Cinéma africain
Le bel âge du Fespaco
(Photo : www.fespaco.bf)
Diversité culturelle comme mot d’ordre, jusque dans la compétition officielle. Le jury, présidé par le cinéaste camerounais Bassek ba Kobhio, devra départager vingt films venus de tout le continent, du Nord maghrébin au Sud subsaharien. Le cinéma burkinabé étant prophète en son pays, on note la présence de trois films issus du pays hôte, les autres venant de Guinée, du Mali, d’Afrique du Sud, du Tchad, du Bénin, de la République démocratique du Congo, du Gabon, du Nigeria, du Sénégal, mais aussi d’Algérie et de Tunisie (voir ci-dessous).
Placé sous la présidence d’honneur du musicien Manu Dibango, le festival s’ouvrira sur la projection de Faro, la reine des eaux, le premier film du Malien Salif Traoré, déjà projeté au 22e Festival du film francophone de Namur et à la Berlinale, il y a dix jours. Diversité culturelle à l’honneur toujours, puisque le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, participera au festival et assistera à la cérémonie d’ouverture.
A l’instar de Faro, certains de ces films ont déjà été projetés et primés dans de grands festivals internationaux (Daratt de Mahamat Saleh Haroun, Prix spécial du Jury à la Mostra de Venise en septembre 2006, Barakat de l’Algérienne Djamila Sahraoui montré dans la section Forum du Festival de Berlin en 2006 également, Making Off du Tunisien Nouri Bouzid a remporté le Tanit d’or au dernier Festival de Carthage, ou encore Tsotsi du Sud-Africain Gavin Hood qui a remporté l’Oscar du meilleur film étranger de l’année 2005).
Mais tous ces films, montrés à Ouaga, sont inédits dans cette partie du monde. Et l’objectif du Fespaco reste bien de faire connaître au public africain les films qui parlent de lui.
Le Fespaco a bien changé, en 38 ans
Grande fête populaire, vitrine et encouragement de cinématographies désormais reconnues à l’étranger en dépit de problèmes récurrents de financement, le Fespaco a fait bien du chemin depuis la création, en 1969, d’une Semaine du cinéma africain fondée par une poignée de cinéastes.
A l’époque, seuls vingt-trois films, en tout, sont projetés dans deux salles systématiquement bondées et cinq pays du continent y participent : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Haute Volta (actuel Burkina Faso), le Niger et le Cameroun. Premier festival à avoir été créé par des réalisateurs, baptisé Fespaco en 1972, il a donc bien changé en 38 ans.
En 2007, 82 pays sont représentés, 3000 festivaliers accrédités. Et plus de trois cents cinéastes se retrouvent autour de la piscine de l’hôtel Indépendance pour partager leurs émotions ou leurs réflexions sur le cinéma.
Le festival s’est ouvert aux films de télévision, aux documentaires. Un marché du film, le Mica, permet de faire se rencontrer producteurs, distributeurs ou acheteurs de programmes pour les chaînes de télévision.
A pied, en train, en voiture, en chameau…
Cette 20ème édition donnera l’occasion de (re)découvrir les cinémas marocain et malien. Le premier fait l’objet d’un focus, le second d’une rétrospective. Le Maroc est distingué pour ses investissements techniques et surtout financiers, pour un modèle nouveau de fabrication de films qui émerge et peut servir de modèle. Et puis, le Mali a été choisi parce que c’est le seul pays à avoir été honoré trois fois par l’Etalon de Yennenga (Souleymane Cissé l’ayant décroché deux fois avec Baara (Le travail) et Finyé (Le Vent), et Cheick Oumar Cissoko avec Guimba).
Au programme également : la première rencontre, le 2 mars, entre cinéastes et musiciens, en présence de Manu Dibango. A noter, enfin, le lancement de la collection DVD/Cinémathèque Afrique, dont les deux coffrets rassembleront les films qui ont reçu l’Etalon de Yennenga. Le second coffret sera édité en mai prochain, à l’occasion du 60ème anniversaire du Festival international du film de Cannes, pour y assurer une relance de la cinématographie africaine.
Enfin, le Fespaco, c’est aussi, et peut-être surtout, une fête : une grande rue marchande, des concerts, l’affluence de la foule. Quelque 500 000 spectateurs venus de toute la sous-région, à pied, en train, en voiture, en chameau… sont attendus à Ouagadougou pour faire la fête au cinéma.par Sophie Torlotin
Article publié le 23/02/2007 Dernière mise à jour le 23/02/2007 à 14:13 TU