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UE-Afghanistan

Les Européens tiennent leurs promesses

L'Union européenne (UE) n’a pas voulu être en reste, après que les Etats-Unis aient annoncé vendredi dernier, une rallonge de 10,6 milliards de dollars à leur aide en Afghanistan. Réunie ce lundi à Berlin, la troïka de l’UE a détaillé sa stratégie de soutien à l'Afghanistan. Premier geste : les Européens apportent 600 millions d’euros pour la mise en œuvre de leurs mesures. Les actions européennes ciblent, avant tout, une réforme de la justice, le développement rural avec l’épineux problème de la drogue et la santé.

 

L’Union européenne veut financer un programme pour combattre la production d’opium, une des principales ressources de l’Afghanistan qui fournit 90% du marché mondial. (Photo : AFP)
L’Union européenne veut financer un programme pour combattre la production d’opium, une des principales ressources de l’Afghanistan qui fournit 90% du marché mondial.
(Photo : AFP)

L’ordre du jour de la réunion de Berlin portait essentiellement sur la mise en oeuvre du pacte pour l’Afghanistan. Ce pacte constitue un cadre assurant la coordination du travail du gouvernement afghan et de ses partenaires internationaux, pendant les cinq années à venir. L'Union européenne était représentée à Berlin, par le Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune, Javier Solana et par la commissaire européenne chargée des relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner. La délégation afghane était dirigée par le ministre des Affaires étrangères Rangin Dadfar Spanta.

Force de réaction rapide

La contribution supplémentaire de l'UE à la reconstruction de l’Afghanistan, sera dotée d’une enveloppe de 600 millions d’euros, a annoncé la commissaire Benita Ferrero-Waldner. Elle présentait à la troïka son plan pour les quatre années à venir (2007-2010). Déjà, vendredi dernier, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Otan à Bruxelles, les participants avaient insisté sur la situation d’urgence qui règne en Afghanistan. La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, n’avait d’ailleurs pas hésité à appeler les soldats de l’Otan, présents sur place, à l’offensive. Alors que chacun redoute de nouvelles attaques des talibans dès le retour des beaux jours, elle a encouragé les alliés à foncer. «S’il doit y avoir une offensive de printemps, que ce soit la nôtre, a-t-elle martelé.

L’Otan a reçu le message cinq sur cinq. Dès la semaine prochaine, ses militaires disposeront d’une force de réaction rapide, composée de 700 hommes, basés à Kandahar. «Ces troupes pourront réagir très vite si besoin est, dans tout le pays et, dans des circonstances extraordinaires, elles pourront être parachutées dans les zones requises, a expliqué le porte-parole de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) de l’Otan.

En attendant les grandes manœuvres militaires, les donateurs sont sur le pied de guerre. La commissaire aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, a rappelé qu’elle «a tenu les promesses faites à l’Afghanistan à savoir, dès la chute des talibans en 2001, de lui accorder un milliard d’euros. Les nouvelles mesures dont il est question à Berlin, démontrent notre volonté de continuer à aider l'Afghanistan à se forger un avenir plus sûr et plus prospère». L’UE (Commission plus Etats membres) avaient promis 3,1 milliards d’euros lors de la première conférence des donateurs pour l’Afghanistan en 2002. Mais selon la Commission, ce sont finalement 3,7 milliards d’euros qui ont été effectivement déboursés, soit le tiers de l’aide fournie par la communauté internationale. Un rappel qui n’est pas inutile alors que le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, estimait, il y a peu, insuffisants les efforts fournis par l’Union européenne (UE) en Afghanistan. De même, le secrétariat d’Etat américain a-t-il incité les alliés à augmenter leurs efforts dans tous les domaines, en direction de l’Afghanistan.  

Opium et corruption

A l’issue de la réunion de la troïka, la commissaire Benita Ferrero-Waldner, a précisé que ce nouveau financement, serait destiné en particulier à développer un système judiciaire solide de manière à combattre la corruption. Le programme doit assurer que les juges afghans «agiront à l’avenir d’une manière qui va de soi en Occident» a-t-elle expliqué. L’argent injecté par l’UE, servira aussi à combattre la production d’opium, une des principales ressources de l’Afghanistan qui fournit 90% du marché mondial. La Commission appuie en effet, des programmes de développement rural, dans le but de réduire la dépendance des paysans à l’égard de la culture du pavot.   

De son côté, le principal intéressé, le président afghan, Hamid Karzaï, a fait une offre de paix aux talibans, ce lundi. Il a lancé son appel lors d’un rassemblement religieux, en ces termes : «Tout en combattant pour notre honneur, nous n’en ouvrons pas moins la porte à des négociations avec notre ennemi, qui cherche notre élimination et fait couler notre sang». Il y a deux ans, le président Karzaï avait proposé une amnistie aux talibans «modérés». Cette fois, plus de distinction, l’appel à négocier s’adresse à tous. Cette tentative survient à l’issue de l’année la plus meurtrière pour l’Afghanistan depuis la chute des talibans en 2001. Plus de 4 000 personnes dont 170 soldats étrangers ont été tués dans des combats en 2006.

par Claire  Arsenault

Article publié le 29/01/2007 Dernière mise à jour le 29/01/2007 à 15:26 TU