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Otan-Afghanistan

Bush met 10 milliards sur la table

Réunis à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères des 26 pays de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), se sont penchés, ce vendredi, sur le sort incertain de l’Afghanistan. La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, à qui revient l’initiative de cette réunion informelle, y a dévoilé la nouvelle stratégie des Etats-Unis en Afghanistan. A cette occasion, elle a annoncé que son pays ajouterait 10,6 milliards supplémentaires pour les deux prochaines années consacrés à la sécurité et la reconstruction du pays.

 

Soldats de l'Otan (<i>Royal Canadian Regiment</i>) en Afghanistan. &#13;&#10;&#13;&#10;&#9;&#9;(Photo: AFP)
Soldats de l'Otan (Royal Canadian Regiment) en Afghanistan.
(Photo: AFP)

«Les défis des derniers mois ont démontré que nous devons redoubler nos efforts», a déclaré Condoleezza Rice, en route pour Bruxelles. Autrement dit, les attaques et attentats répétés et meurtriers que les talibans ont mené contre les forces internationales, depuis l’an dernier, exigent des ripostes d’une plus grande ampleur. D'ailleurs, la secrétaire d'Etat a incité clairement les partenaires de l'Otan à reprendre la main, sans attendre. Elle a préconisé en ce sens, que les dizaines de milliers d'hommes sous les ordres de l'Otan, passent à l'offensive, sans attendre les attaques des talibans. Ces attaques ont fait quelque 4 000 morts en 2006, selon l'Otan, soit le double de l'année précédente. Le président George Bush va donc solliciter le Congrès américain pour une somme de 10,6 milliards de dollars. Condoleezza Rice a précisé que cette rallonge budgétaire serait affectée pour 8,6 milliards de dollars à la formation et à l’équipement de l’armée et des forces de police afghanes, dont les effectifs doivent augmenter. Les deux milliards restants serait utilisés, notamment, pour la reconstruction de routes, du réseau électrique et la lutte contre le trafic de drogue.

L’Europe apporte 600 millions

La Commission européenne n’est cependant pas en reste quant aux efforts déployés pour l’Afghanistan. La commissaire aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, qui la représentait, a fait part d’une nouvelle aide de 600 millions d’euros en faveur de la reconstruction de l’Afghanistan pour la période 2007-2010. La contribution européenne est destinée, en priorité, à la réforme du secteur judiciaire, au développement rural et à la santé. Il est à noter cependant, qu'elle est en baisse de 400 millions d'euros par rapport à la période 2002-2006. 

En faisant son annonce, la secrétaire d’Etat américaine n’a pas caché qu’elle espérait voir ses partenaires de l’Otan lui emboîter le pas. Mais rien n’est moins sûr, du moins dans l’immédiat. En effet, la réunion de l’Alliance de ce vendredi n’était pas destinée à faire le point sur le financement de la reconstruction et du développement de l’Afghanistan, c’était une réunion de mobilisation, a précisé un diplomate. Quant à l’envoi de nouvelles troupes, ce n’est pas non plus à l’ordre du jour, selon le porte-parole de l’Otan, James Appathurai. Ce point doit, en effet, être abordé les 8 et 9 février prochains, à Séville (Espagne) lors de la réunion des ministres de la Défense de l’Organisation.

Bonnes nouvelles

De leur côté, les Américains estiment qu’il est urgent d’agir, d’autant plus qu’ils redoutent de nouvelles attaques massives des talibans avec le retour des beaux jours. C’est pourquoi, d’ailleurs, ils ont décidé de prolonger de 120 jours la durée de stationnement en Afghanistan de 3 200 hommes, alors que sont déjà arrivés sur place ceux qui devaient les remplacer. Autre annonce dont se réjouit le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (Isaf) de l’Otan, le général britannique David Richards, le renfort en avril de 1 010 soldats polonais. «J’ai bon espoir d’entendre d’autres bonnes nouvelles, prochainement, en provenance d’autres pays», s’est-il félicité.     

Ces renforts viendront en appui des 35 000 hommes de l’armée afghane qui se battent aux côtés des 40 000 militaires présents en Afghanistan, dont 33 000 venus de 37 pays au sein de l’Isaf, commandée par l’Otan et 8 000 de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis depuis 2001. Mais il manque toujours, souligne l’Otan, 10% des troupes que les pays de l’Alliance s’étaient engagés à fournir. Environ 24 000 militaires américains sont actuellement en Afghanistan. Il s’agit du plus haut niveau depuis 2001. 

De l’argent et des hommes. Tout semble réuni pour mener à bien la pacification et la reconstruction de l’Afghanistan. Mais des spécialistes comme l’analyste politique afghan, Waheed Mujda, interrogé par l’AFP, se montre sceptique en rappelant que «l’ex-Union soviétique a également dépensé des milliards de dollars en équipements militaires, mais n’a jamais réussi à défaire la résistance avec des armes. Ce financement ressemble plus à un geste politique plutôt qu’à une réponse mûrement réfléchie aux besoins de ce pays. Les Américains ont peur de voir se développer en Afghanistan une situation semblable à celle de l’Irak, et ils ont pris une décision dans l’urgence pour tenter de l’éviter. Ce qui est important, poursuit-il, ce sont les réformes économiques, qui rendent aux gens la confiance dans l’avenir, qui donnent envie de construire un futur».

C’est exactement ce sur quoi a insisté le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, pour qui une «approche vraiment globale» des dimensions économique, politique et militaire, est une nécessité. Mais le retour en force des talibans risque bien, encore une fois, de voir la majeure partie des forces engagées sur place se focaliser sur la question militaire au détriment du reste.

par Claire  Arsenault

Article publié le 26/01/2007 Dernière mise à jour le 26/01/2007 à 15:30 TU