Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Catastrophe aérienne

Polémique sur la lenteur des secours

Les secouristes camerounais continuent de retirer des bas-fonds de Mbanga-Pongo des cadavres. 

		(Photo : Reuters)
Les secouristes camerounais continuent de retirer des bas-fonds de Mbanga-Pongo des cadavres.
(Photo : Reuters)

Les secouristes sont à pied d’œuvre à Mbanga-Pongo, au sud-est de Douala, sur les lieux du crash du Boeing de Kenya Airways. Ils continuent leur macabre récolte des restes humains et des débris de l’avion. Une première boîte noire de l’avion a été retrouvée dans les marécages de Mbango-Pongo. Le Boeing 737 avait  disparu des écrans radars de la tour de contrôle de l’aéroport de Douala, le samedi 5 mai, quelque 2 minutes après son décollage.


Après avoir retardé son départ d’une heure, pour cause de mauvais temps, l’équipage du Boeing de Kenya Airways, reliant Douala à Nairobi, avait finalement décidé de décoller le samedi 5 mai à 00h07 (23h07 GMT, vendredi 4 mai). Mais quelques minutes après le décollage, la tour de contrôle de l’aéroport de Douala avait perdu les traces de l’avion qui transportait 114 personnes. Les recherches ont immédiatement été lancées mais dans la mauvaise direction. Les autorités camerounaises ont concentré leurs efforts sur des zones forestières à plus de 150 km de Douala, alors que l’épave du Boeing se trouvait à quelque 20 km seulement de l’aéroport de Douala. La presse camerounaise a lancé une polémique sur la lenteur des  secours. «L’appareil était couvert par des arbres. Il était donc difficile de le voir depuis les airs», a répondu le directeur général de Kenya Airways, Titus Naikuni.

Près de 48 heures après l’annonce de la disparition de l’avion, les informations fournies par des pêcheurs et des paysans ont permis de retrouver l’épave de l’avion à quelques encablures de Mbanga-Pongo, au sud-est de Douala, dans une zone marécageuse et de mangrove. Les secouristes et gendarmes arrivés sur les lieux, n’ont pu que constater les dégâts. «Il n’y a aucun survivant, et il n’y a pas d’espoir d’en trouver dans les circonstances où les choses se sont passées», a déclaré à l’AFP, le procureur général de Douala, Luc Ndjodo. Les débris de l’avion et les effets personnels des passagers sont éparpillés sur plusieurs dizaines de mètres. L’avion lui-même est à moitié enfoncé dans la boue.

Les recherches sont difficiles dans la forêt de palétuviers. Elles se font dans la boue, avec des bâtons et des machettes pour se frayer un chemin. Par ailleurs, la violence du choc a creusé un cratère qui s’est rempli d’eau que les secouristes pompent pour continuer les recherches. Une première boîte noire de l’avion, celle qui enregistre les paramètres de vol a été retrouvée. Les enquêteurs espèrent très rapidement retrouver la seconde, celle qui enregistre les conversations dans le cockpit.

Le Kenya recherche une expertise neutre

Enquêteurs et experts de Kenya Airways sont sur les lieux avec leurs homologues camerounais et des représentants de l’Agence pour la sécurité et la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna). Le constructeur américain Boeing et le Bureau américain des enquêtes et accidents (NSTB) ont aussi décidé de dépêcher sur place leurs experts qui participeront aux investigations pour déterminer les causes de l’accident. Mais le gouvernement kenyan a déjà fixé le cadre de compétence des uns et des autres en accordant sa préférence au Canada pour effectuer les analyses des boîtes noires. «Le Canada, contrairement au Kenya et au Cameroun et aux Etats-Unis où le fabricant Boeing a son siège, n’est pas une partie intéressée. Nous estimons aussi que les pays européens ne seraient pas considérés comme neutres en raison de la compétition entre Boeing et Airbus», a déclaré Alfred Mutua, le porte-parole du gouvernement du Kenya.

Cet accident est survenu quelques jours avant la troisième conférence de l’Union africaine (UA) sur la sécurité aérienne en Afrique, du 7 au 11 mai à Addis-Abeba. Les experts et ministres des 53 Etats membres de l’UA devront adopter une déclaration commune sur la réalisation d’un «espace aérien unique sûr et sécurisé pour le développement et l’intégration de l’Afrique». Cette conférence fait suite à une autre tenue à Dakar, les 12 et 13 avril derniers entre professionnels des transports aériens, à l’initiative de l’Association internationale des transports aériens (IATA). Là aussi, il a longuement été question de sécurité aérienne. Globalement, l’Afrique représente moins de 4% du trafic mondial aérien mais enregistre quelque 25% des accidents. Toutefois, Kenya Airways est l’une des rares compagnies subsahariennes à obtenir le label «IOSA» le certificat d’évaluation de la sécurité des opérations aériennes.



par Didier  Samson

Article publié le 08/05/2007 Dernière mise à jour le 08/05/2007 à 16:29 TU