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Guerre des Malouines

Vingt-cinq ans après, l’Argentine persiste

Le président Néstor Kirchner doit prendre la parole devant les anciens combattants et les proches des disparus. 

		(Photo : AFP)
Le président Néstor Kirchner doit prendre la parole devant les anciens combattants et les proches des disparus.
(Photo : AFP)
Les cérémonies de commémoration du déclenchement du conflit avec le Royaume-Uni, le 2 avril 1982, seront l’occasion pour le président argentin, Néstor Kirchner, de dénoncer le refus britannique d’ouvrir des négociations sur la souveraineté de l’archipel, conformément à une résolution des Nations unies. Londres fait la sourde oreille.

De notre correspondant à Buenos Aires

Avec des cérémonies du souvenir à Buenos Aires et sur tout le territoire national, l’Argentine entend commémorer avec une solennité particulière, ce lundi 2 avril, le vingt-cinquième anniversaire de la guerre des Malouines. Comme à l’accoutumée, la principale manifestation aura lieu à Ushuaia, la capitale de la Terre de Feu, province qui inclut, d’après la loi et les manuels locaux, les Malouines et les autres îles de l’Atlantique Sud  dont la souveraineté est toujours revendiquée par les Argentins. Non sans argument, puisque ces territoires faisaient partie du vice-royaume du Río de la Plata, auquel succéda l’Argentine lors de l’indépendance en 1816. Mais l’autorité de Buenos Aires n’a pu s’y exercer de manière effective que durant dix-sept ans, en raison de l’occupation militaire des Malouines par le Royaume-Uni en 1833, puis durant les 74 jours du conflit de 1982 (2 avril – 14 juin).

A Ushuaia, devant l’imposant monument qui rend hommage aux 655 militaires argentins morts durant la guerre, le président Néstor Kirchner doit prendre la parole en présence d’anciens combattants et de proches des disparus. Le discours du chef de l’Etat devrait confirmer et accentuer le durcissement de la diplomatie argentine à l’égard du Royaume-Uni au sujet des Malvinas (forme hispanique du nom d’origine de l’archipel, dû à sa découverte par des marins provenant de Saint-Malo ; pour les Britanniques, il s’agit des Falkland).

«Dispute de souveraineté»

Le gouvernement du président Kirchner reproche à Londres de vouloir maintenir indéfiniment le statu quo sur l’archipel, en ignorant notamment une résolution des Nations unies qui reconnaît l’existence d’une «dispute de souveraineté» et demande aux deux pays «d’engager des négociations» afin de régler le différend. Paradoxalement, alors que la Grande-Bretagne semblait se résigner à négocier avant le conflit, elle refuse toute discussion sur la souveraineté depuis lors, position réaffirmée par le Premier ministre, Tony Blair, à l’approche de ce vingt-cinquième anniversaire.

(Carte : GeoAtlas/RFI)
(Carte : GeoAtlas/RFI)

En début d’année, devant l’Assemblée générale de l’ONU, l’Argentine a dénoncé avec force l’attitude du Royaume-Uni, avant de solliciter de nouvelles manifestions de soutien dans d’autres instances internationales. Elle a également rejeté la proposition britannique d’une participation à une cérémonie commémorative à Londres. Enfin, il y a moins d’une semaine, elle a rompu unilatéralement un accord conclu entre les deux pays en 1995 au sujet de la coopération pétrolière au large des Malouines. S’il est vrai que ledit accord avait été suspendu dans les faits en 2000, suite à des différences d’interprétation entre les parties, l’intention est claire : signifier que la politique de rapprochement adoptée par l’ancien président Carlos Menem après le rétablissement des relations diplomatiques en 1990 est bien terminée. Il n’y aura pas de nouveaux pas vers les Britanniques sans avancées sur la seule question qui intéresse les Argentins : la souveraineté.

Des pensions misérables

Cette réorientation, en phase avec le nationalisme affiché par le président Néstor Kirchner, s’accompagne d’importantes mesures à l’égard des anciens combattants. S’il considère, comme beaucoup d’Argentins, que la guerre déclenchée par le gouvernement militaire de l’époque a été une aventure «désastreuse», l’actuel chef de L’Etat pense également que ceux – des conscrits en grande majorité – qui ont alors été envoyés au combat n’ont pas reçu le traitement qu’ils méritaient de la part de ses prédécesseurs. Non sans raison. Démobilisés à la hâte à la fin des hostilités, non recensés, ils ont vécu dans l’ombre durant des années, sans assistance psychologique et percevant des pensions misérables. En 2003, à peine élu, Kirchner a fait établir un registre fiable des anciens combattants et victimes de guerre, pris langue avec les associations les représentant et multiplié par trois le montant des pensions versées, perçues aujourd’hui par quelque 20 000 personnes.

Du côté de la population, ce vingt-cinquième anniversaire du début de la guerre sera suivi avec respect, mais sans grande ferveur. Sauf rarissime exception, nul ne remet en cause le bien-fondé de la revendication argentine, entretenue depuis des générations dans les écoles, via les manuels scolaires et différentes commémorations. Mais le conflit est loin et les blessures qu’il a laissées ne concernent que les anciens combattants et leurs proches. Aussi, beaucoup d’Argentins ont décidé de profiter de la proximité du congé national de ce lundi et des jours fériés de Pâques (jeudi et vendredi saints) pour prendre une longue semaine de vacances.

par Jean-Louis  Buchet

Article publié le 01/04/2007 Dernière mise à jour le 01/04/2007 à 08:34 TU