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Territoires palestiniens

L'union pour rompre l'isolement

Réuni samedi à Gaza, le Conseil législatif palestinien (CLP) a voté dans la matinée sa confiance au gouvernement d'union nationale associant le Fatah du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, au Hamas du Premier ministre, Ismaïl Haniyeh, et chargé de résoudre la crise politico-financière qui a vu des affrontements inter-palestiniens meurtriers et un boycottage international ruineux depuis la victoire du mouvement islamiste aux législatives de janvier 2006. Comme attendu, les deux leaders palestiniens ont prononcé des discours à usage externe, l’un comme l’autre réclamant la levée des sanctions internationales, Mahmoud Abbas appelant Israël à reprendre des «négociations sans conditions», Ismaïl Haniyeh assurant que son gouvernement «respecte les résolutions de la légitimité internationale et les accords signés par l'Organisation de libération de la Palestine».

Le président Mahmoud Abbas (droite), le Premier ministre Ismaïl Haniyeh (centre) et Ahmed Bahar (gauche), président par intérim du Parlement et membre du Hamas. Le Conseil législatif palestinien, le Parlement, a voté ce 17 mars sa confiance au premier gouvernement d’union nationale. 

		(Photo : Reuters)
Le président Mahmoud Abbas (droite), le Premier ministre Ismaïl Haniyeh (centre) et Ahmed Bahar (gauche), président par intérim du Parlement et membre du Hamas. Le Conseil législatif palestinien, le Parlement, a voté ce 17 mars sa confiance au premier gouvernement d’union nationale.
(Photo : Reuters)

 


Pour sa part, Israël l’avait dit lors de sa formation et répété ce 17 mars, jour d'investiture, l’Etat hébreu «ne reconnaîtra pas et ne travaillera pas avec ce nouveau gouvernement, ni avec aucun de ses membres». Et ce n’est pas le discours d’Ismaïl Haniyeh qui fera changer d’avis le gouvernement israélien. Celui-ci a du reste noté avec insistance que le Premier ministre issu du Hamas fait valoir la «résistance sous toutes ses formes» à l’occupation israélienne comme «un droit légitime» du peuple palestinien.

Dominique Roch

Correspondante de RFI à Jérusalem

«Le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, a dit que la clé de la sécurité était liée à la fin de l’occupation israélienne.»

Ismaïl Haniyeh assure par ailleurs que son cabinet reconnaît les engagements internationaux de l’OLP tandis que Mahmoud Abbas «tend la main au peuple et au gouvernement israéliens pour parvenir à une paix qui donnerait un espoir de coexistence aux générations futures et mettrait fin aux souffrances et aux cycles de violences». Rien de convainquant dans ces discours d'investiture pour le gouvernement d’Ehud Olmert qui incite «la communauté internationale à maintenir de façon claire ses exigences», à savoir en particulier la reconnaissance d’Israël et le renoncement aux actions de terrorisme, avant de songer à lever ou alléger les sanctions qui anéantissent l’économie palestinienne.

«Nous rejetons la violence sous toutes ses formes et nous recherchons un règlement s'appuyant sur la légitimité internationale, à travers des négociations que nous sommes prêts à reprendre pour parvenir à une paix juste», plaide le président de l'Autorité palestinienne et chef du Fatah, Mahmoud Abbas, qui veut espérer «que l'accueil favorable, arabe et international – sinon israélien – qui a été réservé à ce gouvernement se traduira par des mesures concrètes mettant fin à l'embargo». Volonté d’autosuggestion aussi peut-être pour le Premier ministre Haniyeh qui déclare «s’attendre à ce que – les pays concernés – prennent des mesures concrètes pour lever l'embargo imposé à notre peuple et pour faire pression sur les autorités de l'occupation afin qu'elles fassent de même», appelant nommément Washington à «revoir ses positions à l'égard de la cause palestinienne».

Circonspection occidentale

Si Israël avait par avance refusé de traiter avec ce gouvernement aux couleurs du Hamas, les Etats-Unis et l’Union européenne répugnent eux aussi à tout contact officiel avec le gouvernement Haniyeh, à défaut d’une reconnaissance explicite d’Israël et d’un abandon effectif des actions terroristes de sa part. Washington fait savoir que les relations se poursuivront en revanche avec le président Mahmoud Abbas. D’autres pourraient également se nouer avec certaines personnalités indépendantes du cabinet d’union, comme par exemple le ministre des Finances Salam Fayad, un économiste formé aux Etats-Unis. Mais au total, les Occidentaux s’en tiennent à la circonspection annoncée avant cette investiture, en attendant des gages concrets du gouvernement Haniyeh. L’heure n’est visiblement pas encore à la levée des sanctions qui asphyxient les Territoires palestiniens et paralysent l’Autorité palestinienne, même si ce cabinet d’union promet de résorber la fracture entre Fatah et Hamas.



par Rédaction  Internet

Article publié le 17/03/2007 Dernière mise à jour le 17/03/2007 à 14:07 TU

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Jean-François Legrain

Chercheur au CNRS, spécialiste du Proche-Orient

«Si le quartette demeure prisonnier de ses propres exigences, il maintient l'état d'impasse qui était celui dans lequel nous étions depuis un an.»

[16/03/2007]

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