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Présidentielle 2007

Trop de gauche nuit à la gauche ?

Par ordre alphabétique, les représentants de l'extrême-gauche française : Olivier Besancenot, José Bové, Marie-Georges Buffet, Arlette Laguiller et Gérard Schivardi.
Par ordre alphabétique, les représentants de l'extrême-gauche française : Olivier Besancenot, José Bové, Marie-Georges Buffet, Arlette Laguiller et Gérard Schivardi.
L’annonce par le Conseil constitutionnel de la liste officielle des candidats à l’élection présidentielle a confirmé la présence de José Bové dans la course à l’Elysée. Le candidat altermondialiste sera donc après Olivier Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire), Marie-George Buffet (Parti communiste), Gérard Schivardi (Parti des travailleurs) et Arlette Laguiller (Lutte ouvrière), le cinquième représentant de l’extrême-gauche en lice, sur un total de douze candidats. Cette famille politique a donc, en 2007, un poids proportionnellement plus important qu’en 2002 où elle était représentée par quatre candidats sur seize. Quelle influence aura cette situation sur la répartition des voix au premier tour du scrutin, le 22 avril ?

«A l’arrache» : cette formule d’Olivier Besancenot résume l’état d’esprit de la totalité des candidats de l’extrême-gauche qui ont eu, cette année, beaucoup de difficultés à réunir les parrainages nécessaires pour pouvoir se présenter à la présidentielle. Celui pour lequel le suspense a duré le plus longtemps est incontestablement José Bové. Il est vrai qu’il a été le dernier à se déclarer et a dû faire le travail de collecte des signatures en à peine un mois et demi, alors que ses adversaires avaient eu plusieurs mois pour accomplir la même tâche. C’est d’ailleurs pour cette raison que son entourage estime qu’il y a une réelle dynamique derrière sa candidature.

Pour le moment, les sondages le créditent pourtant au maximum de 2% des intentions de vote. José Bové se situe donc très bas, comme l’ensemble des «petits» candidats notamment ceux de l’extrême-gauche dont aucun ne dépasse 3%. La communiste Marie-George Buffet est à environ 2,5%. Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) et Olivier Besancenot (Ligue communiste révolutionnaire) culminent à 2%. Gérard Schivardi ne dépasserait pas 0,5%. Les candidats qui étaient déjà présents au premier tour de l’élection présidentielle en 2002 sont donc loin des scores enregistrés à l’époque. Arlette Laguiller avait, par exemple, recueilli 5,72% des suffrages et Olivier Besancenot 4,25%.

Une nouvelle phase de la campagne

Cette situation est, il est vrai, susceptible d’évoluer dans les prochaines semaines. On entre, en effet, à partir de la publication de la liste officielle des candidats, dans une nouvelle phase de la campagne électorale, où la règle de l’égalité des temps de parole est imposée aux médias. Cela va évidemment permettre à ceux qui ne font pas partie du carré des favoris -Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Jean-Marie Le Pen- de mieux faire entendre leur voix et d’expliquer leur programme aux Français. Olivier Besancenot avait réussi, en 2002, à mettre à profit cette période et avait progressé en trois semaines de 4 points dans les intentions de vote.

Mais cette année, la situation est peut-être plus difficile pour les candidats de l’extrême-gauche. Car ils vont avoir à gérer les conséquences de la qualification de Jean-Marie Le Pen (Front national) au second tour de la présidentielle de 2002. A l’époque, on avait expliqué l’élimination du candidat socialiste, Lionel Jospin, par la présence d’un trop grand nombre de candidats de gauche. Ce qui avait provoqué un éparpillement des voix. Les représentants de l’extrême-gauche pourraient donc souffrir, en 2007, de l’appel au vote utile régulièrement lancé par le Parti socialiste comme la seule garantie contre le danger de l’extrême-droite. François Hollande, le Premier secrétaire du PS, n’a d’ailleurs pas accueilli l’annonce de la validation de la candidature de José Bové comme une bonne nouvelle. Il a déclaré : «J’aurais préféré qu’il y ait moins de candidats parce que je pense que le risque, c’est toujours la dispersion». Et d’ajouter : «Est-ce qu’il faut trois candidats trotskystes à chaque élection présidentielle ?».

Des Français indécis

Ce n’est pas le seul handicap dont pourraient avoir à souffrir les candidats de l’extrême-gauche. L’échec de la tentative pour rallier les différents courants du mouvement anti-libéral, qui avait émergé au moment du référendum sur la Constitution européenne, derrière un représentant commun, risque d’avoir un impact électoral. Après des mois d’empoignades et d’affrontements, ce ne sont pas une mais trois candidatures qui en sont sorties : celles d’Olivier Besancenot, de Marie-George Buffet et de José Bové. Cette situation confuse pourrait nuire à leur crédibilité.

L’extrême-gauche pourrait aussi pâtir d’une concurrence inattendue sur le terrain du vote protestataire : celle de François Bayrou. Le centriste, qui a axé sa campagne sur la proposition d’une alternative à la logique traditionnelle du clivage droite-gauche, apparaît comme celui qui peut potentiellement rallier les déçus du système. Pour autant, les dés ne sont pas jetés. Car il semble que plus que jamais auparavant, les Français sont indécis. Une récente enquête a indiqué que 46% des électeurs n’ont pas encore choisi leur candidat.

Les douze candidats à la présidentielle :

François Bayrou : Union pour la démocratie française (UDF)

Olivier Besancenot : Ligue communiste révolutionnaire (LCR)

Marie-George Buffet : Parti communiste (PC)

José Bové : Mouvement anti-libéral

Gérard Schivardi : Parti des travailleurs (PT)

Arlette Laguiller : Lutte ouvrière (LO)

Jean-Marie Le Pen : Front national (FN)

Frédéric Nihous : Chasse, pêche, nature et tradition (CPNT)

Ségolène Royal : Parti socialiste (PS)

Nicolas Sarkozy : Union pour un mouvement populaire (UMP)

Philippe de Villiers : Mouvement pour la France (MPF)

Dominique Voynet : les Verts



par Valérie  Gas

Article publié le 20/03/2007 Dernière mise à jour le 20/03/2007 à 15:36 TU