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Sommet Afrique-France

Darfour, Guinée et pétrole

De gauche à droite, le président gabonais Omar Bongo, son homologue ghanéen John Agyekum Kufuor, la chancelière Angela Merkel et le président Jacques Chirac sur les marches du Palais, à Cannes. 

		(Photo : AFP)
De gauche à droite, le président gabonais Omar Bongo, son homologue ghanéen John Agyekum Kufuor, la chancelière Angela Merkel et le président Jacques Chirac sur les marches du Palais, à Cannes.
(Photo : AFP)

Le Soudan, le Tchad et la République Centrafricaine se sont engagés à ne pas soutenir les rébellions sur leurs territoires, lors d’une rencontre en marge du sommet Afrique-France à Cannes. Le président français a joué un rôle de «facilitateur» dans l’organisation de cette rencontre visant à relancer le dialogue. Sur la situation en Guinée, plusieurs chefs d’Etat africains ainsi que le président Chirac ont exprimé leurs «inquiétudes».


Le 24e sommet Afrique-France s’est ouvert ce jeudi à Cannes (sud de la France). 48 des 53 pays africains sont représentés à cette rencontre de deux jours, dont le thème central est consacré à la place de l’Afrique et de ses matières premières dans la mondialisation. A cette occasion, le président français, Jacques Chirac, en fin de mandat, fait ses adieux au continent et en particulier à la quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains qui ont fait le déplacement.

Parmi les dirigeants africains présents à Cannes, Abdelaziz Bouteflika, le président de l'Algérie, pays avec lequel la France a entretenu des relations souvent tumultueuses en raison du passé colonial. Le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, a décidé de participer au sommet malgré sa convocation par un juge français qui souhaite l’entendre dans l’instruction de l’affaire de l'assassinat, en 1995, à Djibouti, du magistrat français Bernard Borrel. Une convocation qui constitue un «acte hostile» pour son pays, selon l’ambassade de Djibouti à Paris qui, dans un communiqué, rappelle «l’immunité de juridiction dont bénéficie tout chef d’Etat en exercice au cours de déplacements à l’étranger».

Le Darfour

Présence très remarquée à Cannes, celle du président soudanais Omar El Béchir, dont le régime est sous pression internationale en raison du conflit dans la province soudanaise du Darfour. Dans son discours à l'ouverture de ce sommet, le président Chirac a appelé «tous les belligérants et le gouvernement du Soudan» à «accepter le déploiement d'une force de paix» au Darfour. Jacques Chirac a rappelé que la communauté internationale et l'Union africaine s'étaient engagées à «refuser la fatalité de cette catastrophe humanitaire qui menace toute la région».

Les chefs d'Etat des pays concernés par la crise au Darfour sont arrivés à un accord pour ne pas «soutenir de rébellions» à l’intérieur de leurs territoires, lors d’une rencontre, en marge du sommet. Cette rencontre visait à relancer un dialogue devenu de plus en plus difficile entre le Soudan, le Tchad et la Centrafrique qui accusent Khartoum d'aider des rébellions hostiles à leurs régimes. De son côté, le Soudan accuse le Tchad d’aider les rebelles au Darfour.

Les présidents Omar el-Béchir (Soudan), François Bozizé (Centrafrique) et Idriss Deby Itno (Tchad) ont accepté de se retrouver en présence de Hosni Moubarak (Egypte) et John Agyekum Kufuor (Ghana), président de l'Union africaine. La France a joué un rôle de «facilitateur». Le président français a ouvert la rencontre, à laquelle participe aussi le président gabonais Omar Bongo, doyen des chefs d'Etat d'Afrique et le commissaire européen au Développement, Louis Michel. La tenue de ce mini-sommet représente une avancée. En effet, mercredi soir, le ministre tchadien des Affaires étrangères Ahmat Allam-Mi avait estimé qu’une rencontre avec le président soudanais était «inopportune et inutile», vu qu'il ne respectait pas ses engagements.

Les risques de contagion durable du conflit du Darfour aux pays voisins, au Tchad ou en République Centrafricaine inquiètent particulièrement la France, qui a fourni un appui militaire à ces deux pays alliés pour les aider à repousser des attaques rebelles en provenance du Soudan.

Guinée

Sur la situation en Guinée, seize chefs d'Etat francophones et le président Jacques Chirac ont exprimé «une inquiétude partagée» mercredi soir, à Cannes, en attendant une déclaration commune appelant à un règlement pacifique et à la protection des civils. Pour sa part, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré, a condamné «l'usage disproportionné de la force contre les populations civiles qui a entraîné de nombreuses pertes en vies humaines», dans une lettre adressée, ce jeudi, au président guinéen Lansana Conté après les récentes manifestations violemment réprimées.

Ce jeudi, un manifestant a été tué par des militaires à Banankoro, au sud-est du pays, près de la Côte d'Ivoire. Ce nouvel incident porte à 113 le nombre de morts depuis le début des troubles en janvier et à 9 le nombre de tués depuis l’instauration de l’état de siège en Guinée, le 12 février.

Le Parlement européen a demandé, ce jeudi, la création d'une commission d'enquête internationale placée sous la responsabilité de l'Onu, pour identifier et traduire en justice les responsables des «massacres récents et sur les violations des droits de l'homme dans le passé… pour qu'il soit mis fin à l'impunité». Le Parlement européen demande aussi «une transition démocratique vers un système répondant aux aspirations de la population guinéenne».

Pour sa part, le ministère français des Affaires étrangères étudie «les possibilités» pour ses quelque 3 000 ressortissants de Guinée «de regagner la France sur une base volontaire». Et même si le mot évacuation n’est pas encore prononcé, «par mesure de précaution», un bâtiment de la Marine française, le Siroco, a appareillé, jeudi matin, pour le Golfe de Guinée. De son côté, le Maroc a rapatrié 90 ressortissants, mercredi et mardi, plusieurs dizaines d'Américains, bloqués à Conakry, sont arrivés au Sénégal à bord d'un avion américain dépêché sur place.

La Guinée est absente du sommet de Cannes. Autres absences remarquées, celles des présidents sud-africain Thabo Mbeki, de l'ivoirien Laurent Gbagbo et du zimbabwéen Robert Mugabe, interdit de séjour en Europe en raison de violations des droits de l'homme dans son pays. La chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne (UE), a appelé dans son discours «les voisins du Zimbabwe» à user de «leur influence» pour mettre un terme aux souffrances provoquées par la politique du président Robert Mugabe. La chancelière allemande a indiqué que l'UE «va inviter les pays africains pour un sommet lors du second semestre de 2007» au Portugal, pays qui assurera alors la présidence de l'UE. Prévu à l'origine en avril 2003, ce sommet avait été reporté sine die en raison de divergences notamment autour de la venue du président du Zimbabwe, Robert Mugabe.

Les Européens, s’inquiètent de l’intérêt croissant des puissances émergentes - Chine, Inde, Brésil - pour les matières premières africaines, indispensables pour alimenter leur croissance économique. «L’Afrique détient le tiers des réserves minérales de la planète. C’est un trésor. Mais il ne doit être ni pillé, ni bradé» a déclaré à Cannes le président Jacques Chirac, alors que la France perd de son influence en Afrique. «La compétition est rude» pour la France en Afrique, a déclaré à la veille de l’ouverture du sommet, le chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy. Réagissant à cette déclaration, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé que la Chine est «prête à coopérer avec d'autres pays pour le développement de l'Afrique». L’Afrique représente moins de 2% des échanges internationaux, mais le continent possède d’énormes richesses naturelles qui aiguisent les convoitises.



par Elisa  Drago

Article publié le 15/02/2007 Dernière mise à jour le 15/02/2007 à 19:34 TU

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24e sommet Afrique-France.