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Guinée

Lansana Kouyaté promet le changement

L'arrivée du nouveau Premier ministre guinéen, Lansana Kouyaté, mardi 27 février, à l'aéroport de Conakry. 

		(Photo : Reuters)
L'arrivée du nouveau Premier ministre guinéen, Lansana Kouyaté, mardi 27 février, à l'aéroport de Conakry.
(Photo : Reuters)

Le travail a repris peu à peu, ce mardi, en Guinée après la suspension de la grève générale illimitée. La nomination, lundi soir, de Lansana Kouyaté, personnalité de consensus, au poste de Premier ministre, a été accueillie dans le pays par des manifestations de joie. A son arrivée à Conakry, il a promis «la paix» et «le changement». Une «lourde tâche» l’attend, celle de créer de meilleures conditions de vie pour les Guinéens et de ne pas décevoir les espérances de tout un peuple.


Lansana Kouyaté est arrivé à Conakry, en début d’après-midi, dans un avion de la République de Côte d’Ivoire, où depuis 2003 il était le représentant de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Vêtu d’un boubou blanc, il a salué la foule enthousiaste qui l'attendait à l'aéroport. Pour l'accueillir, il y avait aussi plusieurs ministres de l'actuel gouvernement ainsi que le Premier ministre sortant Eugène Camara, nommé le 9 février et remplacé, lundi soir, sous la pression de la rue.

«Je crois que nous pourrons relever les défis de la paix, de la réconciliation et du changement», a déclaré Lansana Kouyaté à son arrivée dans la capitale guinéenne, au lendemain de sa nomination. «Il faut très rapidement que nous nous retroussions les manches et que nous puissions donner une chance à notre pays pour aller de l’avant» a-t-il ajouté.

Personnalité de consensus, ce diplomate expérimenté, ancien secrétaire exécutif de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) - de 1997 à 2001 - relève le défi pleinement conscient de l’enjeu. «C’est une très lourde charge que nous aurons à porter ensemble pour sortir la Guinée de sa situation actuelle», a déclaré Lansana Kouyaté au journal guinéen Le Diplomate juste après sa nomination au poste de Premier ministre.

Dès l’annonce de sa nomination, des milliers de Guinéens ont envahi les rues de la capitale et d’autres villes du pays pour célébrer l’évènement, vécu comme une victoire contre le régime du président Lansana Conté. «Le Peuple a gagné, Conté a reculé» scandait la foule, dans une manifestation de joie, après un mois et demi de bras avec les autorités et la paralysie du pays.

A 56 ans, Lansana Kouyaté porte les espoirs de changement de toute une population qui aspire à de meilleures conditions de vie, dans un pays potentiellement riche mais en proie à un profond marasme économique.

Un Premier ministre aux pouvoirs étendus

Les dirigeants syndicaux guinéens, qui ont mené le mouvement de contestation contre le régime du président Lansana Conté, se sont réjouis du choix de Lansana Kouyaté. Son nom figurait en tête de la liste des quatre candidats de consensus proposés par les syndicats et la société civile pour le poste de Premier ministre, conformément à l’accord conclu avec les autorités guinéennes sous médiation de la Cedeao.

Pour la première fois dans l’histoire de la Guinée, le futur Premier ministre assumera la fonction de chef de gouvernement, rôle rempli par le chef d’Etat depuis l’indépendance du pays en 1958. Lansana Kouyaté entretient de bons rapports avec le président Conté. Au pouvoir depuis 1984, le chef de l’Etat, devra valider les décrets du futur gouvernement.

Le plus dur reste à faire. Lansana Kouyaté doit maintenant former un gouvernement qui réponde aux attentes de changement radical exprimées par les Guinéens, pendant un mouvement social sans précédent qui a paralysé le pays pendant un mois et demi. Le travail a repris peu à peu ce mardi. Mais rien ne sera plus comme avant.

Pour le porte-parole de l’opposition guinéenne, Mamadou Bä, «Lansana Kouyaté peut réussir s’il a les mains libres, c'est-à-dire, si Lansana Conté le laisse travailler», mais, souligne-t-il «Il aura deux handicaps : le premier, c’est que la  situation économique est fortement dégradée; le second, c’est qu’il a affaire maintenant à des syndicats plus virulents, des populations plus dures. Les Guinéens ne sont plus prêts à se laisser faire».

Les Guinéens attendent du futur gouvernement une nouvelle gestion «plus transparente» et un soutien du pouvoir d’achat. Les mesures concrètes sont énumérées dans l’accord négocié avec les autorités fin janvier. Ils attendent, notamment, la baisse du prix du carburant, la réduction du prix du riz et le relèvement des pensions de retraite.

Premier producteur mondial de bauxite, la Guinée a des réserves de minerais et de métaux précieux divers. Mais, malgré d’importants gisements de bauxite, d’or, de fer, d’uranium, de cuivre, dans ce pays de 9,4 millions d’habitants, 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). L’espérance de vie y est de 48 ans pour les hommes et de 50 ans pour les femmes.

Classée 160ème sur 177 pays dans le rapport mondial sur le développement humain en 2006, contre 156ème l’année précédente, la Guinée a enregistré un recul de quatre places en une année. La dette extérieure est estimée à près de 3,5 milliards de dollars et le pays est miné par la corruption.



par Elisa  Drago

Article publié le 27/02/2007 Dernière mise à jour le 27/02/2007 à 18:21 TU

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Mamadou Bâ

Président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG)

«Cette fois-ci, nous avons un Premier ministre chef de gouvernement et c’est une bonne chose.»

[27/02/2007]

Ibrahima Fofana

Secrétaire général de l'Union syndicale des travailleurs de Guinée

«Nous avons l’espoir que Lansana Kouyaté avec son expérience internationale confirmée pourra être l’homme de la situation. Il répond parfaitement au profil.»

[27/02/2007]

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