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Mauritanie

Les hommes du second tour

Sidi Ould Cheikh Abdallahi et Ahmed Ould Daddah, arrivés en tête du premier tour de l’élection présidentielle, affûtent leurs arguments pour convaincre la horde de candidats indépendants de rallier leur camp respectif. Les «petits» candidats sont devenus très importants et entendent en jouer pour négocier leur participation au futur pouvoir.

 

Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi 

		(Photo : Reuters)
Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi
(Photo : Reuters)

Dès l’annonce des résultats officiels, lui accordant 24,79% des voix au premier tour de la présidentielle, Sidi Ould Cheikh Abdallahi a immédiatement organisé une conférence de presse dans un grand hôtel de Nouakchott pour remercier ses électeurs. Jeunes, femmes, travailleurs, il n’a oublié personne. Ses hommages ont été à la junte militaire qui a tenu parole pour un «bon déroulement de l’élection présidentielle sans précédent en Mauritanie», a-t-il fait remarquer. «J’exprime ici à tous les autres candidats, qui ont participé au premier tour, mon profond désir de collaborer pour matérialiser ce souhait populaire et pour arriver au plus grand consensus», a déclaré Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Il a beaucoup insisté sur ses intentions de renforcer l’unité nationale et «d’instaurer un Etat de droit».

Mais personne n’était dupe des objectifs visés pour cette première sortie du candidat arrivé en tête du scrutin. Selon certains observateurs politiques, il ne serait pas loin d’avoir «tiré le maximum de son réservoir d’électeurs» lors de ce premier tour. Sans avoir obtenu, pour l’heure, un accord de report de voix, il a tout de même laissé entendre que le candidat, Zeine Ould Zeidane, arrivé en troisième position avec 15,27% des voix, pourrait rallier son camp. Son clin d’œil vers les minorités n’est pas, non plus, passé inaperçu. Mais dans ce vivier électoral, son adversaire semble mieux aguerri.

Les petits candidats vendront cher leurs voix

Ahmed Ould Daddah,  officiellement crédité de 20,68% des voix lors du premier tour de la présidentielle, pourrait compter sur le réservoir constitué par les «petits candidats». Pour la plupart membres de la Coalition des forces du changement démocratique (CFCD), comme Ahmed Ould Daddah, ils avaient décidé d’aller à cette première consultation en rang dispersé pour avoir un réel indicateur de leur influence sur le corps électoral. Certains ont fait des scores étonnants. Messaoud Ould  Boukheir, par exemple, qui représente l’électorat «Haratine» des anciens esclaves, est arrivé en quatrième position avec 9,8% des voix. Derrière lui, arrive le candidat des populations négro-africaines, Ibrahima Moctar Sarr avec 7,94% des voix. Plus d’une dizaine de candidats des minorités pourraient demander à leurs électeurs de reporter leur suffrage sur

Ahmed Ould Daddah. 

		(Photo : AFP)
Ahmed Ould Daddah.
(Photo : AFP)

celui qui, de tout temps, a incarné l’opposition, Ahmed Ould Daddah. Lui aussi, dès l’annonce officielle des résultats, a lancé un appel à la mobilisation autour de son nom pour «qu’un vrai changement» intervienne en Mauritanie. Il insiste sur le soutien des dignitaires de l’ancien régime à son adversaire, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, pour bien montrer que le vrai changement est avec lui. Ahmed Ould Daddah appelle ses concitoyens à «saisir cette opportunité historique de préparer et de réussir l’avènement d’un changement démocratique dans le pays».

Les deux adversaires du second tour de la présidentielle du 25 mars prochain, Sidi Ould Cheikh Abdallahi et Ahmed Ould Daddah sont respectivement âgés de 69 et 65 ans. De formation similaire, économistes, ils ont tous deux été ministres sous le mandat du premier président du pays, Moktar Ould Daddah. Toutefois, l’un, Ahmed Ould Daddah a connu plusieurs fois la prison alors que l’autre Cheikh Abdallahi a, plusieurs fois, été ministre sous les anciens régimes. Ahmed Ould Daddah est, par ailleurs, un marathonien de l’épreuve. Il se présente pour la troisième fois à l’élection présidentielle. Il avait toujours contesté la régularité des scrutins présidentiels de 1992 et de 2003. Mais, cette fois tout lui semble convenable.



par Didier  Samson

Article publié le 13/03/2007 Dernière mise à jour le 13/03/2007 à 18:18 TU

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Mauritanie : présidentielle 2007 

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