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Etats-Unis

Un démocrate veut la destitution de Dick Cheney

(Photo : AFP)
(Photo : AFP)

Dennis Kucinich accuse le vice-président d’avoir trompé les Américains pour justifier la guerre en Irak, et de faire courir des risques à la sécurité des Etats-Unis en menaçant l’Iran. Mais l’initiative du parlementaire démocrate n’est pour l’instant pas soutenue par sa famille politique.


Quand Dennis Kucinich arrive mardi soir devant les microphones, qui l’attendent devant le Capitole à Washington, il a pour seule arme la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis. Ce document, datant de 1776, «est très instructif de nos jours», car il «comporte le droit des citoyens de destituer leur gouvernement». Et c’est justement pour cela que le parlementaire démocrate de l’Etat d’Ohio a convié les journalistes : pour annoncer qu’il vient tout juste de déposer un dossier pour déclencher une procédure de destitution contre le vice-président américain Dick Cheney. Une procédure de destitution basée sur deux sujets brulants : l’Irak et l’Iran.

Dans le projet de résolution, long de dix pages, le pacifiste Kucinich accuse le numéro deux des Etats-Unis d’avoir «consciemment manipulé» les Américains pour justifier la guerre en Irak, notamment par l’existence d’armes de destruction massive et l’existence d’un lien entre le régime de Saddam Hussein et le réseau terroriste Al-Qaïda. Selon l'auteur du dossier de destitution, «il faut quelque chose pour rétablir la bonté de notre pays, pour rétablir un gouvernement que les Américains veulent juste et honnête». Mais Dennis Kucinich explique son initiative pas seulement par le souhait de redresser la santé morale des Etats-Unis. Il y a urgence, insiste-t-il devant les journalistes, car en plus de l’énormité du dossier irakien, «ce vice-président est en train d’encourager activement une agression contre l’Iran» et ceci au «mépris des intérêts de la sécurité nationale».

Si on croit les nombreux sondages, Dennis Kucinich touche, avec sa démarche, le pouls du peuple américain, qui comprend de plus en plus d’adversaires à la guerre en Irak et à l’ouverture d’un nouveau conflit en Iran. Ainsi le démocrate se dit «accompagné de millions d’Américains».  

Dans sa propre famille politique, en revanche, les choses se présentent d’une manière différente : Symboliquement «entouré» par les citoyens, le parlementaire est plutôt abandonné par les siens. En effet, l’état major démocrate du Congrès hésite fortement à endosser cette manœuvre politique, le lancement d’une telle procédure de destitution contre Dick Cheney étant considérée comme risquée.

La présidente de de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, avait à plusieurs reprises exclu de lancer une procédure d’ «impeachement». Le chef de la majorité démocrate, Steny Hoyer, a également considéré qu’il fallait mieux «qu’on se concentre sur le dossier du jour, et c’est ce que nous allons faire». Et le président de la commission démocrate au Parlement, Rahm Emanuel a considéré que «Dennis a le droit de faire ce que lui plaît. Je ne vais pas pour autant supporter cette démarche».

Kucinich - un candidat à l’investiture démocrate en quête d’attention

Les démocrates, majoritaires depuis les dernières élections législatives de mi-mandat, n’arrêtent pas de lancer des attaques contre le camp du président George Bush et ne ratent aucune occasion de lui porter des coups. La dernière occasion en date était saisie par Harry Reid. Le chef de la majorité démocrate au Sénat a traité le vice-président de «chien d’attaque» tout en déclarant de ne pas vouloir s’engager dans «un match d’insultes avec quelqu’un dont la popularité plafonne à 9%». Mais même si le ton se durci encore entre démocrates et le gouvernement de George Bush, l’initiative de Dennis Kucinich ressemble à un acte isolé – au moins pour l’instant.

Agé de 60 ans, M. Kucinich incarne l’aile la plus à gauche des démocrates américains. Et sa motivation de prendre le risque d’échouer avec une procédure de destitution contre Dick Cheney s’explique probablement par sa candidature à l’investiture démocrate pour la présidentielle en 2008 qui, jusqu’à présent, n’a guère reçu d'échos  médiatiques.

La procédure de destitution (impeachement) doit être, dans un premier temps, examinée par la Commission des affaires judiciaires avant d’être adoptée en séance plénière. Elle doit, enfin, être validée par un procès au Sénat, où l’accusé est destitué de ses fonctions si deux tiers des sénateurs votent en ce sens.

Le dernier président visé par une procédure de destitution a été Bill Clinton. En 1998 les républicains, à l’époque dominants à la Chambre des représentants, l’avaient accusé d’avoir menti sous serment concernant sa liaison avec la stagiaire de la Maison Blanche, Monica Lewinski. La procédure n'a pas abouti.



par Stefanie  Schüler

Article publié le 25/04/2007 Dernière mise à jour le 25/04/2007 à 15:55 TU

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Vincent Michelot

Professeur à l'Institut des sciences politiques de Lyon

«Le vice-président Dick Cheney est dans un rôle de paratonnerre.»

[25/04/2007]

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