Guinée

Lansana Kouyaté, un diplomate Premier ministre

Le nouveau Premier ministre guinéen, Lansana Kouyaté.
(Photo : AFP)

Un décret présidentiel lu lundi soir à la radio et à la télévision a nommé le diplomate de carrière, Lansana Kouyaté «Premier ministre, chef de gouvernement, en remplacement de M. Eugène Camara, appelé à d'autres fonctions», conformément à la promesse faite dimanche aux syndicats par le président Lansana Conté pour mettre fin à la contestation qui a fait des dizaines de morts dans le pays depuis janvier. De leur côté, les syndicats avaient convenu de cesser ce 27 février la grève générale lancée le 10 janvier dernier. Son dernier jour, lundi, a été consacré dans l'ensemble du pays à des célébrations religieuses en mémoire des nombreuses victimes civiles de la répression.

A 56 ans, Lansana Kouyaté, un malinké né à Koba, à quelque 200 kilomètres au nord de la capitale, a d’abord été haut-fonctionnaire après sa sortie de l'Ecole nationale d'administration de l'Université de Conakry, dans les années soixante-dix. Mais il a fait l’essentiel de sa carrière dans la diplomatie internationale, en particulier à l’Onu, où il a notamment occupé le poste de sous-secrétaire général entre 1994 et 1997, après y avoir été représentant permanent de la Guinée, mais aussi, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Somalie de février 1993 à janvier 1994. En 1997, Lansana Kouyaté avait quitté les Nations unies pour remplacer au secrétariat exécutif de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) son compatriote Edward Benjamin (malade). Candidat malheureux au poste de secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) en 2001, Lansana Kouyaté avait été investi par l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) «facilitateur» du dialogue inter togolais entre décembre 2001 et février 2003. Depuis lors, il représentait l’OIF dans le dossier ivoirien.

Pouvoirs élargis

Homme de contact, Lansana Kouyaté a été choisi par le président Lansana Conté parmi les quatre personnalités «consensuelles» proposées par les syndicats et la société civile. L’accord conclu dimanche entre les deux parties sous l'égide de la CEDEAO prévoit qu’il soit doté de «pouvoirs élargis» pour remplir la fonction de chef du gouvernement, jusqu’ici occupée par le chef de l’Etat, depuis l’indépendance de la Guinée en 1958.

Au pouvoir depuis 1984, le président Conté gardera entre autres prérogatives celle de valider les décrets du futur gouvernement chargé notamment de relever du désastre socio-économique ce pays de 9,4 millions d'habitants, mais aussi de «gérer» une fin de règne qui vient de se traduire par un bras de fer sanglant.

L’annonce de la nomination de Lansana Kouyaté a été saluée par une liesse populaire dans certains quartiers très touchés par la répression. «Il était en tête de la liste et nous sommes entièrement satisfaits», a commenté l'un des négociateurs syndicaux, Bouabacar Biro Barry. Pour sa part, Mamadou Ba, le porte-parole de l’opposition politique estime que «Lansana Kouyaté peut réussir si Lansana Conté le laisse travailler» et s’il surmonte «deux handicaps: le premier, c'est que la situationéconomique est fortement dégradée; le second, c'est qu'il a affaire maintenant à des syndicats plus virulents et des populations plus dures…»

par Rédaction Internet  (avec AFP)

Article publié le 27/02/2007 Dernière mise à jour le 27/02/2007 à 09:25 TU