Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Réchauffement climatique

L’Europe unie… sur le principe, seulement

La centrale atomique de Temelin en République tchèque. De nombreux pays de l'Est de l'Union européenne restent de chauds partisans de l’énergie nucléaire. 

		(Photo: Reuters)
La centrale atomique de Temelin en République tchèque. De nombreux pays de l'Est de l'Union européenne restent de chauds partisans de l’énergie nucléaire.
(Photo: Reuters)
Les 27 sont pendant deux jours en sommet, à Bruxelles, pour adopter notamment le plan de lutte européen contre le réchauffement planétaire. Tous les pays européens sont d’accord sur l’objectif à atteindre, à savoir réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% d’ici 2020, par le biais des énergies renouvelables. Mais la France et l’Allemagne s’affrontent toujours sur les choix énergétiques. La bataille s’annonce rude entre les partisans et les adversaires de l'énergie nucléaire pour réduire les émissions de CO2 : les chefs d’Etat et de gouvernement vont devoir trouver un compromis.

Sur le principe, les 27 pays de l'Union européenne (UE) s’accordent pour dire qu’il est urgent d’agir contre le réchauffement climatique, en réduisant les énergies les plus polluantes. Ils s’entendent, également, sur l’objectif chiffré à atteindre, à savoir une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20%, par le biais des énergies renouvelables et ce, dans les treize années à venir : «Un premier pas dans notre stratégie climatique», a même assuré la chancelière allemande. Si pour Angela Merkel, comme pour le président français Jacques Chirac, la lutte contre le réchauffement climatique est une priorité, la bataille s’annonce rude sur les moyens à employer pour y parvenir.

En effet, la France, championne de l’énergie nucléaire et alliée aux pays de l’Est dans ce domaine des choix énergétiques, s’oppose vigoureusement à l’Allemagne, la Belgique, l’Autriche et l’Espagne qui, de leur côté, ont, soit choisi de sortir progressivement de l’énergie nucléaire, soit renoncé depuis longtemps à cette filière énergétique. Les ministres des Affaires étrangères européens qui s’étaient réunis, lundi, ont même fait mention de «blocages insurmontables». Mardi soir, Angela Merkel semblait avoir renoncé à obtenir un objectif obligatoire de 20% de biocarburants et d’énergies renouvelables en 2020.

La France refuse les quotas

Sur le fond, le projet de déclaration commune, préparé par la présidence allemande, prévoit une réduction de gaz à effet de serre entre 60% et environ 80% d’ici 2050, dans les pays industrialisés. Pour la première étape, 2020, le ministre allemand des Affaires étrangères, Franck-Walter Steinmeier, plaide pour que l’Union s’engage à recourir à 20% d’énergie renouvelable, contre 7% actuellement, en fixant «des objectifs contraignants». Angela Merkel a précisé : «Bien sûr, il y aura d’autres négociations sur les engagements nationaux», répondant par là-même à la France qui refuse l’idée des quotas sous-jacents aux «objectifs contraignants».

Quelque 80% des gaz à effet de serre proviennent de la consommation d’énergie fossile, d’où la logique d’imposer «des énergies propres», éolienne, hydraulique, géothermique, solaire ou issue de la biomasse. Sur le fond, la France en convient tout à fait mais, selon elle, l’énergie renouvelable  n’est pas la panacée. Aussi, «la question du bouquet énergétique, c’est-à-dire de la répartition entre énergie nucléaire, énergies renouvelables et les autres types d’énergie, doit dépendre de chaque Etat membre», fait valoir Paris. En d’autres termes, la France est d’accord pour des «objectifs contraignants» si, et seulement si, ils comprennent «les énergies non carbonées» : cela permettrait, alors, d’inclure le nucléaire. Cet avis est partagé par une dizaine de pays, dont de nombreux anciens pays communistes qui ont rejoint l’Europe et qui restent de chauds partisans de l’énergie nucléaire, se lançant, d'ailleurs, dans la construction de nouveaux réacteurs.

Qu’en pensent les citoyens européens ?

Jacques Chirac participe au dernier Conseil européen de son mandat.  Eurosceptique il y a trente ans, le président français est aujourd’hui convaincu que seule l’Europe peut faire contrepoids aux Etats-Unis et aux pays émergents. Il défend, néanmoins, les intérêts économiques de son pays, premier producteur d’énergie nucléaire dans l’UE. La France propose de «fixer à 45% l’objectif à atteindre pour les énergies faiblement carbonées».

Qu’en pensent, plus globalement, les citoyens européens des pays concernés ? Un sondage réalisé auprès de 25 800 personnes dans les 27 Etats membres et publié, lundi, par la Commission européenne, semble donner raison aux adversaires du nucléaire. Selon l’enquête Eurobaromètre, en effet, une majorité des citoyens de l’UE (61%) souhaite que la part du nucléaire dans l’électricité diminue. Les plus hostiles à l’énergie nucléaire, laquelle fournit actuellement un tiers de la production de l’électricité de l’UE, sont les Grecs (83%), les Autrichiens (78%) et les Chypriotes (76%). Au contraire, les plus favorables sont les Bulgares (51%), les Tchèques (48%), les Finlandais (42%). Les Français, quant à eux, se prononcent à près de 60% des sondés en faveur d'une diminution, contre 28% pour une augmentation.

par Dominique  Raizon

Article publié le 08/03/2007 Dernière mise à jour le 08/03/2007 à 12:55 TU

Dossiers

(Photo: EUMETSAT 2002)

Audio

Claude Turmes

L'eurodéputé luxembourgois des Verts

«Jacques Chirac s'oppose aux énergies renouvelables tant que l'Europe n'accepte pas une politique sur le nucléaire.»

[08/03/2007]

Articles