Côte d'Ivoire
L’après crise se prépare
(Photo: Reuters)
Depuis le 4 mars dernier, la capitale burkinabè continue d’accueillir les protagonistes ivoiriens qui poursuivent leurs tête-à-tête afin de déterminer les détails techniques de la mise en application de l’accord. C’est dans le cadre de cet accord que le président Laurent Gbagbo a provoqué une réunion, le 16 mars, à Abidjan entre le général Philippe Mangou, le chef d’état-major des Forces de défense et de sécurité (loyalistes) et le général Soumaïla Bakayoko, le chef d’état-major des Forces de défense et sécurité des Forces nouvelles (FDS-FN, rébellion), pour leur remettre le décret de création du Centre de commandement intégré, (CCI). Selon l’accord de Ouagadougou, le désarmement des rebelles et milices pro-gouvernementales devrait permettre la construction d’une armée nouvelle et républicaine qui sera dans un premier temps commandée par le CCI.
Ainsi donc, le président Laurent Gbagbo continue inexorablement la mise en place du processus de retour à la stabilité en Côte d’Ivoire, selon ses propres choix. De fait, il contourne le dispositif mis en place par le Conseil de sécurité des Nations unies et le Premier ministre Charles Konan Banny. Les partisans de ce dernier craignent la prochaine étape de la mise en place de l’accord de Ouagadougou qui consiste en la nomination d’un nouveau gouvernement. Charles Konan Banny, qui tient sa légitimité de la communauté internationale et des résolutions du Conseil de sécurité, semble complètement dépassé par les événements. Dans le camp du Premier ministre on dénonce «le couronnement d’un pillage économique qui se faisait de part et d’autre», et on défend un style de travail en opposition «à la mauvaise foi» manifeste au sein du personnel politique ivoirien.
La recherche de soutien
En attendant de nommer un nouveau gouvernement, le président Laurent Gbagbo prépare déjà l’après crise. Ainsi, une mission du Fonds monétaire international (FMI) se rendra-t-elle en Côte d’Ivoire, du 29 mars au 5 avril, pour «évaluer, à travers une série de rencontres techniques avec des membres du gouvernement et les institutions financières du pays, un programme post-crise», a déclaré à l’AFP le ministre du Plan, Paul Bohoun Bouabré. Les discussions se poursuivront, en avril et mai prochains, à Washington en marge de l’assemblée générale du FMI. La Côte d’Ivoire a besoin du soutien des institutions financières internationales pour réformer les secteurs du café, du cacao et de l’énergie sinistrés par les années de conflit et de scission de fait du pays, depuis septembre 2002.
Côté rébellion, dans la moitié nord du pays, les autorités multiplient les initiatives pour atténuer la lassitude des populations qui ne se font toujours pas à l’économie de guerre. A la fin du mois de février, une banque para-publique, la BNI et un guichet du Trésor public ont ouvert leurs portes à Bouaké, bien entendu avec l’assentiment de l’administration centrale d’Abidjan. Le déséquilibre social et économique dans le nord de la Côte d’Ivoire pousse les Forces nouvelles à créer des services spéciaux, afin d'éviter des mouvements sociaux préjudiciables pour leur image au sein de la population. Le vendredi 16 mars, Maïmouna Koné Faber a officiellement inauguré à Bouaké «l’année du social», à travers plusieurs services qui assureront une veille sociale dans toute la région sous contrôle des Forces nouvelles.
par Didier Samson
Article publié le 19/03/2007 Dernière mise à jour le 19/03/2007 à 16:33 TU