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24e sommet Afrique-France

Entreprendre en Afrique

L’ambition du «Forum Afrique Avenir», qui se tiendra le 12 février à Paris, est de présenter une image réaliste et dynamique de l’Afrique, et de mettre en valeur sa capacité à entreprendre, innover et affronter ses propres enjeux. 

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L’ambition du «Forum Afrique Avenir», qui se tiendra le 12 février à Paris, est de présenter une image réaliste et dynamique de l’Afrique, et de mettre en valeur sa capacité à entreprendre, innover et affronter ses propres enjeux.
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Forum Afrique Avenir-Rencontres des réussites africaines réunit, à l’initiative du président Jacques Chirac, le 12 février 2007 à Paris, une soixantaine d’Africains dont les réussites professionnelles témoignent de la diversité, de la vitalité et de la créativité de ce continent. Les conclusions du forum seront communiquées aux chefs d’Etats présents lors du sommet Afrique-France, les 15 et 16 février, à Cannes.

L’ambition du «Forum Afrique Avenir» est de présenter une image réaliste et dynamique de l’Afrique, et de mettre en valeur sa capacité à entreprendre, innover et affronter ses propres enjeux. L’image négative du continent, largement médiatisée, occulte souvent cette autre Afrique, celle de la réussite et de l’espoir. Or les initiatives sont nombreuses, qui ont su mélanger traditions, technologies et réalités économiques locales et mondiales. Elles émergent dans tous les secteurs, de la vitalité des artistes aux performances de certains courtiers en bourse en passant par l’essor des sociétés civiles. Ces forces vives sont l’expression d’une Afrique confiante en son avenir. Ce message d’optimisme n’occulte pourtant pas les problèmes du continent. Au contraire, le forum s’efforcera de dégager également les enjeux de ce XXIe siècle.

Des entrepreneurs prêts à relever le défi

Sous le titre «L’entreprise en Afrique, quel bilan ?», un débat, organisé par l’association française Coordination pour l’Afrique de demain (Cade) en novembre 2006, s’attelait à montrer qu’il existait un «vivier d’entrepreneurs prêts à relever les nombreux défis d’un environnement difficile mais pas insurmontable». Une Afrique qui marche. Mais les intervenants passaient également en revue les obstacles – politiques, économiques, institutionnels, sociologiques – à l’entreprise en Afrique. En effet, l’émergence du secteur privé se heurte toujours aux mêmes obstacles. Henri-Bernard Solignac-Lecomte, économiste au Centre de développement de l’OCDE s’appuie sur le rapport Perspectives économiques en Afrique (BAD/OCDE) pour en dégager les grandes lignes. Un état des lieux qui tend à montrer que le secteur privé est très peu développé – sauf en Afrique du Nord et en Afrique du Sud. Le secteur informel reste dominant, répondant à une économie de subsistance, tandis que les activités extractives sont largement contrôlées par les firmes multinationales. Dans le secteur formel, les petites et moyennes entreprises (PME) sont les plus touchées par les contraintes économiques et un environnement des affaires globalement défavorable.

Moins de 4% des privatisations ont fait appel à l’épargne publique

Les privatisations lancées dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, censées favoriser l’appropriation du capital et des affaires par les entrepreneurs locaux, ont plutôt bénéficié aux investisseurs étrangers (hors Afrique). Intérêts élevés, taille des projets nécessitant des investissements lourds ont exclu d’emblée les entrepreneurs nationaux. Depuis 1990, moins de 4 % des privatisations ont fait appel à l’épargne publique. L’actionnariat a aussi été freiné par le faible développement des marchés financiers. Les Etats ont utilisé les marchés de capitaux pour s’endetter plutôt que pour investir dans l’industrialisation. Toutefois, dans certains pays, ces réformes ont permis aux nationaux de s’impliquer davantage. Comme en Zambie, où le nombre d’investisseurs en bourse a été multiplié par vingt. En Ouganda et au Cap-Vert, où des titres émis lors des privatisations ont fait l’objet de réservations partielles pour des nationaux, ainsi qu’en Afrique du Sud où 127 000 personnes ont investi dans les titres Telcom – réservés pendant trois mois aux salariés à bas revenus. Les investissements directs étrangers intra-africains ont aussi augmenté et des multinationales ont émergé en Afrique du Nord et en Afrique du Sud, second investisseur sur le continent après la Chine.

Le boom du téléphone mobile a accru la communication

Les obstacles à l’émergence d’un secteur privé en Afrique ont été pointés. Notamment, le coût du travail, inférieur à celui de la Chine dans le secteur de l’habillement, mais dont les coûts indirects sont beaucoup plus élevés – faisant gonfler de 20 à 30% les coûts totaux (énergie, transports, sécurité, réglementation, bureaucratie, et dans une moindre mesure, télécommunications). Cette part des coûts indirects est bien plus importante en Afrique qu’en Asie, notamment pour les loyers et la sécurité. Seuls 19% des routes sont bitumées (contre 27% en Amérique latine et 43% en Asie du Sud). Les ports sont pour la plupart sous-équipés et saturés… Au Nigeria, la totalité des grandes entreprises possèdent leur propre générateur, 20% au Sénégal. Mais le boom du téléphone mobile a accru considérablement les capacités de communications.

L’environnement des affaires se caractérise toujours par un risque élevé, une mauvaise application des règlements et un manque d’information. Les PME qui cherchent à se financer n’ont pas accès au réseau des banques commerciales – qui arguent du coût des transactions et des risques, trop élevés. Mais elles sont trop grosses pour avoir accès aux institutions de la micro-finance. Le commerce interrégional, formel ou informel, est souvent soumis à une taxation hors-la-loi. Sans compter la concurrence chinoise.

Interrogés par Henri-Bernard Solignac-Lecomte dans une trentaine de pays, des entrepreneurs privés ont estimé que le secteur public avait encore une attitude largement prédatrice – même si certains Etats ont opéré des réformes importantes en vue de simplifier la vie des entreprises. Pour l’économiste, le problème de la corruption est celui «d’une régulation inefficace». Mais le climat des affaires est aussi influencé par la nature des régimes politiques : en général, croissance et investissement privé s’accommodent mal de régimes trop autoritaires… Mais le renforcement des capacités institutionnelles, la présence de cadres de régulation, une gestion publique mieux adaptée aux besoins du secteur privé pourraient favoriser son émergence.

La réussite de l’Afrique passe aussi par sa culture

Montrer l’image d’une Afrique qui marche, tel est l’objectif des organisateurs du Forum Afrique Avenir. Les 60 intervenants africains qui vont témoigner de leur réussite professionnelle ont volontairement été sélectionnés dans une grande variété de domaines : sphère politique, associative, sociale, domaines de la recherche, de l’enseignement, de l’environnement, de l’agriculture, des créateurs de mode et d’entreprises, ou encore milieu des spécialistes du développement, de la finance, de la micro-finance, des médias ou des TIC, comme le Soudanais Mohamed Ibrahim, fondateur de MSI Cellular (Celtel). Une brochette d’éminentes personnalités de la culture devaient aussi être présentes à La Villette. Comme Samuel Sidibé, le directeur du Musée national du Mali, ou sa compatriote, la chanteuse et musicienne mondialement reconnue, Rokia Traoré ; ou encore le producteur et organisateur du festival de films documentaires Dockanema, le Mozambicain Pedro Pimenta, et le réalisateur et producteur mauritanien Abderrahmane Sissako. Ancien avocat et député, fondateur du groupe Simentera, Mario Lucio Sousa devait témoigner aussi en tant que conseiller du ministre de la Culture et ambassadeur culturel du Cap-Vert. Enfin, le Camerounais Alexandre Siewe, directeur de la Communication de AES-SONEL (Société nationale d’électricité), peut témoigner de son implication dans le domaine culturel – notamment à travers la mise en place de partenariats entre le secteur privé et les événements culturels.



par Antoinette  Delafin

Article publié le 06/02/2007 Dernière mise à jour le 06/02/2007 à 15:42 TU

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