Marchés financiers
L’euro poursuit son ascension
(Photo : Commission européenne/Médiathèque)
A plus de 1,34 dollars, l’euro a atteint, mardi 10 avril, son plus haut niveau depuis mars 2005 face à la devise américaine. Et contre le yen, il s’est établi à un niveau record en franchissant la barre des 160 yens pour un euro, s'échangeant mardi à 160,14 yens pour un euro. Le franc suisse est l’autre victime. L’euro a atteint 1,6391 franc suisse au cours de la séance de mardi, un niveau historique. Du jamais vu depuis la création de la monnaie unique.
La devise a profité des perspectives de remontée des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE). Les gardiens de l’euro ont relevé sept fois les taux d’intérêt depuis décembre 2005, à chaque fois d’un quart de point. Et au rythme actuel, à savoir une hausse tous les trois mois, le prochain geste devrait avoir lieu avant la fin juin, avec une hausse du taux directeur qui devrait passer de 3,75% à 4%.
Record de l’euro contre le yen
Depuis le dernier relèvement des taux d’intérêt européens en mars, la monnaie unique s’est appréciée de 3,7% face au yen et de 1,9% par rapport au dollar. Cette réalité de l’euro fort ne fait pas l’affaire des grandes entreprises : plus la monnaie unique s’apprécie et plus cela pénalise les exportations européennes. Par exemple, à chaque progression de l’euro face au dollar, ce sont des centaines de milliers d’euros de compétitivité qui échappent au constructeur aéronautique Airbus face à son concurrent américain Boeing. L’euro fort est également un thème de campagne des candidats à l’élection présidentielle en France, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont régulièrement critiqué le niveau trop élevé de l’euro et par extension la politique de la BCE.
Cette ascension de la monnaie unique s’explique aussi par la faiblesse du dollar, handicapé par le ralentissement de l’économie américaine. Outre-Atlantique, les perspectives sont d’ores et déjà pessimistes. Les experts s’attendent en effet à ce que les résultats trimestriels des entreprises américaines soient ralentis. Résultat, les marchés financiers accordent leur préférence à l’euro plutôt qu’au dollar.
Dans ce contexte, les questions de taux de change devraient une nouvelle fois être posées au prochain G7-Finances qui se tiendra vendredi et samedi à Washington. «Les discussions sur les taux de change auront probablement trait au yen, au dollar, à l’euro et au yuan», a ainsi affirmé, la semaine dernière, Koji Omi le ministre japonais des Finances. Le yen est affaibli par la décision de la Banque du Japon (BoJ) de laisser inchangés pour le deuxième mois d’affilée les taux d’intérêt à 0,5%. Ceci encourage les investisseurs à pratiquer les opérations à effet de levier («carry trade»), une stratégie tirant parti de la différence de taux d’intérêt entre les deux économies, japonaise et européenne. Ces opérations de «carry trade» minent la devise nippone depuis des mois. Le yuan chinois devrait aussi être largement commenté aux travaux du G7. Les Etats-Unis jugent que la monnaie chinoise est délibérément sous-évaluée par rapport au dollar, qu’elle contribue de ce fait à creuser le déficit commercial américain, Washington accusant la Chine d’accorder, grâce à la faiblesse de sa monnaie, des «subventions illégales» à ses exportateurs.
par Myriam Berber
Article publié le 11/04/2007 Dernière mise à jour le 11/04/2007 à 14:14 TU