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Israël

Azmi Bishara annonce sa démission de la Knesset

Le député arabe israélien se dit «persécuté» et entretient le suspens sur son retour en Israël. Il a toujours critiqué la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens. Personne ne confirme, actuellement, où il se trouve.

De notre correspondant à Ramallah

Le député arabe israélien Azmi Bishara  

		(Photo : AFP)
Le député arabe israélien Azmi Bishara
(Photo : AFP)

Où est donc passé Azmi Bishara ? Les rumeurs vont bon train en Israël sur l’absence prolongée du député arabe israélien, que certains soupçonnent d’avoir organisé sa fuite à l’étranger pour échapper à une enquête sur son soutien affiché au Hezbollah pendant la guerre du Liban de l’été 2006. Azmi Bishara, fondateur du parti Balad (Alliance nationale démocratique) et bouillant défenseur de la minorité arabe d’Israël est parti il y a deux semaines en Jordanie. Il n’a pas reparu depuis et entretient la confusion sur son retour, refusant de dire s’il se trouve en Europe ou au Qatar, comme l’ont suggéré des membres de son entourage. Le député de la Knesset s’est contenté de confirmer ce vendredi, au journal de Nazareth, Hadith Al Nas, son intention de démissionner de son poste à la Knesset dans les prochains jours, se disant «persécuté». Benjamin Netanyahu, le dirigeant de l’opposition (Likoud), a déclaré que ce serait «une bonne chose, s’il décidait de partir».                         

Azmi Bishara, le plus connu et le plus charismatique des dirigeants arabes israéliens est depuis longtemps la cible de la droite israélienne. En septembre dernier, il s’est rendu, avec deux autres parlementaires du parti Balad, en Syrie et au Liban, deux pays considérés par Israël comme «ennemis», déclarant notamment que la résistance du Hezbollah avait «rehaussé l’esprit du peuple arabe». Une enquête criminelle avait alors été déclenchée à l’encontre de Bishara, sur la base d’une loi israélienne qui interdit aux parlementaires de visiter un pays ennemi. Azmi Bishara a toujours clamé son droit à entretenir des relations avec les pays arabes voisins d’Israël. Déjà en 2001, il avait vu son immunité parlementaire levée pour avoir organisé un voyage en Syrie. Cette fois, les accusations à l’encontre d’Azmi Bishara n’ont pas encore été rendues publiques, mais il pourrait être accusé d'avoir entretenu des contacts avec des dirigeants du Hezbollah pendant la durée de la guerre avec l’organisation chiite.

La loyauté des arabes israéliens en question

Si l’affaire prend de l’importance en Israël, c’est qu’elle soulève la question toujours brûlante de la loyauté des arabes israéliens à l’égard de l’Etat hébreu. «Les députés arabes de la Knesset sont systématiquement harcelés, assure Jafar Farah, directeur du Centre Mossawa, une association qui défend l’égalité des droits des arabes israéliens. Dans les dix dernières années, il y a eu trente enquêtes de police à l’encontre de parlementaires arabes. Cinq cas ont abouti à un procès et tous ont été innocentés. Il s’agit de délégitimer la communauté arabe et ses dirigeants pour l’exclure du débat politique en Israël», explique-t-il.

Les arabes israéliens représentent près de 20% de la population israélienne et font l’objet de nombreuses discriminations en matière d’accès à l’emploi et au logement. «Ils nous traitent comme une cinquième colonne, poursuit Jafar Farah qui prédit que cette affaire aura des conséquences désastreuses sur les relations entre arabes et juifs en Israël. «C’est un nouveau pas vers l’idée du «transfert» des arabes israéliens vers les territoires palestiniens». Une idée défendue par le vice-Premier ministre Avigdor Lieberman, leader du parti d’extrême droite Israël Beitenou («Israël Notre Maison») et qui selon toutes les enquêtes d’opinion, gagne régulièrement du terrain en Israël.



par Karim  Lebhour

Article publié le 14/04/2007 Dernière mise à jour le 14/04/2007 à 12:57 TU