traversée dont il avait rapporté un livre : La mer est ronde. Réunissant son goût pour la littérature et cette passion pour la mer, il avait créé en 2003 le groupe des écrivains de marine… En 1992, lorsqu'il est élu à l’Académie française, Alain Peyrefitte l’accueille avec ces mots : «Votre itinéraire aura réconcilié plus d’un de nos contemporains avec notre époque».
par Danielle Birck
Article publié le 25/01/2007 Dernière mise à jour le 25/01/2007 à 12:53 TU