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Présidentielle 2007

Le Pen se rebiffe

La conférence de presse de Jean-Marie Le Pen, le 1er mars. Dénonçant des «<em>pressions exercées</em>» sur des élus pour l'empêcher de briguer la magistrature suprême,&nbsp;le président du Front national&nbsp;affirme avoir déposé 14 plaintes. 

		(Photo : AFP)
La conférence de presse de Jean-Marie Le Pen, le 1er mars. Dénonçant des «pressions exercées» sur des élus pour l'empêcher de briguer la magistrature suprême, le président du Front national affirme avoir déposé 14 plaintes.
(Photo : AFP)
Le candidat du Front national à l’élection présidentielle a une nouvelle fois alerté l’opinion sur ses difficultés à recueillir les parrainages de 500 élus nécessaires pour pouvoir entrer officiellement dans la course à l’Elysée. Jean-Marie Le Pen a tenu, le 1er mars, une conférence de presse dans son quartier général de Saint-Cloud pour dénoncer les «pressions» subies, ces derniers jours, par les maires qui lui avaient promis leur signature et ont finalement renoncé au dernier moment. Le leader du FN estime qu’il s’agit d’une manœuvre et désigne Philippe de Villiers, le candidat du Mouvement pour la France, comme le principal responsable de cette situation. Il a d’ailleurs décidé de porter plainte contre celui-ci.

Et si Le Pen n’était pas candidat ? Serait-ce là le séisme de la présidentielle 2007 ? A en croire le président du Front national, cette hypothèse ne relèverait pas simplement de la politique fiction. Jean-Marie Le Pen a, en effet, affirmé que les maires qui avaient promis de le parrainer avaient subi «des pressions récurrentes» et qu’environ 20% d’entre eux avaient renoncé. A tel point, qu’il craint de ne pas réussir à réunir les 500 signatures avant la date butoir du 16 mars, alors qu’il avait engrangé un nombre suffisant de promesses. Il lui en manquerait, à ce jour, une centaine. Et selon le candidat du FN, «ce mouvement de retrait ne doit rien au hasard».

Jean-Marie Le Pen a expliqué que de faux journalistes avaient contacté les élus afin de les dissuader de signer pour lui en leur affirmant que c’était le FN qui avait divulgué leur identité. Un argument de poids puisque l’on sait que les maires ou parlementaires habilités à parrainer craignent surtout que leur signature en faveur du candidat Le Pen ne leur fasse courir le risque d’être assimilés publiquement au parti d’extrême-droite. Le président du Front national a donc annoncé qu’il avait déposé 14 plaintes contre X pour protester contre ces «procédés ignobles», en affirmant disposer de témoignages lui permettant d’étayer ses accusations.

La guerre des droites

Il a aussi déposé une plainte nominative contre Philippe de Villiers, reprochant au candidat du MPF d'avoir déclaré sur la chaîne de télévision privée LCI que Jean-Marie Le Pen avait déjà ses signatures et qu’il tentait de se faire passer pour une «victime». Le président du FN estime que ces affirmations constituent une tentative pour influencer les élus afin qu’ils renoncent à signer pour lui. Maestro de la formule choc, Jean-Marie Le Pen a même attribué à son adversaire du MPF la responsabilité de la campagne engagée auprès des maires susceptibles de le parrainer, en déclarant qu’elle était menée par «un candidat qui se trouve jusqu’à présent dans les sous-sols des sondages et qui espère grâce à cette manœuvre prendre ma place». Une description qui correspond évidemment à Philippe de Villiers qui a fait de la lutte contre l’immigration l’un de ses thèmes de prédilection et plafonne à 1 ou 2% dans les sondages.

Le président du MPF a répondu à ces attaques en accusant Jean-Marie Le Pen d’avoir «dérapé en déversant sa colère sur les maires et en choisissant d’injurier un autre candidat à l’élection présidentielle». Il a, par ailleurs, déclaré que le candidat du Front national n’était pas le seul à souffrir de désistements de la part des élus et que lui-même en avait enregistré environ 22%. Une manière de relativiser l’importance des difficultés de son adversaire.

Mais du point de vue de Jean-Marie Le Pen, la comparaison ne tient pas. Fort de son score de 2002 -17% au premier tour, qui lui avaient ouvert les portes du duel final face à Jacques Chirac-, mais aussi des intentions de vote en sa faveur pour 2007 -les sondages le donnent à 12 ou 14%, lui-même affirme qu’il est à 20% des intentions de vote-, il estime que son absence de la présidentielle serait un déni de démocratie. Un certain nombre de responsables politiques ont d’ailleurs émis le même avis. Brice Hortefeux, un proche de Nicolas Sarkozy, a ainsi récemment expliqué qu’en parrainant un candidat, il ne s’agissait pas pour les élus de lui apporter un «soutien» politique mais de «choisir de faire vivre la démocratie». Des propos qui ont réjoui Marine Le Pen, la fille du candidat et la responsable stratégique de sa campagne.

Une cible : l’électorat populaire

Car cette année, Jean-Marie Le Pen n’ambitionne pas seulement d’être présent dans la course. Il affirme qu’il est de nouveau en position d’accéder au deuxième tour. Lors de sa convention présidentielle, le 25 février dernier, il a d’ailleurs ciblé l’électorat populaire sur lequel il compte pour y parvenir. Il s’est présenté comme le candidat des «petits, obscurs, sans-grade», le seul capable de les protéger contre «un capitalisme prédateur» et une Europe dirigée de Bruxelles contre les intérêts nationaux. Bien sûr, Jean-Marie Le Pen n’a pas renoncé à sa recette pour remettre la France et les Français à flot : la lutte contre l’immigration et l’instauration de la «préférence nationale» pour tout ce qui concerne les droits sociaux et l’accès à l’emploi. Mais il a arrangé son discours de manière à ne pas se couper, dans la cohorte des mécontents séduits par son argumentation, des électeurs d’origine étrangère. Le leader du FN ne jette pas la pierre aux immigrés eux-mêmes mais aux différents responsables politiques, de droite comme de gauche, qui se sont succédé au pouvoir et ont créé la situation actuelle. A n’en pas douter, Jean-Marie Le Pen espère en 2007 surfer sur la vague de la précarité et de l’exclusion.



par Valérie  Gas

Article publié le 01/03/2007 Dernière mise à jour le 01/03/2007 à 15:50 TU

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Jean-Marie Le Pen

Président du Front national (FN)

«Des pressions récurrentes ont été diligentées par de faux journalistes.»

[01/03/2007]

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