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Présidentielle 2007

Une Union des pays méditerranéens

Une Union méditerranéenne emmenée par la France. C’est l’un des principaux objectifs de politique étrangère que le nouveau chef de l'Etat s'est fixé, lors de son allocution, salle Gaveau, après son élection dimanche soir. Les pays du sud de l’Europe attendent des précisions de Nicolas Sarkozy.
(Carte : RFI)
(Carte : RFI)

«Je veux lancer un appel à tous les peuples de la Méditerranée pour leur dire que c'est en Méditerranée que tout va se jouer, qu'il nous faut surmonter toutes les haines pour laisser la place à un grand rêve de paix et à un grand rêve de civilisation. Je veux leur dire que le temps est venu de bâtir ensemble une Union méditerranéenne qui sera un trait d'union entre l'Europe et l'Afrique. Ce qui a été fait pour l'union de l'Europe, il y a 60 ans, nous allons le faire aujourd'hui pour l'union de la Méditerranée».

Tels étaient les mots, prononcés dimanche soir par le président français, fraîchement élu, Nicolas Sarkozy. L’idée d’une union des pays méditerranéens n’est pas nouvelle. Elle avait été lancée, il y a 12 ans déjà, par l’Union européenne, à Barcelone. «Euro-Méditerranée», ou plus bref, «Euro-Med», était le nom, donné par les partenaires européens à ce projet hautement politique, qui n’a pas donné de résultats concrets. Dommage, trouve Nicolas Sarkozy, qui ne reprend pas seulement l’idée, mais se pose en même temps en garant pour que le projet atteigne, cette fois, ses objectifs (qui restent à être définis).

Mais qu’est-ce que cette Union méditerranéenne selon Nicolas Sarkozy ?  Puisque la politique étrangère a fait de la figuration pendant la campagne électorale, le nouveau président n’a pas eu souvent l’occasion de s’expliquer sur le sujet. Sauf à Toulon, en février dernier, lors de l’un de ses meetings électoraux. Dans cette ville du sud, les supporters du candidat UMP avaient alors appris que leur champion n’entendait pas se lancer seul dans l’aventure : «C’est à la France, européenne et méditerranéenne à la fois, de prendre l’initiative avec le Portugal, l‘Espagne, l’Italie, la Grèce et Chypre».

Plusieurs pays attendent des précisions

Mais pour l’instant, les pays, envisagés par le nouveau président français comme participant à un partenariat méditerranéen, ces pays ne savent pas exactement, à quoi s’en tenir. En attendant que Nicolas Sarkozy entre à l’Elysée et précise ses idées, certains d’entre eux ont néanmoins déjà fait savoir que, sur le principe, ils étaient d’accord avec le nouveau chef d’Etat français. En Italie par exemple, le chef du gouvernement Romano Prodi s’est félicité que Nicolas Sarkozy ait parlé dès son premier discours «de deux problèmes qui me sont très chers, c'est-à-dire l'Europe et la Méditerranée. Ce sont deux problèmes dont nous avons parlé plusieurs fois ensemble et le fait qu'il ait dans sa première déclaration dit ‘Europe et la Méditerranée’, est très positif». Réaction positive en Espagne aussi, qui, par sa situation à la frontière sud de l'Europe avec le Maghreb, ne gère que difficilement les flux d’immigrants clandestins. Là aussi, l’Union méditerranéenne rencontre un vif intérêt.

«Je souhaite l’élaboration d’une convention entre tous les pays méditerranéens pour faciliter les reconduites à la frontière et que celui qui a été reconduit dans son pays ne puisse pas obtenir un titre de séjour en France pendant les cinq ans qui suivent», avait lancé à ce propos Nicolas Sarkozy, alors qu’il était encore candidat à l’élection présidentielle. Mis à part la possibilité pour le nouveau président français de mieux maîtriser, par ce biais d’une nouvelle structure stratégique, l’immigration qu’il veut «choisie, c’est-à-dire décidée et organisée», une possible Union méditerranéenne résoudrait peut-être un autre problème : celui de la Turquie.

Farouchement opposé à une entrée de la Turquie dans l’Union européenne, Nicolas Sarkozy espère pouvoir gagner la confiance d’Ankara, en proposant «à ce grand pays méditerranéen» d’être le «pivot» de cette nouvelle Union méditerranéenne à naître. «C’est la grande ambition commune que je veux proposer à la Turquie», avait-il lancé en février à Toulon. Mais c’était compter sans l’avis du principal intéressé dans la question. Ankara ne donne pas l’impression de vouloir abandonner ses pourparlers avec l’Union européenne pour se lancer vers une nouvelle structure stratégique encore inexistante et à construire.



par Stefanie  Schüler

Article publié le 07/05/2007 Dernière mise à jour le 07/05/2007 à 17:45 TU