24e sommet Afrique-France
L’Afrique sur la scène internationale
(Photo: AFP)
Courtisé pour ses matières premières – y compris désormais par des superpuissances comme la Chine et les Etats-Unis d’Amérique –, le continent africain est aussi l’objet de la sollicitude de la communauté internationale : les Objectifs du millénaire pour le développement, initiative lancée par les Nations unies en l’an 2000, visent à résorber d’ici 2015 l’extrême pauvreté, les maladies infantiles, l’analphabétisme… De son côté, le continent cherche, depuis la fin des années quatre-vingt-dix, à faire entendre sa voix sur le plan diplomatique international. Par l’intermédiaire de l’Union africaine (UA), il s’est positionné sur la question de la réforme de l’Onu : plusieurs pays africains ont ainsi convenu, en 2005, de réclamer deux sièges permanents pour le continent au sein du Conseil de sécurité. L’Union africaine «doit parler d’une voix» et avoir une «véritable stratégie d’influence», recommandait alors le président de la Commission de l’Union, Alpha Oumar Konaré.
Les Etats africains se sont prononcés sur la réforme du Fonds monétaire international (FMI) : lors de la dernière assemblée générale de l’institution, à Singapour, fin 2006, ils ont appuyé les résolutions émanant de la Chine, du Mexique ou de la Turquie, demandant que soient revus les droits de vote de ces pays au sein de l’institution. Auparavant, quelques pays africains se sont exprimés avec force au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) : le Bénin et le Tchad se sont associés, dès 2002, à une plainte déposée par le Brésil contre le gouvernement américain et les subventions accordées à ses cotonculteurs. Avec le Burkina Faso et le Mali, ils avaient proposé en 2003 à l’OMC «l’initiative sectorielle sur le coton», qui demandait que soit négocié un arrêt des subventions et un mécanisme de compensations.
Pretoria cherche à rééquilibrer l’ordre international
L’Afrique du Sud est le pays qui a le plus contribué à ramener le continent au devant de la scène internationale. Elle a été l’hôte d’une série de sommets, sur le sida (2000), le racisme (2001), le développement durable (2002), et a exercé des médiations ou prêté des contingents de paix pour la résolution de plusieurs conflits : Burundi, Congo-RDC, Soudan, Lesotho… Peu avant la guerre déclenchée par les Etats-Unis en Irak, en 2003, Nelson Mandela s’était élevé à plusieurs reprises contre «le bellicisme et l’unilatéralisme américain». Son successeur à la tête de l’Etat, le président Thabo Mbeki, avait tenu le même langage, notamment lors du sommet des non-alignés à La Havane, en septembre 2006, où il s’exprimait au nom des pays du continent. Forte d’une économie qui reste de loin la plus avancée du continent, l’Afrique du Sud cherche ainsi à rééquilibrer l’ordre international en faveur des pays du Sud, à travers les grands regroupements (non-alignés, SADC, Commonwealth, UA). Elle a été le fer de lance du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), qui vise – à travers une série de grands projets inter-africains – à résorber le fossé entre le continent et les pays développés.
Le Nigeria a été également très impliqué dans la recherche de solutions militaire et politique aux crises qui touchent notamment les pays d’Afrique de l’Ouest. L’Union africaine, à l’échelle continentale, appuie la création de forces de paix régionales «en attente», actuellement en formation, avec le support de la France dans le cadre du programme de Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (Recamp).
par Philippe Leymarie, Fanny Pigeaud
Article publié le 05/02/2007 Dernière mise à jour le 05/02/2007 à 14:14 TU