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Afghanistan

L’Otan contrôle tout… ou presque

Les soldats qui participent à la Force internationale d'assistance à la sécurité prennent possession du quartier général de l'OTAN à Kaboul. 

		(Photo : Anne Le Troquer/RFI)
Les soldats qui participent à la Force internationale d'assistance à la sécurité prennent possession du quartier général de l'OTAN à Kaboul.
(Photo : Anne Le Troquer/RFI)
La Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan compte 31 000 militaires depuis jeudi en Afghanistan, après avoir pris le commandement de 10 000 soldats américains déjà basés dans l'Est au nom de l’opération «Liberté immuable». Cette extension de la responsabilité de l’Otan à l’ensemble du pays a été précipitée par la situation sécuritaire mais ne semble pas représenter un nouveau défi militaire, comme la prise de commandement dans la zone Sud cet été qui s’est traduite par la défense des bases militaires face aux assauts des talibans, plus que par le maintien de la sécurité et l’aide à la reconstruction, objectifs initiaux de l’Isaf.

De notre correspondante à Kaboul

Le drapeau bleu marine et son aigle, emblème de «Liberté immuable», est replié avec précaution par trois soldats américains ; l’étendard vert de la Force internationale d’assistance à la sécurité a pris sa place en haut du mât au milieu du terrain de sport du quartier général de l’Otan à Kaboul. Autour claquent au vent les 37 drapeaux des pays participant à ce regroupement international de maintien de la paix : les 26 membres de l’Alliance atlantique et une dizaine d’autres dont l’Australie et la Nouvelle-Zélande. «Cela montre notre engagement inamovible envers ce pays, répète le représentant civil de l’Otan, le Néerlandais Daan Everts, à l’adresse des journalistes afghans. Vous vous rendez compte 37 ! L’Afghanistan doit être le pays le plus aimé au monde !» Les Afghans craignent que ce déploiement cache à terme une réduction des troupes étrangères et cet «honneur» n’empêche pas le président Hamid Karzaï d’arriver en retard à la cérémonie qui, du coup, est écourtée. De nouvelles menaces d’attentats planent sur le ministère de l’Intérieur en centre-ville après l’attaque suicide de samedi qui a fait 14 morts et une cinquantaine de blessés.

Une insécurité croissante dans la capitale, une dégradation aussi dans l’Est où les combats ont été multipliés par trois, selon l’armée américaine, malgré l'accord conclu le 5 septembre entre le gouvernement d'Islamabad et les tribus du Nord-Waziristan – qui ont accepté de ne plus soutenir les talibans et de leur interdire d’aller combattre chez le voisin afghan. Deux raisons à l’origine de ce déploiement accéléré vers l’Est, planifié au départ pour fin novembre. «Nous avons infligé aux talibans leur plus grande défaite depuis 2001, a rappelé le général britannique David Richards, commandant en chef de l’Isaf, faisant référence à l’offensive «Méduse» menée début septembre dans la région de Kandahar. Ils ont perdu des centaines d’hommes et opèrent maintenant par des attentats à la bombe ou des attaques-suicides, un signe clair de faiblesse, il faut donc poursuivre notre engagement.» Mais sur le terrain pas de grand changement, 10 000 des 18 000 hommes que comptait la coalition internationale sous leadership américain «Liberté immuable» changent de chef.

«En ce jour historique…»

Ce transfert n'implique aucun renfort de troupes, malgré les appels lancés il y a un mois. Sur les 2 500 soldats demandés, seules la Pologne a accepté d’envoyer un contingent de 1 000 hommes, déjà prévu depuis plusieurs mois, et la Roumanie 190 militaires supplémentaires. En «ce jour historique», dixit le général Richards, pas question de parler des choses qui fâchent, d’autant plus que l’Otan récupère tout de même avec cette extension de moyens matériels, notamment des avions et hélicoptères américains. L'Alliance atlantique, qui est désormais présente dans l'ensemble du pays, considère cette étape comme  symbolique, ne constituant pas un défi militaire de l'ampleur comme celui du Sud, dont elle a pris les rênes fin juillet. Pourtant l’Est du pays a longtemps été le bastion d'Al-Qaïda et c'est là que son chef Oussama Ben Laden a été repéré vivant pour la dernière fois en décembre 2001, dans les montagnes de Tora Bora.

Il y aurait toujours plusieurs centaines de militants islamistes étrangers liés au mouvement qui circuleraient entre l’Afghanistan et le Pakistan, dont la frontière est l’une des moins contrôlées du monde. Outre les talibans, les soldats de l'Otan vont également affronter les militants du seigneur de guerre et ancien Premier ministre Gulbuddin Hekmatyar, recherché lui aussi par les Etats-Unis. Mais l’Isaf a toujours pour mission la reconstruction, le maintien de la paix et compte sur les quelque 8 000 militaires (dont 200 des «forces spéciales» françaises) restés dans la coalition «Liberté immuable» qui lutte contre le terrorisme. Les deux opérations restent en effet séparées sur le papier : si les Américains avaient souhaité une fusion, Français et Allemands notamment ne veulent pas que le drapeau de l'OTAN flotte sur une mission à connotation «agressive». Cependant dès février c’est un général américain qui supervisera les troupes de l’Alliance en Afghanistan.



par Anne  Le Troquer

Article publié le 06/10/2006 Dernière mise à jour le 06/10/2006 à 12:52 TU

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Sophie Malibeaux

Journaliste, spécialiste de l'Asie à RFI

«En 1996, quand les talibans prennent le pouvoir, ils appliquent un régime de terreur : ils exécutent, fouettent, coupent les mains, et règlementent les moindre détails de la vie quotidienne des Afghans.»

[27/09/2006]

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