Mauritanie
Présidentielle : le choix est ouvert
(Carte : DK/RFI)
Le 3 août 2005, lorsqu’ils ont renversé le régime du président Ould Taya, alors que celui-ci se trouvait sur le chemin du retour d'Arabie Saoudite, où il venait d'assister aux obsèques du roi Fahd, les putschistes avaient promis de remettre le pouvoir aux civils dans les deux ans. Très vite cependant, la durée de la transition a été ramenée à 19 mois. En juin 2006, un référendum constitutionnel a limité à deux les mandats du futur président de la République et en novembre 2006, des élections législatives et municipales ont précédé des sénatoriales, en janvier dernier. A la veille du scrutin décisif de dimanche, le pouvoir s’est justement félicité du succès des «scrutins réalisés et de la bonne préparation de la présidentielle». En même temps, le pays affiche des indicateurs économiques favorables, avec une inflation ramenée aux alentours de 6% en 2006, contre 15% l'année précédente, pour une croissance à deux chiffres (11,7% pour 2006). Sans compter l'annulation, en 2006, de la dette par les institutions de Bretton Woods. Elle a permis à la Mauritanie de faire une économie de l'ordre de 22,4 millions de dollars.
Des candidatures inspirées du passé
Bien sûr, les questions économiques et une meilleure répartition des richesses ont été évoquées durant cette campagne présidentielle. Mais ce n’est pas vraiment sur leurs programmes que les candidats à la magistrature suprême s’opposent. Face à l’opposant «historique», Ahmed Ould Daddah, président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), deux candidats se détachent, forts de l’appui des anciens partisans du président déchu Ould Taya. Pour sa part, l’ancien gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie (BCM), Zeine Ould Zeidane, qui se présente en candidat indépendant, peut compter sur l’appui des parents et alliés qui composaient le cercle rapproché de Maaouiya Ould Taya. Mais, de son côté, Sidi Ould Cheikh Abdellahi, a ratissé très large dans l’ancienne majorité présidentielle orpheline d’Ould Taya. Lui aussi sans parti, il est toutefois soutenu par une vaste coalition de 18 partis comptant déjà 54 députés au Parlement. Des députés qui ne lui sont cependant pas forcément tous acquis.
A entendre leurs adversaires, Ould Zeidane et Ould Cheikh Abdellahi ne se seraient pas seulement partagés la «dépouille» électorale et la clientèle de l’ex-président Ould Taya. Ces derniers mois, plusieurs de leurs adversaires sont montés au créneau pour dénoncer la main de la junte militaire, derrière Ould Cheikh Abdellahi en particulier. Samedi dernier, le candidat Ahmed Ould Daddah a accusé «certains membres du CMJD» de continuer à «demander à des hommes d'affaires de soutenir tel ou tel candidat», ce qui peut, selon lui, «menacer la stabilité et la sécurité du pays».
Filon tribal ou régional, pour les uns, d’autres candidats vont s’essayer ce dimanche à la séduction islamiste, avec par exemple Saleh Ould Henenna, ex-putschiste, président des Cavaliers du changement, qui s’engage, en cas de victoire, à rompre les relations avec «l'ennemi sioniste». Messaoud Ould Boulkheir est Haratine et descendant d’esclave. Candidat de l'Alliance populaire progressiste, il reprend de son côté le flambeau de la lutte «contre l'esclavage et toutes les pratiques assimilées» et milite pour le retour des négro-Africains de Mauritanie «déportés» à la fin des années quatre-vingt. Au total, beaucoup de candidatures pour une compétition sous l’œil averti des militaires qui souhaitent voir la Mauritanie endosser un costume plus civil.
par Rédaction Internet
Article publié le 06/03/2007 Dernière mise à jour le 06/03/2007 à 18:00 TU